A raison, beaucoup parlent d'un autre kid. Nous, on ferme le magazine et nos yeux suivent le même chemin. T. lance Zoo Kid dans la bataille. Pas encore majeur, l'enfant orange sonorise le beau quartier dans lequel nous sommes enfermé ce soir. On se reverra lundi.
"J'étais partagé – ce qui devait donner une gravité de bon aloi à mon visage – entre l'étonnement de commencer à démonter mes mécanismes et la peur de me voir soupçonner de supercherie. Peut-être l'abbé, amusé, devinait-il en moi un débat dont il pouvait imaginer les termes. Il me laissait le temps d'en finir avec mes scrupules ou mes résolutions. Quand j'eus compris que je ne me résoudrais jamais à vendre des voitures ni à tricoter des slogans vendeurs, une paix se lut peut-être sur moi et l'abbé me jeta cette unique bouée : une question sur le cours de M. Vermeil."
Je l’ai toujours aimé. Déjà chez Moloko. L’élégance fait chanteuse. Je suis tombé sur cet enregistrement live de Roisin Murphy : une confirmation de ce que je savais déjà. A vous de voir.
Par Arnaud
Et grâce à DC : petit manuel de prise de drogues dures en groupe.
"Enfin, je veux dire que le goût précoce du monde féminin, mundi muliebris, de tout cet appareil ondoyant, scintillant et parfumé, fait les génies supérieurs."
Pete Doherty sera en concert au Tigre ce samedi 19 mars. L'entrée est à 10€, prioritaire pour la liste de La Conjuration, partenaire de la soirée, et dans la limite des places disponibles. Les infos sont ICI.
Mondongo c'est bien. C'est tout. Un trio argentin adoubé par Comme des Garçons il y a quelques années, qui étale ses fantasmes sur de larges surfaces et qui a un site internet à faire palir Deutsche Gammophon.
Qu'on me vire cette greluche du Mars Bar, qu'on m'éteigne le soleil et qu'on me serve quelque chose de fort, n'importe quoi, que je puisse trinquer avec mes souvenirs, croire qu'il reste un peu de saleté dans Manhattan.
« Sous la mythologie, sous l’entreprise et le triomphe publicitaires, il existe ce miracle gratuit et parfaitement injuste : les privilèges d’une petite fille née belle. »
Les morts font vendre, c’est bien connu. Je n’y ai pas coupé, j’ai consommé en librairie, rayon littérature française, lettre « N » comme Nourissier. Après avoir fouiné dans l’œuvre d’une vie, j’ai découvert B.B. 60, le texte qu’il a écrit sur Brigitte Bardot. Simone de Beauvoir ne souhaitait pas se compromettre en publiant, dans sa langue natale, ce qu’elle avait écrit pour Esquire sur la Marianne de l’époque. Le « jeune écrivain frotté d’édition » s’y est donc collé, pour mon plus grand bonheur. Extrait des 61 pages d’un ouvrage recouvert de vichy rose.
« Elle boit quand elle a soif, elle mange quand elle a faim ! Quand cessera ce scandale ? Quand cesseront la faim, la soif ? Fermez enfin ces lèvres entrouvertes, faites que cet œil ne brille plus, que ce corps ne bouge plus. Nous avons horreur de la vie, de la nuit. Nous éteignons les lampes. Nous sommes sous les draps. Nos compagnes gémissent faiblement et nous leur fermons la bouche (« d’un baiser », disons-nous), tout cela n’existe pas, n’aura jamais existé. Demain il fera jour ; nous enverrons nos garçons à la guerre, nous irons au bureau, à la messe. Ne nous dites pas que le désir et le plaisir existent, nous ferons bien notre poème sans cette rime. Ne nous dites rien, cachez cette jeune fille, habillez-la, tondez-la, bâillonnez-la ! Elle va rire ! Et puis oui, vous avez raison, c’est plus simple, c’est plus sûr : brûlez-la… »
Je ne sais pas si c’était à cause de l’article du Figaro, de mon état, de la musique que j’écoutais ou de l’addition des trois, mais je dois confesser que mes yeux se sont embués. Vraiment. J’ai tenté de retenir mes larmes et j’y suis parvenu. Elles se sont rétractées, pour mieux revenir dans ma gorge, liqueur salée pour godelureau.
« J’ai horreur de l’image démoniaque et fringante de l’artiste telle qu’elle me fascinait quand j’étais adolescent. L’écrivain, en particulier, n’est pas un aventurier, mais l’homme d’une table et d’un chien. Une famille autour de lui, à la fois le protégeant et le sollicitant, lui fait obligation de travailler et, après tout, publier des livres c’est s’imposer les milliers d’heures de labeur, de silence, de découragement, d’obstination sans quoi aucune œuvre n’existera jamais. Nous sommes des bureaucrates sans chefs de bureau, des ronds de cuir sans cocottes en papier. Ou, pour mieux dire, si nous cédons au vertige de la cocotte nous serons seuls à payer notre dissipation. »
François Nourissier s’en est allé, vaincu par cette salope de Miss P. (pour Parkinson)
Quelle œuvre. Quelle sagesse. Quel exemple. AU TRAVAIL !
« La longue fréquentation des mots – avec ce qu’elle impose d’humilité, d’intuition de l’ombre – fait des écrivains les familiers de la mort. Ils vont à elle, suant, une peur fascinée et malsaine, mais les yeux ouverts, ce qui n’est pas l’attitude de tout un chacun. Pour cela il leur sera beaucoup pardonné. »
« Rentrée chez elle, elle comparera son mari au fournisseur de pouahsie, et elle le méprisera. Tout lui sera motif de dédain, et jusqu’au linge sale de son mari. Comme si un Don Juan ne donnait pas ses chemises à laver ! Mais l’idiote, ne le voyant qu’en situation de théâtre, toujours à son avantage et fraîchement lavé et pomponné, se le figure héros ne salissant jamais ses chemises et n’allant jamais chez le dentiste. Or, il va chez le dentiste, tout comme un mari. Mais il ne l’avoue pas. Don Juan, un comédien toujours sur scène, toujours camouflé, dissimulant ses misères physiques et faisant en cachette tout ce qu’un mari fait ingénument. Mais comme il le fait en cachette et qu’elle a peu d’imagination, il lui est un demi-dieu. Ô les sales nostalgiques yeux de l’idiote bientôt adultère, ô sa bouche bée devant les nobles discours de son prince charmant porteur de dix mètres d’intestins. Ô l’idiote éprise d’ailleurs, de magie, de mensonge. Tout du mari l’agace. La radio du mari et son inoffensive habitude d’écouter les informations trois fois par jour, pauvre chou, ses pantoufles, ses rhumatismes, ses sifflotements à la salle de bains, ses bruits lorsqu’il se brosse les dents, son innocente manie des petits noms tendres, dans le genre chouquette, poulette ou tout simplement chérie à tout bout de champ, ce qui est dépourvu de piment et la met hors d’elle. Il faut à madame du sublime à jet continu. »
Dimanche dernier, Londres, les portes de l'exposition Future Beauty, 30 years of Japanese Fashion, se ferment à jamais. Deux heures de promenades autours des trois piliers de l'exercice, Kawakubo, Miyake et Yamamoto, puis de leurs protégés. On rentre dans une discipline stricte, qui fracassent les codes de la couture occidentale contre un mur de plastique pour ensuite marcher joyeusement autours des restes encore fumants, tête basse et sourire en coin.
Entre les mannequins de bois on découvre l'histoire de ces empires commerciaux intègres qui ont rendus le polyester plus onéreux que la soie. Apostats de la mode, capables de faire une robe de mariée avec deux taies d'oreillers, ces génies de petite taille narguent beaucoup de créateurs occidentaux enfermés dans la naphtaline. A mi chemin entre le CNRS et la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, cette pratique sincère pense le vêtement comme une entité propre, dans laquelle le corps doit trouver sa place pour apprivoiser ces sculptures de tissus. Sortes de greffes textiles, le rejet n'est jamais loin et si tout le monde ne peut porter du Comme des Garçons, ce n'est pas uniquement à cause du prix des pièces.