Pierre Gonnord et la porcelaine
Thursday, February 4, 2010Les photographies de gitans par Pierre Gonnord, Séville, contrebalancées par les expérimentations en porcelaines de Kuehn Keramik, Berlin.
Par Arnaud
Comments (0) UncategorizedLes photographies de gitans par Pierre Gonnord, Séville, contrebalancées par les expérimentations en porcelaines de Kuehn Keramik, Berlin.
Par Arnaud
Comments (0) UncategorizedL’acquisition d’un premier couvre chef chez Lock & Co est pareille à un dépucelage au bordel. On s’y rend plein d’assurance, persuadé de connaître le mode d’emploi, de savoir ce que l’on souhaite, puis on arrive devant la porte et c’est une autre paire de manches…
Au 6 Saint James’s Street, la devanture est moins tapageuse que je ne l’imaginais, mais plus intimidante : depuis 1676, tant de têtes couronnées (la marque possède les Royal Warrants du Prince de Galles et du Duc d'Édimbourg) et célèbres franchissent cette embrasure de bois déformé pour acquérir un melon ou une toque d’astrakan, un haut de forme ou un panama.
Toutefois, lorsqu’on a plus de quatre cents ans, on n’a rien à prouver ni à masquer par un luxe inutile et tapageur. L’intérieur est simple. Une première pièce présente un ensemble varié de chapeaux, ainsi que quelques cannes et foulards. Un couloir mène à une autre pièce où les casquettes sont cousues et montées à la main, avant d’être classées par modèle et par taille dans un second couloir. L'étage est réservé à la collection femme.
Je venais pour une Gill pattern 7, forme et couleur mûrement réfléchies chaque jours pendant un mois, mais la réalité était toute autre. Comme une demoiselle dont on fantasmait la ligne d’un sein et le regard aimant et qui découvre des attraits communs et un accent de charretier, la casquette que je désirais se révèle plus effilée, plus longue, au tweed grossier importable en ville. Rien n’allait plus sauf mon désespoir. Avais-je traversé la Manche pour rien ? Repartirai-je sans l’objectif de ma venue ? Pourrai-je soutenir les regards de mes amis après pareille déconvenue ? Et le mien dans un miroir ?
Je passais les commandes de deux membres de mon club d’épicuriens restés à Paris (une Bentley pattern 1 et une Sandwich constituée d’une alternance de points bruns, jaunes et bleus) puis j’essayais trois modèles dans une bonne dizaine de coloris sans parvenir à faire mon choix.
La queue basse et la larme à l’œil, j’en vins à demander conseil à madame la patronne, mère maquerelle de ces divins couvre chefs. Un simple coup d’œil à mon visage lui permit de comprendre ce qui s’harmoniserait avec mon menton proéminent, mes bésicles hors d’age et ma moustache rousse : une Muirfield pattern 3. L’évidence était telle que je la niais. Je revenais à d’autres teintes, refusais tant d’audace mais à chaque fois que je la réessayais toutes les autres étaient effacées.
Je suis sorti de Lock & Co un peu déboussolé, tenant un sac flanqué du mythique logo, riant nerveusement mais conscient que j’étais à présent un autre homme. J’immortalisais ce fantasme devenu concret puis parti vers d’autres rêveries dans la boutique de gauche, un certain John Lobb qui chausse uniquement sur mesure les mêmes têtes venues se coiffer à côté…
Par Foucauld
(Photo : Ruud Van Empel)
Je n'ai jamais su profiter de l'ivresse qui précède les voyages. J'appartiens à une race d’hommes qui attrape les trains en marche et ne prépare pas ses périples ; si jamais je possède un plan, je ne l'ouvre que lorsque l'avion amorce sa descente ou que le train entre en gare.
Prendre l'Eurostar c'est comme passer au pédiluve avant d'entrer dans le grand bain. Plus qu'on ne se débarrasse de ses microbes, on s'acclimate. Même cela je ne sais pas le faire, comme si un invisible imperméable me protégeait de la douche.
Je n’entre dans les gares que suant sous mes cashmeres, portant ma valise dont je ne supporte pas la lenteur des roulettes, remontant mes lunettes qui glissent sur mon nez, tout en agrippant passeport et billet.
Je n’ai pas le temps d’apprécier la qualité des réclames Comme Des Garçons Shirt, inexistantes à Paris. L’embarquement de l’Eurostar est l’antichambre de la suprématie anglaise en matière de goûts vestimentaires.
Une fois dans le train, mon entourage est davantage constitué d’anglais rentrant au bercail que de français tapageurs, heureux d’aller se faire péter la ruche dans quelques Ministry of Sound. Leur langue m’isole et me permet de courir par écrit après cette excitation que je n’ai pas connue en prenant le temps. Je me souviens et griffonne :
Je suis allé à Londres une fois. J’étais boutonneux, perdu dans une veste de treillis trop grande et les pieds humides dans des Converses éventrées. J’écoutais les Libertines dans un discman Philips et j’étais puceau d’infini. Une masse informe et molle qui croyait se protéger à coups de certitudes. Un monceau de bêtise noyé dans un excès de sébum. Puisse Her Majesty the Queen me laisser une nouvelle chance avec ce périple…
Par Foucauld
(Photo : Cat Power par Jason Nocito)
Comments (0) VoyagesCe film laisse assoiffé de lenteur ; on aurait aimé être Serge l'espace d'un instant, avoir Bardot pour soi, se faire décapsuler la raison par ses dents du bonheur.
Par Foucauld
Comments (0) CinémaDimanche s’emplit comme il peut. Ce dernier fut littéraire, en allant deux fois à contretemps des sorties du monde de l’édition. J’ai tout d’abord dévoré le mythique Rose Poussière, premier roman de Jean-Jacques Schuhl, au lieu de lire son Entrée des fantômes, qui vient d’être publié.
J’en ai tiré trois phrases que j’ai envoyé au physio du Tigre, maison de nuit rock n’roll où je termine bien trop de soirées.
« Ici, passé la porte, les laides sont presque belles. »
« (..) tout ici défait maintenant. »
« mais que veut dire la démarche du tigre ? »
Le second contretemps fut celui de Nicolas Rey, qui publie actuellement Un léger passage à vide. En fouillant dans mes placards, je suis retombé sur Treize minutes, son premier roman lu au temps des acnés tenaces et de la mélancolie. À l’époque, j’en avais regretté l’acquisition. Trop de connards d’école de commerce, de whisky au litre et de chattes lacérées. En le relisant, j’ai été étonné de ne pas être parvenu à repérer ce genre de phrase, qui aurait dû toucher ma sensibilité adolescente :
« (…) j’ai réalisé qu’au bout du compte, la grâce était trop remuante pour tenir dans une œuvre. Qu’elle se cachait plutôt dans la façon dont une jeune inconnue pouvait porter un verre d’eau à ses lèvres. »
Puisque ces temps-ci je vous ennuie souvent avec des livres, je compense ce post avec Me And The Devil, la dernière vidéo de Gil Scott-Heron. C’est assez chouette, on y voit les Brooklyn Banks et des monstres peints en blanc sur des peaux noires.
Par Foucauld.
Comments (0) Littérature« Dans le métro, face aux clochards noctambules de la grande ville, je m’adonnai à une de ces séances de profonde introspection, chères aux héros de romans modernes. Comme eux, je me posai nombre de questions inutiles, de problèmes qui n’existent pas ; je tirai pour l’avenir des plans qui ne se réaliseraient jamais ; je doutais de tout, y compris de ma propre existence. Pour le héros moderne, la pensée ne mène nulle part : son cerveau est un évier à eau courante où il lave les légumes détrempés de l’esprit. Il se raconte à lui-même qu’il est amoureux et, assis dans le métro souterrain, il essaie de ruisseler comme un égout. »
Henry Miller : "Sexus"
Par Foucauld
Comments (0) LittératureInvité par un de mes amis, je me suis rendu à une conférence donnée par Frédéric Beigbeder à l’ESCP. Pendant une bonne heure, l’écrivain germanopratin a tenté de compenser par sa prestance et quelques boutades cet échange relativement mal préparé par les animateurs. Ses réponses aux questions du public furent somme toute bien plus intéressantes.
Après la conférence, nous avons boycotté le cocktail et sommes descendus dans les tréfonds de l’école pour écluser quelques bières dans un bar enfumé. Très à cheval sur le savoir vivre, je ne tardais pas à me lever pour payer la petite sœur de la tournée offerte par mon pote. Le fût devant être changé et débarrassé de son excédant de mousse, je dus attendre plus que de raison pour obtenir mes pintes. Lorsque je revins, Frédéric Beigbeder se tenait sur mon fauteuil, répondant à quelques peignes-culs bien décidés à l’enfermer dans son rôle de trublion fêtard et amateur de substances alcoolico-stupéfiantes. Je me tins à ses côtés et lui fit part de mes velléités d’écriture. Admirable, il prit mon carnet de pensées et inscrivit sur la couverture : « Continuez cher Foucauld et un jour vous prendrez ma place » avant de le dédicacer.
Chacun à sa manière peut mesurer le pouvoir du temps et la force de la vie. Lorsqu’à dix-sept ans je vendais des cravates et mettais à profit mes pauses déjeuner pour lire debout dans les librairies les ouvrages que je ne pouvais m’offrir, découvrant Dernier inventaire avant liquidation ou Mémoires d’un jeune homme dérangé, jamais je n’aurais espéré obtenir cet encouragement personnifié. Désormais, je suis comme Édouard Baer, le Jean-Georges des trois premiers Beigbeder : je dis merci à la vie, je chante la vie, je danse la vie.
Par Foucauld
Comments (6) LittératureEt pourtant je m'étais juré de ne jamais imposer une de ces mauvaises vidéos volées à bout de Iphone dressé. Mais que faire ? Attendre qu'ils nous offrent un DVD propret ? Impossible. Une vidéo à l'image médiocre et au son défaillant, que l'on consommera comme on consomme cette mauvaise nourriture servie emballée de papier kraft : on rechigne un poil mais quand on y est on hoche la tête de satisfaction.
Par Arnaud
Comments (0) UncategorizedPlus grand chose à raconter sur Ryan Mcginley. Trois images produites pour le magazine MUSE.
Par Arnaud
Comments (0) Photographie
"Mais les dangers les guettaient de toutes parts. Ils auraient voulu que leur histoire soit l'histoire du bonheur; elle n'était, trop souvent, que celle d'un bonheur menacé. Ils étaient encore jeunes, mais le temps passait vite. Un vieil étudiant, c'est quelque chose de sinistre; un raté, un médiocre, c'est plus sinistre encore. Ils avaient peur."
"L'un après l'autre, presque tous les amis succombèrent. Au temps de la vie sans amarres succédaient les temps de la sécurité. Nous ne pouvons pas, disaient-ils, continuer toute notre vie comme ça. Et ce comme ça était un geste vague, tout à la fois : la vie de patachon, les nuits trop brèves, les patates, les vestes élimées, les corvées, les métros."
Georges Perec, "Les choses"
Par Foucauld
Comments (0) LittératureQuand l’inspiration ne vient pas, je m’amuse à faire des photos de potache. Je pose sur ma table de travail le pavé « À défaut de génie » de François Nourissier et l’accompagne des bouteilles de vin que l’on m’a offert pour le jubilée de la naissance d’un Sauveur dans une mangeoire. À défaut de génie, on boit du Chablis !
Puisque Tibet est décédé, j’ai décidé de rendre hommage au créateur de Ric Hochet en m’offrant une nouvelle paire de boots, les mêmes que son héros. Malheureusement, la neige m’empêche de les porter et de frimer comme Allureux Miela en sortant de chez Connivences…
Pendant ces quelques jours de congé, je me suis plu à lire « La Robe Prétexte » de Mauriac dont voici deux extraits tout à fait plaisants pour qui émerge de l’adolescence ou aime à se souvenir de l’âge des grands troubles :
« Avec un adolescent délicat et cultivé, la suprême rouerie d’une femme est de garder le silence, parce que la plus sotte a parfois des regards d’infinis. »
« Et voici qu’une inquiétude me troublait. Je n’avais pas su lire en elle, au-delà des apparences. À mon insu, je commençais d’inventer pour cette petite morte une légende. Absente, je pourrais là créer de nouveau selon mon cœur, pour qu’elle ne fût pas indigne de mes larmes. »
Par Foucauld
Comments (0) LittératureIl n’est pas facile de savoir ce que ressentent ces demoiselles après avoir été déflorées ni comment elles affrontent leur nouvelle féminité après le passage du mâle mais grâce aux bons conseils de Miss Hyacinthe Phypps, le premier accès aux joies de la chair a dû être une broutille pour toutes ces jeunes filles averties avec humour. Voici un florilège de situations aussi variées que le sont les hommes et la manière de réagir post-coïtum.
Par Foucauld
Comments (0) LittératureCette histoire traînait au fond de mes onglets : en Ukraine, retranchées dans les Carpates, vivant dans une autarcie quasi-absolue, 150 filles jouent les amazones en tshirt Yulia Tymoshenko, tout droit réservé. Jours après jours, les dames se castagnent allègrement selon les règles de l'art martial qui leur sert de nom : l'Asgarda. Se jeter dans l'eau froide et se raser la moitié du crâne pour s'émanciper des hommes, défendre leur autonomie la faucille cachée dans la culotte, Planet nous raconte l'histoire de la bande de fille la moins frileuse d'Europe. Des putafranges moyenâgeuses photographiées par Guillaume Herbaut.
Par Arnaud
Comments (1) UncategorizedPour ceux et celles qui ne comprendraient pas la fine magie d'Avner : des arbres morts, des animaux sauvages filmés au ralenti, un trio d'apprentis chasseurs servant de gibier et une morale toute pleine de sucre sur la fin.
Par Arnaud
Comments (0) UncategorizedAvner chante une langue froide, danse à moitié nu dans un palais, se peint le visage et pour tout ça sauve les lendemains de noël. Merci Avner.
Par Arnaud.
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