Hier après-midi j’ai relu la biographie en bande dessinée qu’Artus de Lavilléon a réalisé pour Jean-Charles de Castelbajac. Mêlant à la fois l’histoire du créateur et celle du dessinateur, elle m’a donné envie d’en savoir plus sur cet Artus. Je connaissais ses illustrations pour Ill Studio, la Galerie Patricia Dorfmann ou sa part dans la création de mon livre de chevet adolescent (Tricks Skatemag, avant Sugar et Kingpin) mais c’est tout. Comme dit Booba « Tu ne sais pas qui je suis ? Google moi, enculé ! » Dont acte. Sur son site, sorte de bordel désorganisé, on trouve une foule de liens sur la vie et les diverses productions de cet autoproclamé « Loser ». Vidéos rétrospectives, concept store, shooting de skate, blog ou création d’un mouvement artistique : l’Art Posthume. Voici quelques phrases du manifeste de ce dernier : « L’art, c’est un environnement et une sensibilité, l’art c’est la vie. Votre vie, votre environnement, votre sensibilité. » ou encore « L’art est donc le seul domaine qui ait atteint son absolu, c’est-à-dire le domaine de la création pure. Le seul domaine où l’homme peut se vanter d’être l’égal d’un dieu, et ou il peut créer librement, et sans contraintes. » Les créations (et donc la vie) d’Artus devraient inspirer plus d’une personne. Bien des « artistes » s’évertuent à considérer leurs œuvres comme un « job alternatif ». Ils devraient plutôt considérer leurs vies comme une toile où l’on retrouverait tout ce qui les fait homme : joies, peines, doutes et lumières, insomnies et fainéantises, angoisses et certitudes. Dans celles d’Artus, on roule en skate, tente un tricks, se vautre, recommence, réussit, sort, picole, trouve l’âme sœur pour un soir ou quelques années, photographie, peint, ne fait rien, imagine, archive… Incohérences des plus cohérente.
Nous n’avons d’absolu que notre branlardise. Car nous sommes : Les fils de vos putes, de vos pds, de vos patrons et de vos jardiniers L’air de votre air La liberté de votre liberté Le mépris de votre mépris Nous-mêmes. L’art posthume encule l’art contemporain. L’art, c’est la vie. Notre vie, à nulle autre pareille. S’en revendique qui veut.
Now Wow (comme la chanson des Kills) est un studio de création australien basé à Melbourne. Il édite un magazine appelé Won qui est plutôt chouette. Actuellement, ils ont entreprit de développer un nouveau projet baptisé Desktop-Desktop. Il consiste à demander à des créatifs une photo de leur bureau (la pièce) et une de leur bureau (fond d’écran). Un mélange entre Where We Do What We Do (les bureaux des créatifs) et Trente Six Quinze Magazine (les fonds d'écrans).
Par Foucauld
(Le fond d'écran de Thomas Subreville du Ill Studio)
Après plusieurs posts d'informations, j'écris celui-ci pour le plaisir et par nécessité. Vous n'y apprendrez rien d'édifiant mais les belles histoires fonctionnent à tout âge. Celle-ci est courte car je peine à me souvenir de tout. Peu importe son incohérence, l’hommage est rendu. Hier soir, un garçon prénommé Jules recevait en sa demeure. Je tairais son nom par égard pour sa vie privée. Apprenez cependant que son patronyme accolé à son prénom offre une consonance des plus agréables et une majesté, digne de renommer un boulevard ou un lycée public. Le dit Jules vit seul dans ce qui fut la bibliothèque marxiste du XIIIe arrondissement. 150 m 2 dépouillés de leurs livres et donc de leur âme. Il fallait bien leur en recréer une. Ce furent les notres qui y travaillèrent. Entassés sur trois niveaux, nous évoluions au gré de nos aspirations musicales ou des fluctuations des cours du whisky. Le rez-de-chaussée était sous l’égide d’Herenstein qui faisait crier les filles avec l’aide de la Compagnie Créole. Le premier étage tremblait sous les assauts d’Arnaud et Simon en double DJ set. Le second étage et sa terrasse étaient réservés à des échanges en principe plus calme. En homme prévenant, Jules avait plastifié sa literie afin d’éviter les planisphères. Ces précautions ne servirent pas à grand-chose, les couples pressés préféraient s’accoupler ailleurs. Ce fut le cas avec un brave type qui entreprît de butiner bobonne contre le mur de la terrasse. Je crois qu’elle n’a pas tellement apprécié le passage de la théorie à la pratique du « fistfucking ». Ce sont ses « fists » qu’elle se mit à utiliser, mais pour taper cette fois-ci. Les acolytes de son partenaire rappliquèrent et nous filâmes en bas, dans un environnement plus sain. Un tunisien binoclard venait de s’incruster et passait le live de Khaled au Pyramides du Caire. Ce fut ensuite Faudel et Quentin nous fit taper dans nos mains en hurlant des youyous :
Une soirée bien orchestrée peut vous emmener loin. Alors que nous errions sur les hauteurs du Mont Atlas par la pensée et les chansons, le bel A.L.I, au lieu de rentrer se coucher dans son lit à Belleville, s’est retrouvé perdu à Trappes. Ses trois lettres et lui-même firent trempette dans une piscine avant de manger une pizza au chèvre, copieusement arrosé d’huile. Vie, mort et résurrection de l’Eristoff Black.
Aujourd'hui, je prends le contre-pied de Foucauld. Avec Jerry Hsu, il illustrait cet esthétisme propre aux défauts, au manque de contrôle, à l'instinctif. Là, rien à voir, on parle travail, construction, attention maniaque portée aux moindres détails. Chez Erwin Olaf, la maîtrise est totale. Deux formes de voyeurisme s'affrontent. L'une, volée à la rue, à la "vraie vie", l'autre mise en scène, travaillée à la perfection. Le photographe hollandais, qui parle anglais avec cet accent particulier, ce Karl Lagerfeld's accent (sorte de ramolissement des voyelles), se démène pour explorer les excès de notre mode de vie, en produisant lui même des images excessivement consciencieuses. Un monde d'excès donc, où les grands-mères tentent de rester sur un terrain de jeu dont elles ont été exclu depuis longtemps, où les fêtes orgiaques ont un arrière goût de désespoir, où la consommation du luxe semble s'apparenter à une étouffante démonstration de force infantile, un peu à la manière de ces garconnets qui "se la montre" dans les toilettes de la salle de gym, pour déterminer qui sera le plus fort. Mais, il n'est pas dupe, ces excès ont toujours existé, et c'est peut être ce qu'il veut souligner lorsqu'il reprend, dans une de ses dernières séries, "laboral escena, Gijon, Spain", l'iconographie des grands maîtres Baroques. Et dire, que l'homme a failli finir journaliste et qu'il a fallu qu'on lui coince un appareil entre les mains pour qu'il se mette à travailler sérieusement.
Lorsqu’il skate pour Enjoi, Jerry Hsu n’est pas du genre à taper des switch nose blunt slide sur des rails de vingt-cinq marches (même s’il sait le faire). Il préfère exploiter ce que personne n’avait pensé à exploiter dans l’architecture. Il invente des sorties de tricks, des manières de taper des wallrides ou de remonter un handrails. En photo c’est un peu la même chose, mais les êtres vivants remplacent l’architecture. Dans un environnement difficile voir sordide, il sait fixer sur sa pellicule la touche d’humour ou d’absurdité d’une situation. Dans des endroits ou seul un skateur se rend délibérément et pour son propre plaisir, Jerry Hsu se fout royalement de travailler proprement ou d’obtenir de magnifiques couleurs délavées à l’aide de pellicule périmée. Son appareil prolonge son œil. Noir, blanc ou coloré, clic, clac c’est dans la boite. Sa vision du monde s’impose d’elle même, tantôt en sautant aux yeux, tantôt dans les détails. Une pauvre femme urine debout dans la rue ? Il nous montre à quoi notre monde moderne réduit ses habitants. Des gamins sniffent de la colle ? Leurs regards malicieux nous font oublier le sordide de la situation. Jerry Hsu va au zoo ? Il tire le portrait d’un mammifère marin fantomatique, à l’expression atrocement humaine. Le monde de Jerry Hsu est un monde d’estropiés, de drogués, de rachitiques. Un monde de pisse, de sperme et de sang, de larmes et des éclats de rires de bouches au chicots pétés. Bienvenue dans la vraie vie.
Je savais que je ne regretterai pas d'avoir passé près d'une dizaine d'années à chauffer les bancs de mes classes d'allemand, pour, au final, ne pas pouvoir commander un Kebab correctement.
Ici, ma récompense prend la forme d'un grand dadais entouré de trois nymphettes élancées. Petit prodige de la mélodie, Andreas Dorau a été, aux côtés de la divine Nena ou de D.A.F, l'un des plus fier leader de la NDW (Neue Deutsche Welle, nouvelle vague allemande dans le texte). Cette ritournelle, Fred Vom Jupiter, resta, excusez du peu, 18 semaines au hit parade teuton, lors de sa sortie en 1982.
Croyez moi, un beau jour les chorégraphies affectées reprendront le pas sur l'agitation frénétique des gamins fluorescents et cher Mr Darcos, osez mettre Andreas au programme et je vous promets des salles d'allemand bourrées d'élèves consciencieux.
Au lieu de m’épuiser, une nuit d’insomnie m’a donné une certaine rage pour tabasser cette journée. Je passe outre certaines obligations et plonge dans l’océan Internet pour visionner les battements de cœur du monde en ce début de semaine. Je découvre ce site, Love Bryan, un type qui tient un blog sur NYC sur Fecal Face. Il vient de poster les photos d’une session de skate noctambule. Un court paragraphe les accompagne. Tout est dit : "It's been a long time since I went skating at night. Especially in winter. It sounds miserable but it's incredibly liberating. It's quiet; no one's out. The bloodflow keeps you warm. You don't have to worry about meeting girls or being at the right bar. Just push and roll. The way you cut through space and time and light, you'd swear you own the night."
Pour appuyer ses dires, je citerai Michel Déon dans "La Tombée du Soir" :
« L’homme qui, la nuit, marche dans une ville endormie est un roi absolu, un divin ordonnateur, le bénisseur des mystères noirs, le dissipateur des clairs-obscurs hypocrites, le trouble-fête des amours félines et du festin des rats plongés dans les poubelles. »
En attendant la nuit, je pars courir les rues. Bonne journée.
En passant chez OFR pour faire le plein de magazines, j’ai mis la main sur un grand fanzine gratuit : ANPQ (Artist Network Program Quarterly), produit par la marque de skate arty RVCA. Plus qu’une marque de fringue avec un team skate, RVCA est un peu la version commerciale de Beautiful Losers. Au-dessus de la valse biannuelle des tendances, RVCA voit la vie comme une grande image dont les acteurs ont pour point commun leur intégrité et leur volonté de pousser au maximum les limites de la créativité, quels que soient leurs domaines. RVCA chapeaute ainsi des skateurs comme Leo Romero, Spanky et Cairo Foster, des artistes comme Ed Templeton et Chris Johanson ou des musiciens. ANPQ est un peu la synthèse de tout ça. Photos amusantes ou terrifiantes d’univers pas toujours roses, illustrations trash, interviews édifiantes et réflexions sur cette contre-culture passionnante. Allez le chercher, c’est gratos et ça vaut le coup.
Dans les années 90, quelques ados américains se mirent à créer des oeuvres qui reflètent leur mode de vie. Influencés par le skate, le graffiti, le street wear et la musique indé, ils ont commencé à créer sur différents supports et médias qui ont contribué à définir une esthétique unique, celle des Beautiful Losers.
Leur point commun ? Le sens de l'absurde et une éthique fondée sur le do it yourself.
Après une exposition itinérante et un livre dont personne ne s'est encore remis, un film à vu le jour. Sa projection est également itinérante. Nous devons nous contenter pour le moment de ce trailer.
Tout ce petit monde est chapeauté par Aaron Rose. Deux perles le concernant sont sortie récemment. Son interview sur Slamxhype et des photos de sa maison sur The Selby. Imaginez les oeuvres qu'elle recèle…
Face à ces corps difformes, ou plutôt « over-formes » photographiés par Martin Schoeller, la première question que l’on se pose est : « pourquoi ? ». À vrai dire, je serais bien incapable d’y répondre. Ce qui est perturbant c’est de voir leurs regards. Ces femmes semblent s’excuser de leurs corps. J’imagine qu’elles sont des épouses, des mères, des sœurs. La sortie des écoles doit être un bien curieux spectacle, lorsque ces superwomen viennent apporter le quatre heure de leurs morveux… Sont-ils aussi costauds que leurs mères ? Si c’est le cas, les récréations ne doivent pas être tristes !
Certains y sont rentrés par les souterrains, outre-Manche, moi, c'est avec Berlin que j'y ai goûté, enfin, par disques interposés. La "musique électronique". Ca devait être un peu après 2003, avec Berlinette d'Ellen Allien. A cette époque où on n'osait pas trop traîner sur les grands boulevards, Bpitch représentait ces grandes esplanades vides, dallées de bitumes, ces fêtes cachées sous terre, celles qui ne s'arrêtaient jamais.
Je dois avouer qu'avec le temps, j'ai moins suivi l'écurie, j'ai laissé des marges, je suis allé voir ailleurs.
Ce soir, pourtant, je retombe dans le casque, avec nostalgie: un ami vient de m'envoyer le B.O de Berlin Calling, où celui qui, à mon avis, a longtemps dominé ce label, joue son propre rôle. Paul Kalkbrenner, sorte de Monsieur Propre taciturne et efflanqué, veille sur sa ville, avec sa musique aux paradoxes assumés: compacte et subtile, brutale mais élégante, complexe avec naïveté. Allez, j'arrête avec les adjectifs, il est tard, et je conclus. Cette ville est magnétique, lui l'est juste un peu plus.
Un peu bête, assez méchant, Sexy People a sauvé mon mardi matin.
En cherchant le portrait parfait, on découvre que les chercheurs au MIT font des enfants ensembles, que datA n'a pas eu à chercher bien loin pour trouver ses pochettes, que les coiffeurs des années 80 ont tous eu la même vision et que rien ne vaut la sensualité d'une fille des 90's. Le mullet est éternel.
Il est allemand, elle est née à Prague et à eux deux ils ont réussi à me faire ressentir quelque chose que j'avais oublié depuis Shining: l'angoisse du gosse, la terreur des marmots, la frousse des petits. René et Radka travaillent ensemble depuis 2000, ils ont collaboré avec diverses marques, produit un nombre incalculable de pubs (la Miss Sixty avec les gamins, c'est eux), de séries de modes plus ou moins inspirées et au milieu, paf! cette série où ils mettent en scène de terrifiants bambins, hagards, figés dans des poses qui n'annoncent rien de de bon. Cette gamine sur sa balançoire statique, la tête plongée dans les genoux, ne laissant pour tout visage qu'un rideau de cheveux blonds, cette fillette fait passer Linda Blair pour la petite soeur d'Heidi. Et que dire de ces manèges esseulés, mangés par la rouille, de ces aires de jeux désertes ? Je n'y mets pas les pieds et je lui offre une Xbox.
Pour meubler un dimanche aussi pluvieux que maussade, rien de mieux que de la créativité bien ficelée et facile d’accès. Au menu, un plat unique mais riche en ressources : Sticks & Stones, un magazine en ligne créé par Robert Loeber, un graphiste londonien de vingt et un ans. Esthétique comme un magazine, interactif comme un webzine, il ne manque plus que la possibilité de le télécharger comme Hells Kitchen pour en faire le parfait compromis. Entre une interview sur une pointure du vintage et un entretien avec les génies graphico-artistiques de Yokoland, il y a de quoi se cultiver en dopant son inspiration !
Nike 6.0 a emmené sa team BMX pour un tour du monde. Les quatre riders de la marque on ainsi saigné des villes aussi variées que Pekin, Dubai, New York ou Barcelone pour en rapporter de superbes images d’environnements urbains. Le film peut se visionner en intégral et/ou en téléchargement gratuit en cliquant ici. À mirer illico.