Bien que ce dimanche ne soit pas féroce, nous ne sommes pas à l'abri d'une rechute hivernale. En matière de météorologie, les devinettes ne sont pas de mise. Il vaut mieux y allez franco, ne pas faire dans la demi-mesure et prévoir le pire. Jetez un oeil sur SNS Herning, armures de laine pour citadins frileux. Quand je parle d'armures, je n'exagère que très peu, chaque pièce pèse son bon kilo de laine vierge.
L'histoire de la marque mérite un petit détour, dans les années vingts Soren Nielsen Skyt met au point une technique de tricot qui améliora nettement le quotidien de ses potes, les marins-pêcheurs des côtes ouest du Danemark. A sa mort, le fils reprend l'entreprise, la secoue un peu et la branche au reste de l'Europe. Peu de choses ont changé: la même passion active les mêmes machines qui travaillent à partir des même patrons, seuls les coloris ont été rafraîchis: la plupart des modèles existaient déjà dans les années soixante. Vous pouvez désormais mettre vos doudounes au feu et retrouver une silhouette humaine sans claquer des dents.
À l’heure où Pierre Bergé et Christie’s s’affairent pour disperser dans une titanesque vente aux enchères les trésors amassés par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé pendant leurs vies, Hedi Slimane a eu le privilège de photographier certains de ces objets qui seront chargés dans des camions lundi prochain. La collection est connue pour avoir su mélanger à la perfection 733 objets dont plusieurs chefs d’œuvres d’époques et de style différents. L’ancien Monsieur Mode Masculine de Christian Dior a pris le parti de saisir ces objets dans leur individualité, laissant son style et les photos recréer l’harmonie d’un ensemble hétéroclite. Du portrait du chien Moujik « je ne sais plus combien du nom » vivant à celui d’un de ses prédécesseurs par Andy Warhol, des lunettes du maître à des objets pieux, on ne regrette qu’une chose : ne pas avoir eu la chance de visiter le palais qui les contenait.
Tant pis pour l’originalité, je vous rebalance quelques photos de Patrick O’Dell dénichées sur Tiny Vices. Il fréquente toujours des gens menant des vies peu équilibrées, a toujours autant de talent, ce qui demeure déroutant. C’est tout pour aujourd’hui.
Je pourrais écrire sur Patrick O’Dell mais ce mec est tellement bon que ç’en est dégoûtant. Par conséquent, je me contenterai de parler d’Epicly Later’d, son photoblog. C’est plus supportable car le talent est étalé, le génie moins concentré. Ce monsieur est le photo editor de Vice. Il connaît tout le monde et traîne dans ce qui se fait de plus cool. Soirées terrifiantes, litres de Bud’, road trip en Harley, tatouages, skateurs pro comme meilleurs potes… il illustre sa vie stimulante sur ce blog. Epicly Later’d est un long trip de drogue sans descente. Lorsque celle-ci pourrait s’amorcer, elle laisse place à un autre fix tout aussi stimulant : l’inspiration. Gosh !
Avec le post de Shino sur BH Magazine j’ai découvert Crailtap, le groupe qui gère des marques aussi prestigieuses que Girl, Chocolate, Four Star ou Lakai. Loin d’être une plateforme publicitaire, leur site est une mine d’informations, de vidéos super propres et bien conçues et de concept d’interview très cools et évolutifs comme le « World Famous Fives ». Ce dernier consiste à interviewer des pointures du skate ou de l’art en leur demandant non pas un mais plusieurs top 5. Ce qui pourrait être rébarbatif à la longue ne l’est pas car les Fives sont en liens avec la personnalité et le vécu des interviewés et bourrés de private jokes et de révélations. Le bonus : leur liste de liens qu’on pourrait intituler « Encyclopédie du cool ».
Par Foucauld
PS : je vous mets une des vidéos mais il vaut mieux les regarder sur le site, la qualité est nettement supérieure.
L'anniversaire de la petite Lulu arrive à grands pas, et vous ne savez toujours pas avec quoi la rendre heureuse. Elle a sept ans, oubliez le Fixie (décidément). Dora l'Exploratrice? Un peu mou, ses copines lui rappelleront son manque de discernement pendant des mois et elle vous en voudra pendant des années. Pourquoi ne pas cultiver ses penchants pour le sang et les malformations congénitales, tout en terrifiant les mamans à la sortie de l'école? Imaginez la petite, à la récrée, sortant de son cartable sa nouvelle peluche: l'alligator dévorant le nouveau né. Si elle est sage elle aura aussi droit au lapin crucifié par la carotte géante et aux oursons siamois. Heureuse Lulu avec ses peluches tricotés.
Quand les petits français se tâtent pour savoir s'ils vont monter le vélo de course de papa en pignon fixe, le talentueux Grotesk tourne ses compères en dérision avec cette belle illustration, juste jusque dans les moindres détails. Une pépite dénichée sur 12ozprophet.
Convient-il de fêter l'anniversaire de son chien, en lui jouant un air d'accordéon, le crâne auréolé de deux coeurs de plastique? Convient-il de faire poser sa femme et son fils nus pour ensuite leur demander d'embrasser le chien? Convient-il de déguiser son premier né en élan? Je soupçonne Akihiro Furuta de ne jamais s'être posé ce genre de questions. Tant mieux. C'est fascinant que ce soit au milieu des photos de famille d'un quadragénaire
nippon que l'on trouve les choses les plus captivantes dans ce bordel à wannabe photographes qu'est Flickr.
A l'heure où tout le monde porte des Vans, il devient difficile de se démarquer en les arborant. Changer de marque ? Jamais de la vie, ces pompes sont trop parfaites ! Innover ? Trop difficile… Quoique… Ces derniers temps, plusieurs modèles réjouissants sont sortis. Tout d'abord, une paire de Sk8 Hi en cuir et suède blanc et bleu royal de toute beauté. Je crois que je n'ai pas été aussi enthousiaste pour une paire de sneakers depuis deux ans. Elles sont sobres, pourvues de détails subtils (semelle de la même couleur que la vague, petits damier à l'intérieur…) et disponibles chez Colette à un prix honnête (70€).
Dans le registre des collaboration, Keith Hufnaghel propose trois autres Sk8 Hi satinées dans sa boutique de San Francisco. Rassurez-vous, elles se commandent en ligne ici.
La frime c'est bien gentil mais une Vans doit rester utilitaire. Alors que mes TNT II (pro modèle de Tony Trujillo) customisées par Neckface vivent leurs derniers instants pour cause d'excès de skate, mon portefeuille peut se réjouir : les TNT IV sont sortie (customisées par Neckface également) et soldées chez Colette à 55€ au lieu de 110€.
Par Foucauld
Je (Arnaud) vais oser rajouter un petit complément ici. Le Bouclard propose :
et dans un registre légèrement plus fou, ces Chukka en Autruche sont tout simplement fabuleuses :
New York a toujours été une ville particulière pour le skate. Crade, immense et en perpétuel mouvement, elle permet aux skateurs d’aller de spot en spot à la force des mollets, contrairement à leur acolytes californiens condamnés à prendre leur bagnoles puis faire la queue pour tenter un tricks sur tel ou tel set de marches. New York est une ville qui se parcoure sur roulette. Plusieurs vidéos montre des hordes de skateurs déferlant sur les vagues des Broolyn Banks. C’est ainsi depuis des décennies et il y a peu de chance que cela cesse un jour. Cette particularité méritait bien une anthologie. Buddy Nichols et Rick Charnoski s’y sont collé avec leurs potes Keith Hufnaghel, Neckface ou Mark Gonzales pour ne citer qu’eux. Cela s'appelle Deathbowl To Downtown Le tout est narré par Chloé Sevigny et se pré-commande ici sur un site au design intéressant.
Mon père aime les tableaux abstraits, ces grands aplats de peinture qu'il fait pendouiller dans la maison familiale. Pas moi. En tout cas, je leurs préfère l'Hyper-réalisme de Ralph Goings. Depuis les années soixante, le californien peint ses natures-mortes avec une précision troublante. Au lieu de nous ennuyer avec un trait blanc tracé sur un fond marron, certains ferait mieux de se pencher sur ces tartes au citron. Là au moins on sent quelque chose. Au sens littéral. A bien regarder ces toiles on devine presque les steaks qui grillent en cuisine. On entend le cliquetis des cafetières trimballées par ces serveuses sans âges; la petite jeune est à la caisse, elle y évite les mains aux fesses. La lumière joue avec le chrome des salières. Le ketchup vit dans son pot. Il s'écoule, paisible, puis s'échappe, secoué vers le bun encore tiède. De la table de derrière nous parvient l'absurde flot de mots de ce vieil homme, trop soul pour son café. Plus fort que Hopper, Ralph Goings, l'homme qui anoblissait les salières et donnait vie à la sauce piquante.
Après mon article, Artus nous a invité à la projection du court-métrage qu’il a réalisé en l’honneur de sa mère : « Le dernier voyage de Maryse Lucas ». À l’Elysée Biarritz, ce cinéma du VIIIe arrondissement où est projeté le film, je suis assis à côté d’une autre mère, fictive cette fois-ci : celle de Romain Duris dans L’Auberge Espagnole/Les Poupées Russes. Le film commence. Artus et son pote David Ledoux partent de Paris. Le premier est en fixie, l’autre en Vélib. Ils roulent en riant, chapardent dans les étalages, crient leur joie de voyager et de s’embarquer dans une nouvelle aventure. « Gainsbourg et son Gainsborough vont rejoindre Paris. » Ici c’est plutôt « Artus et son urne vont quitter Paname ». En effet, le but de ce voyage est de ramener les cendres de Maryse Lucas sur sa terre natale afin de les disperser. C’est l’occasion pour Artus de retrouver ceux qui ont accompagné sa mère dans ses derniers instants.Voisine ou camarades de comptoir, Artus leur pose des questions sur sa mère, leurs impressions, ce qu’ils conserveront d’elle dans leurs mémoire. Il s’attend à des récits et des détails palpitants de la vie de cette hippie globe trotteuse mais se retrouve confronté au mutisme et aux répétitions. Les « proches » de Maryse n’ont gardé que l’image d’une alcoolique carburant à la Suze et exposant son corps usé et piercé au soleil, faisant fi de toute pudeur. Artus souffre de l’incompréhension de ces gens. David le raisonne. Il est normal que ces vieillards qui ne connaissent que le triangle qui va du comptoir du PMU à leur lit en passant par leurs champs ne puissent voir autre chose qu’une poivrote pittoresque chez cette femme. Au moment de la dispersion des cendres dans une rivière les « amis » de Maryse sont présents, en ligne sur un pont. Artus est en retrait. Il se recueille puis dessine un visage souriant sur l’urne, avant de disperser son contenu puis de la jeter dans un courant. Cet adieu symbolique semble l’apaiser. Il est artiste comme le fut sa mère. Son sang coule dans ses veines. Un sang différent de celui des autres. Un sang d’artiste. Un sang qui est le sel de la Terre.
2008 fut formidable, 2009 sera inouï. Nous avons peu écrit ces derniers temps car les vacances furent l’occasion de retrouver nos familles autour d’agapes. Un retour au réel, à la vraie vie, que nous privilégierons toujours au virtuel. Cela demande un effort, c’est prenant mais c’est de là que nous tirons nos forces. Chargés à bloc, nous revenons à la régularité des écrits. Pour bien débuter cette nouvelle année, je laisse à Madame Bardamu le soin de vous prodiguer les mêmes conseils qu’à son fils Ferdinand à l’aube de son voyage en Angleterre, dans Mort à Crédit de Céline :
« Brosse-toi chaque matin les dents… Lave-toi les pieds tous les samedis… Demande à prendre des bains de siège… Torche-toi bien aux cabinets… Mange et mâche surtout lentement… Tu te détruiras l’estomac… Prends ton sirop pour les vers… Perds l’habitude de te toucher…. »
En deux mots vite fait parce que là j'ai les macarons au four et les papillotes qui crament. Megaforce sont méga forts (noël, j'écris ce que je veux), les maîtres de l'effet spécial qui a l'air facile mais qui ne l'est pas (noël, j'écris ce que je veux). Après avoir fait voler les Naïve New Beaters, ils cognent sur Metronomy. Moi qui haïssais le Karaoké, j'ai revu ma copie. Mégaforts j'vous dis.
La semaine dernière, j’ai été réquisitionné pour confectionner les deux sapins des vitrines de Noël de chez Colette. Avec l’histrion Caizergues, nous avions pour mission de créer l’illusion à l’aide de pelote de laine Wool And The Gang. Un premier sapin fut largement enneigé de pelote (500 en tout). Le second fut plus graphique. Des masses rouges évoquent les boules décoratives. Le volume des pelotes donne un aspect naïf à ces sapins de 2m50 de hauteur. On s’imagine en pull-overs fraîchement tricotés, se battre à coup de pelotes dans un Megève toute de laine recouvert. Colette a la bonté de m’offrir un coca que je bois en regardant la rue. Les passants me dévisagent et applaudissent le sapin. Je suis touché par leurs compliments mimés puis me dis qu’avec mon coca dans cette vitrine enneigée de laine, je suis la version rachitique et binoclarde de l’ours blanc des pubs Coca Cola. Perturbant.