Les “semaines de la mode” restent un univers aussi exotique qu’ inaccessible, une période excitante où en sortant à Fille du Calvaire tu peux rencontrer une slovène de 17 ans qui te demande du feu. Tu fouilles tes poches avec plaisir et si tu te prends à rêver d’allumer sa cigarette, tu finis par lui glisser le briquet dans la main. Question de niveau.
C’est donc avec un amusement non dissimulé que je suis tombé (un peu tard, je l’avoue) sur la moqueuse irruption de Sacha Baron Cohen au millieu du défilé d’Agatha Ruiz Dela Prada, lors de la semaine de la mode, à Milan.
Si Agatha Luiz ne semble y être pour rien , on imagine que ce n’est pas sans lien avec le tournage du prochain film de Cohen, Bruno: Delicious Journeys Through America for the Purpose of Making Heterosexual Male.
Le créateur de mode masculine Adam Kimmel a confié à Ari Marcopoulos le soins de réaliser la campagne de promotion de sa collection printemps/été 2009. Plutôt que de faire poser des minets ténébreux ou de faux bandits tatoués, ce dernier joue la carte de l’originalité en suivant deux longboarders dans une immense descente. Le résultat est déroutant et terriblement jouissif.
Alors que je revenais tout juste d’un week-end à Boulogne-sur-Mer, un
pote m’a assailli sur le chat Facebook pour me dire: « t’es au courant
pour Booba ? ». Paniqué, je lui réponds « négatif » puisque j’étais
coupé du monde ces trois derniers jours. Il me relate que mon idole a
pété un câble lors de son concert à Urban Peace 2, au Stade de France.
Alors qu’il entame sa performance avec « Du Biff » sous les crachats et
les projectiles d’une foule partagée entre l’amour et la haine, il
réclame l’arrêt de la musique et jette une bouteille de Jack Daniels
sur la tête d’un détraqueur. Son crew du 92i le rejoint sur scène et
renvoie les projectiles aux expéditeurs avant de leur donner des coups
de ceintures. Booba quittera finalement la scène après cette
regrettable aventure. Pour me remettre de ces émotions, j’ai filé au
Mac Donald de Reuilly-Diderot me farcir un best of Big Mac avec des
khôs. L’un d’eux m’a apporté le magazine du restaurant susnommé en me
disant « Mon pote, y’a Booba qui sort un jeux vidéo ». Fou de joie, je
lui arrache le papier des mains et découvre qu’il est l’égérie du
nouvel opus de Saint Row. De surcroît, les utilisateurs peuvent nipper les protagonistes du jeu avec les fringues Unkut, la marque du D.U.C de Boulogne. Revenu dans mes pénates, j’ai reçu un mail me faisant part de la sortie de "Illégal",
le nouvel extrait de 0.9, le prochain album de B20 (prévu pour le 24
novembre). En transe, je me rue sur Google à la recherche de ce que
j’espérais être une pépite. Booska-P
me l’a révélée mais je suis ressorti déconfit de cette première écoute.
Lyrics décevantes. Facilité et autocitations à outrance sont de mise.
Merde. C’est alors que j’ai pris la décision d’écrire cet article. Pour
cela, j’ai réécouté la prod. La deuxième écoute fut plus concluante et
c’est désorienté que je termine ces lignes. Il ne me reste plus qu’à
prier pour que le 24 novembre nous apporte une prose aussi percutante
que « J’veux déployer mes ailes/ Foncer contre-courant/ Cornes
baissées/ Cerveau blessé/ Paumes vers le ciel »
Des making of de Gondry, des clips de The New Bloods, un interview de Jürgen Teller, des courts métrages ennuyeux…
Un heureux désordre et des heures de perdues.
Une bonne sieste reste un exercice périlleux.
Hier après-midi, je me suis perdu dans mes draps pour n’en sortir que 2 bonnes heures plus tard. Encore abasourdi, je filai dans le métro pour gagner Le Bouclard, qui en deux mots et quelques années est devenu l’un des magasins les plus amusant de la capitale (la vioque peut aller se rhabiller). Ici, les habits vous excitent et la tenancière s’y connaît en chiffons.
Dissimulé sous la capuche de mon hoodie-star-wars , je rejoins Foucauld (décidément) et Gregoire pour picoler et, accessoirement, découvrir la nouvelle collection de KIND.
Comme souvent au 15 rue Charlot, les filles étaient belles et les hommes sapés. Mais, rien ni personne n’arriva au talon des richelieux d’Amber et Nisha.(“the broken heart“).
Leur sélection percuta avec précision, leur looks intriguèrent et leurs sourires nous rendîmes insolents. Elles étaient magnifiques. Nonchalant mais addictif, leur “black cat” ne sort plus de mes oreilles depuis. La soirée déroula, paisible. Antony nous racontait des histoires et nous, jeunes gens impressionnables, nous souriions, béats.
Pour les retardataires, la Star’Ac a investi la rue Charlot et hier nous avons eu la chance d’en voir deux ou trois, pour de vrai ! Ah ! ils n’étaient pas tellement à l’aise dans leurs Schmooves. Faut avouer qu’une dizaine de mignons qui les observent, narquois, en train de sortir de leurs chariots à vitres teintées, ça peut irriter un brin. Et nous étions irritants.
C’est ce moment que choisit Keffieh à imprimé tête de cochons. Culte.
Et lorsque le champagne commençait tout juste à se faire trop présent, il apparu : il n’apportait pas de couronnes mais plein de petits Gü.
Chanceux.
L’automne étant déjà bien présent, il est nécessaire d’enfiler une laine par dessus sa liquette. C’est chose facile me direz vous. Certes, mais le tout est de le faire avec élégance et distinction. Voici une sélection de cardigan susceptible de vous aidez dans cette quête du chandail ultime.
Nous commençons avec un cardigan à double rangée de boutons de chez Shades of Greiges. En vente ici.
Nous poursuivons avec un mélange de gilet et de hoody de chez B. Son. Il est disponible ici.
Voici à présent l’une des plus belle pièce de la saison : un cardigan à double fermeture subtilement superposée de chez Lanvin.
Pour finir, un peu de couleur grâce à Erotokritos, créateur grec installé à Paris.
Arnaud et moi avions convenu de déjeuner ensemble. En plus des fondements de notre amitié, nous avions aujourd’hui trois points en commun : la même situation géographique (XIe arrondissement), le même état physique (début de crève) ainsi que les mêmes finances (plus grand chose). Aimanté par la rue Paul Bert, j’y ai trainé mes boots et lui ses Etnies + avec la ferme intention de déjeuner au Bistrot Paul Bert. Malheureusement, la souris d’agneau aux citrons confits de lundi avait laissé place à de plus communs onglets de bœufs. Déçus, nous poussâmes jusqu’à la rue Jules Vallès pour nous arrêter Chez Mamy. Pris immédiatement en main par une charmante et vigoureuse jeune femme, nous choisîmes sans hésiter une choucroute de poisson. Un coup d’œil aux tables voisines nous rassura sur notre choix : tous les clients étaient en train de déguster ladite choucroute. Le plat (du jour) arriva très rapidement. Portion normale, présentation honnête, belles câpres dans une sauce de bon aloi, j’attaque. L’ensemble est goûtu, à bonne température, bien relevé par les câpres et du poivre vert, sans fioritures et ce n’est pas plus mal. Un plat de bonne cantine à un prix honnête (9€50), que demande le peuple ? Peut-être un peu plus de poisson et un peu moins de choux (on n’est pas des lapins !) mais au moins l’accueil fut charmant. On reviendra !
Par Foucauld
Chez Mamy, 3 rue Jule Vallès 75011 Paris (Photo : Arnel Henry)
Je suis sensé être graphiste et parfois je me dois de sacrifier aux exigences de ce milieu. Par conséquent, je me suis rendu hier soir au Divan du Monde à l’occasion de Pecha Kucha, une soirée organisée par Etapes et Designers Interactifs et présentant une sélection de 11 graphistes diplômés en 2008. Dans le métro qui m’emmène à Pigalle, l’air est déjà saturé par les conversations des usagers. Les mots « bold », « Dreamweaver », « calques », « captures d’écrans » résonnent à outrance. Arrivé dans le club, ça pullule de jeunes gens mal rasés avec de grosses lunettes, d’adeptes d’Air Max pimpées sur Nike I.D, d’efféminés dandinant et de filles en Oxyde. Le rédac chef d’Etapes présente la soirée dans un look d’amateur de bédés du Canal St Martin et les premiers diplômés grimpent sur scène. Chacun présente 20 créations. 20 secondes par travaux. Je retiendrais particulièrement le travail d’Anthony Fabre sur le football. Une passion de départ, une étude sur l’univers visuel qui y correspond, une interprétation de ce sport, des créations autour du football et le tout avec beaucoup d’humour et de professionnalisme : BRAVO ! Il y avait également Sacha Léopold et ses superbes sérigraphies sur le thème de l’unique dans la série. Du travail, de l’inventivité. Rien à redire. En guise de cerise sur le gâteau, j’aurais aimé vous montrer la proposition de site web de Loïc Cérou sur l’éducation sexuelle mais il ne l’a pas encore mise sur son site. Je vous invite à la guetter.
Par Foucauld
Le mémoire d’Anthony Fabre sur le football
Sérigraphie sur tranche de Sacha Léopold
Série de 4 couvertures pour le magazine Ink par Sacha Léopold
Ce week-end, des questions juridiques m’ont conduit à revenir dans le Nord, sur les terres de mes ancêtres. L’une des choses que je préfère lorsque j’y retourne est de prendre le train express régional qui va de Lille Flandres à Armentières. Les corons y sont comme des notes dont la voie ferroviaire serait la portée, leurs différences de tons s’exprimant à l’aide de subtiles nuances de briques et de tuiles. Arrivé à destination, je fus accueilli par un magret de canard titillé par un inouï Volnay-Santenot 1990 aux accords de cerises. Il fut suivi d’une excellente tarte aux pommes. Ce tableau idyllique fut malheureusement gâché par la déraison qui m’a conduit à le compléter de force gaufres à la cassonade. Mon estomac criant grâce, je dus l’emmener prendre l’air dans le centre ville, me perdant dans les rues où habitaient mes aïeux. Comme ils le firent en leur temps, demain j’irai à l’ouverture de la chasse à Beaucamps-Ligny. Levé dès potron-minet, j’ai rejoint la troupe. Ma dernière ouverture remonte à mes 8 ans. J’ai changé mais pas l’air de famille des chasseurs. Celui des fusils à canons juxtaposés non plus. À dix heures pétantes, nous nous séparâmes en trois groupes. Deux partaient pour battre la plaine. Le mien restait en lisière de forêt pour cueillir le gibier rabattu. Le brouillard était tellement dense qu’il en devint éblouissant. Une compagnie de perdreaux daigna s’envoler au-dessus de nous. Mon voisin fit feu et je retrouvai immédiatement l’entêtante et jouissive odeur de la poudre. Les chiens devinrent fous. L’instinct. Nous fîmes encore quelques battues, passant d’un bois à un champs de betteraves, d’un verger à une vaste étendue de plaine. Le déjeuner nous offrit du melon, des filets mignons et des galettes de pomme de terre, le tout arrosé de bières Saint Omer. Le banquet allait des plus âgés à gauche, aux plus jeunes à droite. Une véritable frise chronologique familiale. L’après-midi fut chaude. Les Barbours laissèrent place à des gilets. Alors que nous fouillions une plantation de peupliers sur toute sa longueur, un lièvre détala. Les chiens se ruèrent à sa poursuite si vite qu’ils l’attrapèrent avant même qu’un chasseur puisse faire feu. Toujours l’instinct. À 18 heures j’ai repris un train pour aller voir Jacques Verges au Théâtre de la Madeleine. Après avoir contribué à faire tomber les têtes du gibier, j’ai écouté celui qui a tenté d’en sauver d’autres, de la potence cette fois-ci.
Cette traduction littérale et peu gracieuse du mot d’ordre du studio d’Art Lebedev résume bien leur engagement. Vous allez me dire qu’on n’en attend pas moins d’un mot d’ordre, mais je m’en fiche pas mal, je voulais juste écrire un gros mot en titre. Et eux m’approuveraient sans doute.
Pour tenter la métaphore, imaginez un bel ours laché dans un magasin Ligne Roset, et alors vous aurez une idée de leur travail. Requiem pour objets ennuyeux. Ici, on fait ce que l’on veut, du porte-clé au microscanner ophtalmologique, et on prend en considération le point de vue de la pluie . Leur studio doit ressembler à un immense parc d’attraction pour trentenaires barbus. Naturellement, la profusion fait que tout n’est pas bien, mais, au milieu de ce foutoir, quelques perles ont vu le jour.
Et s’il existe des milliers d’agences de design, aucune autre n’a rédigé de constitution où elle affirme être le centre de l’univers (au cas où vous le cherchiez), que tout le monde devrait jouir du droit inaliénable de travailler six jours sur sept et qu’aucun de ses membres ne trouvera de repos avant d’avoir atteint la perfection. Amen.
Les us et coutumes du blog voudraient que l’on couche sur nos lits immatriculés « .com » uniquement des produits et informations fraîchement cueillies. C’est le cas de "Aux innocents la bouche pleine", le dernier livre du chroniqueur gastronomique François Simon. Tous les blogs en on fait l’écho depuis sa sortie au début de l’été. Un voyage aux Amériques m’a empêché de suivre la marche. Le coup de feu de mon retour également. Ce n’est qu’hier soir que j’ai pu avoir l’ouvrage entre les mains. Pas besoin de faire l’éloge de l’auteur (que je vénère) ni de décrire le contenu du bouquin. Je relèverai cependant le savoureux chapitre 4 (il y’en a 34, en ordre décroissant) où François Simon entend incognito une pro de la cuisine lui tailler un slip face à une néophyte du métier qui jusque là l’admirait. Au lieu de se défendre, il se contente d’écouter discrètement et se voit récompensé lorsque la dénigreuse se met à raconter sa vie privée. Le chapitre se clos par un « Doux Jésus » plus évocateur que n’importe quelle description. Du délire ! Dans un autre chapitre, on apprend que François Simon a habité pendant 20 ans le XIème arrondissement (serait-ce prémonitoire pour votre serviteur ?) dont il décrit la rue Paul Bert. Je suis allé vérifier ce matin les cartes de ses restaurants fétiches (le Bistrot Paul Bert étant son resto de prédilection à Paris) en prévision des jours meilleurs. Salivant d’avance, je me remémorais ce passage de « Béru et ces dames » de San Antonio :
« C’est dans la simplicité des mets que tu reconnais les grands cuistots, San-A. N’importe quel tordu peut t’exécuter un homard Thermidor ou un poulet au curry. S’agit d’avoir un bouquin et de suivre les indications. Mais des plats comme la potée, le pot-au-feu ou le petit-salé aux lentilles, pour les réussir façon sublime, faut avoir le don inné. En somme, poursuit-il, en cuisine c’est comme en amour. Le vibro-masseur, le doigt de caoutchouc, ça impressionne, mais toute une chacune peut te l’appliquer alors qu’une solide partie de jambons c’est l’apanade de la gonzesse douée. Là, pas de tricherie, faut casquer comptant. »
La Conjuration est comme l’age de ses géniteurs : sa jeunesse lui interdit d’avoir trop de certitudes. Hier fut le jour de mes vingt-deux ans. Un anniversaire se vit souvent dans une débauche de sucre, de cire et de papiers à déchirer. Une période de vache maigre m’interdit ces excès. J’ai déjeuné seul et sur le tard d’une boîte de haricots verts Leader Price et d’une tranche de jambon. Rejoins en fin d’après-midi par un ami aux poches aussi percées que les miennes, je ne parvenais pas à me contenter d’une tasse de grossier thé vert en ce jour du jubilée de ma venue au monde. Les finances étant, comme il l’est susmentionné, au plus bas, nous ne pouvions remédier à notre grise mine. Un rapide état des lieux agrémenté de beaucoup de culpabilité nous fit entasser sur la table à tréteaux qui me sert de bureau nos derniers deniers. Ces piécettes cumulées parvinrent tant bien que mal à la somme de 7€. Il faut vivre dangereusement. Tant pis pour demain, je courrais sur le boulevard Voltaire en direction de la civette la plus proche, fit l’acquisition de deux Regalias d’H.Upmann, petits coronas cubains de leurs états, et revint tout aussi vite en direction de ma chambre de bonne. Les murs blancs et sans charmes de cette dernière s’égayèrent à la perspective d’être noircis par la fumée des turbines. Quelques nocturnes de Chopin et des tartelettes aux agrumes de chez Grand Jury vinrent agrémenter cet instant d’amitié. Les lendemains incertains de notre jeunesse sont appréhendés avec espoir grâce à ces (relatives) déraisons pécuniaires. Et puis comme le dit le jeune hussard bleu de Roger Nimier « A mon âge, on déteste la perfection, car elle est le signe même de la cruauté du monde. ».