Carnet de bal

Tuesday, August 30, 2011

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« Je vois New York comme une page blanche avec des lignes où chacun peut inscrire son expérience. C’est une ville qui vous rend très conscient d’y vivre. Même les numéros se chargent de mémoire. » dit Michel Gondry à Marc Lambron dans son Carnet de bal (3). Puis il ajoute, à propos du Lit, le bar favori de votre serviteur il fut un temps : « C’est le vernis du temps qui donne un supplément de valeur aux choses. On ne sait que rétrospectivement quelle partie du passé va devenir légende. ». J'avais le coeur qui battait, ce matin, en découvrant ça…

Par Foucauld

(Photo : Ellen Von Unwerth pour Common Sense)

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Le Tigre à New York

Thursday, August 4, 2011

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Il n’est de plus affreuse banalité que de se plaindre de Paris en août, mais que voulez-vous, c’est aussi ordinaire que de partir en vacances à cette période de l’année.
Lorsque je me plains de Paris, je ne rêve pas de changer la ville, mais de partir à New York. Je pourrais filer ailleurs, découvrir l’Italie ou l’Asie, mais le rêve américain entre dans les limites de mon imagination : je ne désire véritablement que ce que je connais.
Mes habitudes new-yorkaises sont constituées de deux activités parallèles : diurne, avec le skateboard, nocturne, avec mes pérégrinations en compagnie d’Adrien Wend. Ce dernier vient de quitter Paris et délocalise le Tigre chez Madame Wong's. Malheureusement, je n’y serais pas samedi soir, contraint de rester dans une ville qui dort d’un sommeil de cent ans ; la belle aurait pu avoir la politesse de laisser traîner ses charmes pour occuper le quidam éveillé.

Par Foucauld

Madame Wong's

3 Howard Street
New York, NY
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Retour à la jeunesse éternelle…

Monday, July 11, 2011

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Thrasher vient seulement de sortir les vidéos de ses trente ans à la Gaîté Lyrique, je suis donc excusé de ne publier ma chronique (condensée) que maintenant.
Début de soirée, les stars ont quitté la rampe, mais c’est le défilé : Andrew Reynolds, Tony Trujillo, Dustin Dollin, Kevin « Spanky » Long, Stefan Janoski, Grant Taylor, Wieger, Neckface, Beagle(onism), Atiba… Jake Phelps, le rédac chef, nous sort une poubelle remplie de bières fraîches et nous trinquons sous l’œil ombrageux du vigile.
Casquette Shake Junt vissée sur le crâne, je suis abordé en anglais par une femme d’une cinquantaine d’années qui me demande si elle peut me prendre en photo. Je pose et nous discutons. D’où vient-elle ? D’Arizona. Mais pourquoi ? Son fils est Shane Heyl de The Goat et, accessoirement, le créateur de mon couvre chef… C’est la première fois qu’il vient en Europe, ça promet !
En me dirigeant vers la salle de concert, je tombe sur Patrick O’Dell, mais n’ai pas la moindre idée de ce que j’ai pu lui raconter. Pourtant, j’en ai pissé des lignes sur son compte…
À l’intérieur, The Goat a commencé. Le pogo également. Collé à la scène, nous hurlons, tapons les enceintes, piquons les bières qu’abandonne le groupe. Luh Dat Shit !
Bad Shit, déchaînéS. Un « S » qui met le groupe et le public dans le même bain. Neckface pointe un aérosol vers la flamme d’un briquet et manque de brûler la batteuse qui explose une canette sur son instrument. Fin du set, tout le monde quitte la salle pour se rafraîchir avant Dinosaur Jr. Le vigile tourne le dos, Grég et moi escaladons la scène et filons en backstages. Nous buvons des bouchons de whisky avec Spanky, discutons avec Shane et Beagle, tandis qu’une groupie détourne Dollin et que Neckface hésité entre deux laiderons. The Boss est extra-terrestre. Il ne parle à personne et fait penser à ces gamins propulsés dans un monde de grands, qui n’y trouvent pas leur place et se raccrochent à la seule chose qu’ils comprennent : leur planche.
Une autre soirée nous éloigne de l’after. Triple shake (Junt) pour dire au revoir (deux fois avec le plat de la main et la troisième avec le poing fermé) et en avant les souvenirs !
Le lendemain, mon pote Elvis qualifiait la soirée de « retour à la jeunesse éternelle ». Je lui emprunte sa tirade et appuie sur « publier ».

Par Foucauld

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La mort du sommeil

Wednesday, June 29, 2011

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Toutes les Russies étaient à la cuisine. Des petites, des grosses, voire colossales, des grandes maigres… Et qui sifflaient ! Le Label 5 n'était qu’un petit vin clairet. Elles mélangeaient tout, en buvaient dans des pintes Jupiler. Elles dansaient, aussi. Des choses sombres, comme on découvrirait le métal à Kaboul ou les riffs après la chute d’un mur. Elles dansaient la mort du sommeil, ou le retour vengeur de la concierge. Et elles ont suicidé le poisson, le nourrissant à outrance. La Grande Bouffe des vertébrés aquatiques.

Par Foucauld

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European highlight

Friday, June 24, 2011

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“I love English accents. When you meet someone you like, they can instantly give you that “this is my soulmate” feeling. They can make you feel like YES you could actually live here, and YES it could be forever and that even though you don’t use words like “love”, this is exactly how it was intended to be used. It’s actually those Nordic and German accents that make you feel like a tourist. Even before her mascara has stained your pillow, you know that this will be nothing more than one of those stories that you will embellish when you get back home, and quickly forget. At least the French accents (which are just as “tourist-feeling” invoking), at least they make you feel like you’re doing something poetic when you fuck. You’re in a one night stand in your own 90 minute ‘new wave’ movie. This moment is a European highlight that will challenge all your philosophies about sex, love and Marxism. The next day, you will wake up and have a cigarette.”

Merlin Bronques, Last Nights Party

(Photo : Lara Stone par Alasdair McLellan pour Self Service)

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Death on Credit

Friday, June 10, 2011

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Mon amie Svetlana se lâche sur du punk comme je me lâche sur les sacs de frappe, seul instant où je trouve le sens du rythme, mon sens du rythme. Pourtant, quelques minutes auparavant, nous parlions littérature, Bukowski et Céline, Death on Credit. Comment ressent-on Céline en anglais ? Svet’ ne se pose plus la question lorsque Jack Of Heart est annoncé dans la cave du Lautrec. Headbanging. Ses cheveux peroxydés fouettent l’air, chassant les cordes de guitare qui pètent, évitant les assauts d’un chanteur en slip et bas résilles. Pendant ce temps, je retiens mes lunettes qui menacent de tomber et d’autres font des batailles de verres d’urine. L’autocollant « non fumeur » qui surplombe la scène est arraché et remplacé par un « RETARDED », Futura Bold Italique sur fond bleu, collé à l’envers, comme il se doit. Lorsque le chanteur fonce vers la foule pour un solo final, je baisse la tête et mon regard croise les pieds de Svetlana, tatoués d’un cœur rouge. Indélébile.

Par Foucauld

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Je skide avec les mots…

Monday, June 6, 2011

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Lille la nuit, ses larges avenues désertes. Foncer, foncer, foncer vers l’inconnu. Faire la fête jusqu’à sept heure, rentrer avec cette saloperie de jour qui recommence à venir trop tôt, retourner sa veste et le célébrer en montant sur le toit. De là, hisser les enceintes par la fenêtre puis laisser la Mafia K’1 Fry cracher : « Ceux qui auront compris que la vie et ce que t'en fait jusqu'à ta mort / La vie n'est pas un film dont ton quartier serait le décor ! ». Qu’y a t-il de mieux qu’un alley cat en dix checkpoints pour découvrir une ville, un nouveau décor ?
Mollets à l’air, casquette Shake Junt et tête dans le guidon pour la Café Racer, c’est le retour de bibi sur le semi-course paternel. « Vas-y Pantani ! » me crie un facétieux. « Le Pantani de la gueule de bois, ouai ! » aurait pu dire Grég de PMC, courageux compagnon de galère au milieu des Cinelli Mash. Ensemble, nous ne ramons pas mais pédalons sec. Étape par étape, à force de suivre ceux qui connaissent la ville, Aurélien, Gildas et moi finissons dans les dix premiers. Le gain ? Une série de tours de piste pour nous départager. Septième. Encore vert le vieux !
Fin des hostilités, retour à la fraternité. Nous roulons en peloton, acclamés par les clients des baraques à frites. Noki éclate son troisième pneu du week-end, le répare, puis direction Sequedin et L’Archelois, un sympathique établissement disposant d’un barbecue et d’une pompe à bière. Les vainqueurs sont célébrés et la ripaille commence. Le bar fait son chiffre pour les dix ans à venir, jusqu’à ce que l’orage éclate. Razzia sur les sacs-poubelles, la troupe parade en poncho de fortune et file en after chez Gloria.
Réchauffé au gin & tonic, un petit futé dégotte un vélo d’appartement. La musique est à fond, un batteur accompagne la sono. Trois personnes sont obligées de tenir la malheureuse bécane pendant qu’à tour de rôle nous pédalons à nous en faire éclater le palpitant. « Le gagnant se fait tatouer la date ! » dit l’un. « J’sais même pas quel jour on est. » lui répond un autre que l’excès de Goudale pourrait pousser à commettre l’irréparable.
En retrait, Noki philosophe. « Ça, c’est du temps gagné sur nos vies » me dit-il à quatre heure du matin. Il y a de ça. Foncer en parallèle de l’existence que la société nous pousse à mener et, une fois centenaire, regarder en arrière en citant Willa Carther : « Nous avons possédé ensemble le précieux, l’incommunicable passé. ». À notre échelle, peut-être est-ce simplement se coucher mélancolique après tant de P.A.S.S.I.O.N. Non, c’est idiot. Il faut plutôt écrire. De toute façon, on ne dort pas, on fait des siestes !

Par Foucauld

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Irène Erotic Fanzine

Friday, June 3, 2011

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Il y a longtemps, un anonyme avait commenté la Conjuration en me conseillant vivement de laisser tomber les critiques gastronomiques au profit du skateboard. J’avais sagement suivi ses recommandations, mais aujourd’hui, je suis désemparé. En effet, que faire lorsque vous êtes invité au dîner d’Irène Erotic Fanzine ? Passer à la trappe le somptueux menu spécialement conçu pour l’occasion par un chef londonien ? Oublier les soupes froides de betterave au gingembre et à la cannelle ? Expédier aux oubliettes le magret de canard, son foie gras poêlé, sa purée à la vanille et sa sauce miel et cerises ? Quelle injustice ! Surtout que la soupe était accompagnée de pain d’épices et qu’une panacotta aux accords d’orange était servie en dessert…
Déguster est une chose importante, mais nous étions conviés pour échanger. Il y avait là de hautes sphères graphiques, ces messieurs du Collectif 5.6, des demoiselles oeuvrant dans la lingerie, d’autres dans l’histoire de l’art et même une propriétaire de cocker non castré amateur de mort au rat. Un curieux mélange qui finit par communier à grand renfort de vin rouge. Les phantasmes de Reiser furent évoqués, tout comme les souvenirs d’enfance, les graffitis polissons, la paranoïa de certains modèles, les lapins posés au Champollion, les poèmes d’Henri Cantel, l’art de la feuille de rose… Rien n’est plus semblable à un cul qu’un autre cul. Mais comme dit Marielle : « Quelle génie il faut pour peindre ça ! ». À vous, blasés, retrouvez les joies des rayonnages interdits, des illustrés polissons mal cachés par votre père, « l’enfer » de sa bibliothèque. Isolez-vous, sentez-vous délicieusement coupables et feuilletez Irène. Le prochain numéro arrive bientôt et vos draps s’en souviendront

Par Foucauld

Pour lire Irène en ligne

Pour devenir fan.

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Zanzibar

Tuesday, April 26, 2011

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5:55 is the limit. Selon les noctambules, c’est l’heure à laquelle la nuit doit s’achever. Au-delà, elle basculerait dans le sordide. Ce fut celle de mon réveil. Il faut être fou pour se lever avant sept heure. C’est forcément mauvais pour la santé. Les rues sont désertes, les magasins fermés. Seul le marchand de primeurs ne l’est pas. Une botte de radis pour petit-déjeuner ? Vous vous sentez gourd comme après avoir bu trop de whisky dans un environnement surchauffé. Quelle plaie de vivre cela. Mais vivez-vous ? Un rapide coup d’œil au miroir d’une vitrine pour vous en assurer. Vous avez bien les pieds sur terre et une tête grotesque coiffée de mèches humides, aux traces de peigne visibles, mal rejetées sur d’insolents épis. Le café fait grouiller vos entrailles. Ce noir sabbat et une punition. Voilà ce qui arrive aux inconscients qui privilégient la facilité lyophilisée du Nescafé à un Blue Mountain extrait par Bialetti. Vous baissez les yeux, pour dissimuler votre honte aux passants qui ne passent pas encore. Seules les pointes glacées de vos richelieus vous égaient. Les souliers cirés ont été inventés pour remonter le moral des troupes. Là-bas, au bout de la rue ou loin derrière, le soleil est une promesse. Zanzibar.

Par Foucauld

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L’esprit du temps

Friday, April 22, 2011

Woody-Allen

Quelques habitués tuaient le temps sur des tabourets de bar, étirant leurs cafés, jouant avec les sucres délaissés. La quiétude de l'après-midi faisait un mariage heureux avec le best-of de Chris Rea diffusé par d'invisibles enceintes. Je piochai une Marlboro Light dans un paquet oublié et repensai à Camille. Elle était venu s'asseoir à mes côtés pendant le lancement de Zeitgeist au Tokyo Art Club. Les faisant défiler de son index, elle me montrait des photos de femmes nues dans des parkings. Était-ce sa croupe sur l'écran de l'iPhone ? Un homme s'approcha, se saisit de la jambe de ma voisine et engloutit le talon de ses escarpins, tout en la regardant droit dans les yeux. Je n'ai même pas bronché. Quand elle est parti nous chercher deux coupes, elle a soulevé son débardeur et montré un sein au vigile qui est resté de marbre. Avons-nous rêvé lui et moi ?

Par Foucauld

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