Nach Berlin

Wednesday, April 18, 2012

Confidence pour confidence, Berlin fut l’antichambre de La Conjuration, et de Passion. Cinq ans, une nuit blanche et un avion attrapé au (tout) petit matin plus tard, retour aux sources. Attablé devant un solide petit-déjeuner, j’écris des choses chiantes comme du Hemingway, puis, titubant de fatigue, je pousse jusqu’au Mauerpark pour m’acheter un vélo. Vingt euros refilés à des junkies pressés et c’est officiel : je ne prendrai pas le métro, mais cruiserai « à 20 à l’heure comme dans les rues de Crenshaw ». Partir seul c’est conserver la santé mentale ; l’espoir existe dans les rencontres. Voilà qu’une normalienne m’enseigne quelques pas de breakdance au bistro du coin, que ces messieurs de Civilist me notent des adresses de librairies pour accueillir le second numéro de Passion. Les gueules de bois sont plus douces lorsqu’on voit des arbres et la Fernsehturm du canapé que l’on squatte contre un peu de littérature. Peut-on rêver plus élégante monnaie d’échange ?

Par Foucauld

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Gee

Monday, April 9, 2012

Les nouvelles technologies de l’information sont une bénédiction car elles permettent d’écouter Gee, rappeur mongol nostalgique de Gengis Khan, qui vomit sa haine des chinois (Hujaa) au milieu de carcasses de viandes.

Par Arnaud

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The Wild Thing

Saturday, April 7, 2012

Charles Fréger a traversé l’Europe pour nous ramener un livre. Wilder Mann vient de paraître aux éditions Thames & Hudson. Deux grandes années auront été nécessaires pour réunir ce mélange d’ethnographie et de mode, où les hommes deviennent bêtes, jettent leur nom par terre et abandonnent toute forme d’identité. Un travail remarquable et comme le monsieur le dit sur son site : Go and get it.

Par Arnaud

 

 

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Amira Fritz – Wild Nothing

Friday, April 6, 2012

Wild Nothing est la dernière exposition d’Amira Fritz, invitée à Milan par Le Dictateur. D’une enfance passée à courir les forêts bavaroises, la photographe tire une obsession pour la végétation, qu’elle expose de manière systématique dans ses images, que ce soit des travaux personnels ou commandés. Pour réaliser ce grand rien sauvage, elle s’est enfermée des mois en Suisse, dans une grande chambre noire, unique méthode pour tirer manuellement ces grands aplats de matières. Chaque pièce est unique et porte en elle toute l’intransigeance de leur créatrice.

Par Arnaud

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L’Italie et les Pierrots de la nuit

Wednesday, April 4, 2012

L’Italie recherchait des zones d’ombre, des ruelles qui eurent pu être anglaises. Je revenais sur son chemin à la recherche de mon vélo, dans un Paris privé de ses ors. C’était la nuit et sans danse cela n’avait plus d’intérêt.
« Pschitt » fit le mégot de mon Toscano dans le caniveau de l’Opéra, glacé était le métal de ma Kryptonite contre mon flanc. J’allais rentrer, « J’allais tenter » écrivit le correcteur orthographique de mon iPhone français sur lequel je prenais des notes. On ne pouvait compter sur personne : Brigitte Bardot n’était plus qu’un sac de la maison Lancel, aux arabesques malhabiles brodées sur de l’alcantara. Heureusement le Prada Candy, cette eau de parfum d’abribus, ou plutôt de « salon d’extérieur multiservice », comme le souhaiterait l’homo festivus Marc Aurel, était comme un espoir : il existait d’autres icônes, Léa Seydoux en était la preuve. Je fis un détour par le Tigre pour voir si Adrien était à l’entrée, mais nous étions mardi. Malgré cela, une affiche lumineuse des Pierrots de la nuit m’assenait “Restons éveillés sans réveiller”. Qu’ils n’aient crainte, seuls les huit bars de pression de mes Hutchinson troubleront la nuit parisienne.

Par Foucauld

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Anthologie des apparitions

Monday, April 2, 2012

“Les bouches des hommes et des femmes sont comme les baignoires d’hôtel, on oublie qu’elles ont beaucoup servi quand on a besoin d’elles.”

Simon Liberati, Anthologie des apparitions.

Mille excuses pour le manque d’activité de ces derniers jours, mais le bouclage et le lancement du second numéro de Passion mobilisent bien du temps. Patience…

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Lucie & Simon, Silent World

Wednesday, March 21, 2012

C’est un grand jour, puisque Lucie & Simon présentent Silent World, le fruit de ces trois dernières années de travail. Est-ce le lendemain poétique d’une apocalypse ? Le fantasme de mégalopoles devenue paisibles où des survivants solitaires se promèneraient dans les vestiges intacts de la folie et du génie des hommes ?
La série d’une trentaine d’oeuvres est accompagnée d’un film de sept minutes où le spectateur est plongé dans ces lieux désertés. Le plein écran est recommandé, jusqu’à ce qu’ils daignent nous présenter ces tirages d’une moyenne de deux mètres de long en galerie… Que j’ai hâte !

Par Foucauld

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L’azur, l’azur, l’azur…

Tuesday, March 13, 2012

Sur le Quai François Mitterrand, juste après le Pont des Arts, une vieille dame prenait le soleil dans son fauteuil roulant. Drapée dans un châle rouge et coiffée d’un chapeau cloche, elle discutait avec une demoiselle de compagnie qui clopait sans regarder la vue.
Quand je serais vieillard, et certainement plus emmerdant que je le suis déjà, j’aimerais que les tortionnaires de mon hospice m’accordent cette unique faveur : m’installer au même endroit, que je puisse encore m’emplir des reflets de l’astre sur les cadenas des amoureux, avec en arrière plan la pointe de l’Ile de la Cité, le sexe de Paris.

Par Foucauld

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Le Ventre de Paris

Monday, March 12, 2012

“Quand Mme François parlait de Paris, elle était pleine d’ironie et de dédain ; elle le traitait en ville très éloignée, tout à fait ridicule et méprisable, dans laquelle elle ne consentait à mettre les pieds que la nuit.”

Émile Zola, Le Ventre de Paris

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Chez Denise

Sunday, March 11, 2012

À un godelureau qui cherchait à se remplir la panse à quatre heures du matin, j’indiquais le chemin de Chez Denise. Il n’eut pas l’air satisfait de ma réponse et je devinais qu’il eut préféré un kebab. Mesquin, j’ai joué la carte du mauvais esprit et nié l’existence de ce type d’établissement dans le quartier des Halles. Qu’il dorme le ventre creux m’importait peu, puisque j’allais me taper une daube de joue de bœuf dans ce restaurant historique où la nourriture est une affaire sérieuse et le Brouilly servi au litre.

Par Foucauld

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Le prix de l’amour

Friday, March 9, 2012

« Guy nous rejoignit. Je m’aperçois que je n’ai guère parlé de lui : un beau garçon de vingt ans, une chevelure romantique, des mains diaphanes, une sensibilité trop aiguë. Longtemps, nous l’avions admiré, puis sa faiblesse, avouée après le départ d’Irène, nous avait détournés de lui. Nous étions tentés de l’abandonner à son violon, à ses livres rares, à ses étranges lubies d’adolescent qui ne mûrirait jamais. Pourtant il nous émouvait encore par l’idée grandiose qu’il se faisait de l’amour. Son approche d’Irène fut pathétique comme s’il craignait les coups. Elle ne lui en assena pas et, sans doute pour mieux dérouter, elle renoua avec Guy comme si rien ne s’était passé sinon qu’elle renonçait une fois pour toutes à sauter des bras de l’un dans les bras d’un autre.
Guy fut très prudent. Il s’aimait trop lui-même pour que la fuite scandaleuse d’Irène ne l’eût pas gravement blessé. Comme une plaie profonde, difficilement guérissable, il portait le souvenir d’un amour effondré en pleine extase. Nous étions plus sceptiques que lui sur la qualité d’un tel amour, mais qui aurait osé le lui dire ? Personne. Étonnés, nous le regardions prendre de l’épaisseur, en même temps qu’Irène nous inquiétait tant nous doutions de sa sincérité. »

Michel Déon, Le prix de l’amour, dans Nouvelles Complètes, Folio

(Photo : Camilla Hansen par Aram Bedrossian pour Lovecat Magazine)

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Le règne de l’étreinte…

Tuesday, March 6, 2012

Vous fouillez dans votre bibliothèque et sur Internet pour un projet, et tout se recoupe : Le Bardot Show et Louis Aragon, par exemple. Pour accompagner cette vidéo, il n’était pas raisonnable de poster davantage que cet extrait du Paysan de Paris, mais bon sang, quel texte parfait !

“Et brusquement, pour la première fois de ma vie, j’étais saisi de cette idée que les hommes n’ont trouvé qu’un terme de comparaison à ce qui est blond : comme les blés, et l’on a cru tout dire. Les blés, malheureux, mais n’avez-vous jamais regardé les fougères ? J’ai mordu tout un an des cheveux de fougère. J’ai connu des cheveux de résine, des cheveux de topaze, des cheveux d’hystérie. Blond comme l’hystérie, blond comme le ciel, blond comme la fatigue, blond comme le baiser. Sur la palette des blondeurs, je mettrai l’élégance des automobiles, l’odeur des sainfoins, le silence des matinées, les perplexités de l’attente, les ravages des frôlements. Qu’il est blond le bruit de la pluie, qu’il est blond le chant des miroirs ! Du parfum des gants au cri de la chouette, des battements du cœur de l’assassin à la flamme-fleur des cytises, de la morsure à la chanson, que de blondeurs, que de paupières : blondeur des toits, blondeurs des vents, blondeur des tables ou des palmes, il y a des jours entiers de blondeur, des grands magasins de Blond, des galeries pour le désir, des arsenaux de poudre d’orangeade. Blond partout : je m’abandonne à ce pitchpin des sens, à ce concept de la blondeur qui n’est pas la couleur même, mais une sorte d’esprit de couleur, tout marié aux accents de l’amour. Du blanc au rouge par le jaune, le blond ne livre pas son mystère. Le blond ressemble au balbutiement de la volupté, aux pirateries des lèvres, aux frémissements des eaux limpides. Le blond échappe à ce qui le définit, par une sorte de chemin capricieux où je rencontre les fleurs et les coquillages. C’est une espèce de reflet de la femme sur les pierres, une ombre paradoxale des caresses dans l’air, un souffle de défaite de la raison. Blonds comme le règne de l’étreinte, les cheveux se dissolvaient donc dans la boutique du passage, et moi je me laissais mourir depuis un quart d’heure environ.”

Par Foucauld

(Photo Sam Levin)

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La collection permanente : Exhibition #2

Thursday, February 23, 2012

Si en ce moment je me lèche le doigt, ce n’est pas pour mieux tourner les pages à l’aide d’une technique colporteuse de microbes, mais parce qu’un feuillet pernicieux en a incisé la peau, ouvrant le cuir trop fin de mes mains. Un comble pour quelqu’un qui voulait se plonger dans le Leather Issue d’Exhibition.

Il y a un an, Edwin Sberro, Gaël Hugo et Boris Ovini nous avaient laissé avec les Lipsticks. Je revois la couverture, mais du rouge, aujourd’hui, je l’associe aux ongles vernis. J’en visualise un, plutôt long, courant le long d’une échine frémissante, dans un sens puis dans l’autre, comme on dessine sur du nubuck. Puis le jeu lasse, et l’on passe à d’autres cuirs. Grainé, glacé, pleine fleur ou vernis, chiné en friperie, percé comme un lobe, ou délicieusement fétichiste. Je pense aussi à la rétrospective d’Alexander McQueen au MET, à un cuir éternel retour aux sources, cuirasse idéale pour nous, mammifères sadiques que l’évolution a laissé roses et nus.

Ce cuir un peu écœurant à l’arrière des berlines, grinçant quand il est de mauvaise qualité, conteur d’histoires sur une paire de boots couturées… Plus tard dans la nuit, il enserre des muscles bandés, souligne des seins aux tétons dressés, mais au commencement il y a la matière. Il y a également l’artisan. Ceux d’Hermès ont confié leurs outils à l’objectif de Guido Mocafico.

Malgré la présence d’un texte sur Serge Lutens ou un entretien avec Olivier Saillard, Exhibition est avant tout un magazine pour l’image.

Cette révérence faites à l’image appelle un objet de grande taille et une impression irréprochable : un travail précis, qui commande le rythme de parution, annuel, et qui tranche avec la frénésie de la toile. Ces objets nous offrent du temps, le temps qu’il faut pour en jouir : aller les chercher, les transporter, les laisser reposer. Ensuite, un peu plus tard, il s’agit de trouver l’espace pour laisser se déployer ces deux grande ailes de 44 cm sur 33.

La pièce est extraite de son coffret, on la positionne, on l’ouvre et on y saute à pieds joints. On y croise Willy Vanderperre, Roxane Mesquida, Solve Sunsbo, Boris Ovini, entre autres. Les pages coulent, comme la substance noire de la série de Suzie Q et Léo Siboni, on traverse le tout et on se dit, sourire en coin, qu’internet est une des plus belles choses qui soit arrivée aux magazines.

La Conjuration

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(Exhibition est disponible chez Colette, en édition limitée)

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Gaston et Gustave

Thursday, February 16, 2012

« À vingt-cinq ans, le personnage fantasque et rabelaisien est déjà un vieux garçon, goûtant la conversation de vieillards. »

On dirait une description de votre serviteur, sauf qu’il s’agit de Flaubert, le maître d’Olivier Frébourg… Au premier abord, le sujet de Gaston et Gustave, son dernier livre, semble propice à l’ouverture des vannes lacrymales : sa femme accouche prématurément de jumeaux dont l’un est dans les limbes et l’autre doit se démener pour ne pas oublier de respirer. Mais le livre a deux cœurs : celui de Gaston, le jumeau vivant, et celui de Flaubert. Le premier à bien du mal à battre sans aide, et le second ne bat plus que par procuration de son œuvre. La littérature est-elle compatible avec la vie de famille ? Olivier Frébourg ne peut choisir. Alors son cœur décide de battre plus fort, pour que vivent les deux.
Ces temps-ci, lorsque j’étais saoul, je me suis surpris à dire à des filles ou à des types auprès de qui je faisais le malin, que la littérature était le seul combat qui finissait par m’intéresser. Un combat ? Quel combat ? Nous verrons s’il sera toujours à l’ordre du jour où le patachon se trouvera amoureux, avec des envies de quitter Paris pour créer son nid quelque part. Peut-on aimer, écrire, voyager et travailler entre deux becquées ? « Les hommes mettent un peu de leur âme dans beaucoup de choses, et c’est pourquoi il y a tant de beauté dans le monde, de cette beauté inutile qui est au-dessus de la vie. » écrit Chardonne dans ses Destinées Sentimentales. On dit qu’aller dans le sens de la beauté c’est aller vers Dieu. Si c’est le cas, pourquoi serait-elle inutile ? Et puis Dieu doit apprécier les courageux de la plume qui savent aussi changer les couches.
J’avais ouvert Gaston et Gustave pour quelques pages, acte récurent des séances de coucher, mais ne l’ai refermé qu’après le point final. Frénésie de lecture puis insomnie totale, de celles qui vous tiennent éveillé jusqu’à la sonnerie matinale. Toute la nuit, je conservais une lueur d’espoir. « Ne te relève pas pour te mettre à ton bureau, tu es peut-être sur le point de t’endormir… » me disait une petite voix. Mais à 6h45 il fallut se rendre à l’évidence, c’était raté : ni sommeil, ni feuillets noircis. Le bal de la semaine commençait.
Alors que je remontais la rue du Louvre, j’ai vu un homme bien mis dormir debout contre un panneau lumineux. Était-ce pour avoir chaud en attendant le bus ? Par refus du lundi ? Ou peut-être qu’il s’agissait d’un écrivain-père de famille… Ah Paris, cauchemar paisible à qui il restait une petite heure de répit.

Gaston et Gustave d’Olivier Frébourg, le Mercure de France.

Par Foucauld

(Photo : Lauren Bacall par John Engstead)

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Die Claudia !

Tuesday, February 14, 2012

Octobre 2010 : Claudia Schiffer et Frederike Helwig réalisent 40 couvertures pour le Zeit Magazin. C’est la Saint Valentin et c’est un cadeau pour Foucauld.

Par Arnaud

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