Nuit noire. Café double, croissant sec, silence. Mon voisin de comptoir a été prompt à se saisir du Parisien, m'interdisant la lecture des chiens écrasés. Je paye. Pas de pourboire. Bien que j'ai renoncé à une nuit blanche au profit d'un court sommeil agité, j'ai l'impression de retrouver le plaisir d'être éveillé quand les autres dorment. Portière, réglages, contact, direction Montmartre. Ruelles désertes, je fais du repérage pour « C’était un rendez-vous » de Lelouch. Puis la descente. Saint Denis. Africa N°1 diffuse une pub pour le spectacle de Patson à l’Olympia « yes papa, joli garçon, beau gosse » beugle ce type que je ne connais pas. Mes mains moites glissent sur le volant de la 207. Je longe le canal et songe qu’il a l’air idéal pour y libérer sa tortue de Floride ou y balancer un cadavre. Embouteillage. Dans ma tête « Méchante avec de jolis seins », l’une des dernières chansons de Brassens, malheureusement interprétée par Jean Bertola.
Quand on a comme vous reçu tant de grâce en partage, C'est triste au fond du cœur de rouler d'aussi noirs desseins.
« Dans le couloir ballotté, s’entrechoquant avec des rires discrets, des Anglais passèrent, suivis par de cacophoniques gosses américains, crétinets virils, mastiqueurs bariolés, assurés de leur importance et nasillards maîtres du monde, suivis par leurs sœurs dégingandées en chaussettes écossaises, sexuelles et déjà maquillées, s’exprimant également par le moyen de l’arrière nez vibrant, triomphantes vulgarités ruminant leur chewing gum, futures majorettes. »
"Et on a fait les choses qu'on fait depuis qu'il a dix-sept ans et que j'en ai seize, les choses de la nuit, elles sont pareilles pour tout le monde, les maîtres, les domestiques, les métayers, les canards, les lièvres, les taupes, il n'y a que les mules à qui ça n'arrive pas, ces choses, les mules et les Sœurs de l'ouvroir et Maria Sentucq. Et moi j'y suis tellement habituée à ces choses, je le connais si bien Monsieur Boy, que je me dis quand je suis avec lui là, dans un lit, je me dis que ce n'est pas possible que le Bon Dieu ne soit pas content, qu'on ne fait rien de plus mal que les lièvres et les canards et que tant pis si je reste fille, puisque, tiens, après tout, c'est quand même un peu mon mari, Monsieur Boy, vu que ces choses-là je ne les fais qu'avec lui, que je ne les ai faites avec personne d'autre, avant, ça personne, je le jure."
"On va voir la pièce, là, Liaisons dangereuses, rien que des histoires de Français qui concoctent des complots sexuels, ce n'est pas tant le sexe qui les intéresse que les projets et les manigances pour corrompre des vierges et des ménagères, tout ça très cérébral, mais le pire de tous, le héros de la pièce, tombe amoureux malgré lui de la femme qu'il essaie de séduire à la suite d'un pari, et ça fout vraiment tout en l'air pour lui. Pas besoin qu'on me fasse un dessin."
Un gosse de quatre ans et demi qui nous parle de son expérience avec la weed, la police ou les speed freaks puis expose sa vision de l’avenir et ses rêves dans le San Francisco de 1970 qu’il parcoure pieds nus.
"La musique est un art céleste, il est certain que notre race en a le privilège ; elle sort du plus profond de nos entrailles ; les hommes le savent si bien, qu’ils nous les empruntent, quand avec leurs violons ils veulent nous imiter. Deux choses nous inspirent ces chants célestes : la vue des étoiles et l’amour. Les hommes, maladroits copistes, s’entassent ridiculement dans une salle basse, et sautillent, croyant nous égaler. C’est sur la cime des toits, dans la splendeur des nuits, quand tout le poil frissonne, que peut s’exhaler la mélodie divine. Par jalousie ils nous maudissent et nous jettent des pierres. Qu’ils crèvent de rage ; jamais leur voix fade n’atteindra ces graves grondements, ces perçantes notes, ces folles arabesques, ces fantaisies inspirées et imprévues qui amollissent l’âme de la chatte la plus rebelle, et nous la livrent frémissante, pendant que là-haut les voluptueuses étoiles tremblent et que la lune pâlit d’amour."
"L'individu a besoin de faire sortir des choses de lui. Quelques millilitres de sperme ou des pages noircies en ce qui me concerne, mais c'est tout. Et tout le reste attend. T'attends de recommencer. Pas réjouissant, hein ?"
Je reste fasciné par ces vieux messieurs, que l'âge et la maîtrise authorisent à parler aux orchestres symphoniques commes certains s'adressent à leurs enfants, tout en petits sourires et en "chut, attends, pas si fort, laisse ton petit frère parler". Passée une petite minute, vous comprendrez vous aussi.
"Les femmes étaient, pour la plupart, moins lancées et plus calmes. Presque toutes sautaient convenablement, exhibant des tournures de mijaurées, sortant en même temps que leur robe de fête, une distinction endimanchée que maintenait la présence des parents assis sur des bancs de bois, contre le mur."
J.-K. Huysmans "Les Folies-Bergère en 1879" dans "Croquis Parisiens"
« Je vous cache des choses, c’est vrai. La nuit je rêve de vous dire. Mais avec le jour tout se calme. Je comprends. »
J’aime cette phrase issue d’un roman que je n’ai su apprécier: « Le ravissement de Lol V. Stein » de Marguerite Duras. Comme d’une private joke dont on serait exclu, cet ouvrage donne l’impression de n’être compréhensible que par un public d’initiés qui saurait retrouver qui se cache derrière les personnages ou les lieux maquillés. J’espère qu’il n’en est pas de même pour vous avec les posts ou les soirées de la Conjuration ; c’est du moins notre espérance pour 2011, une année qui s’annonce bien remplie.
Un pratique anglo-saxonne qui consiste à envoyer une balle de ping pong dans des verres remplis de bière pour faire boire l'adversaire (grosso modo). Un film sur cette pratique anglo-saxonne. Je ne sais pas si une sortie en France est prévue mais je donnerais beacoup de mes cadeaux de noël pour voir ces gladiateurs des temps modernes.
Je suis venu ruiner l'ambiance, pourrir noël et faisander votre chapon. Je ne sais pas comment Jessica Dimmock a fait pour renvoyer Transpotting au jardin d'enfant. Je ne sais pas qui sont ces gens, où ils vivent et ce qu'ils font à part se battre, faire l'amour bières en mains et s'ouvrir les veines pour y laisser entrer de petites pointes brillantes. Mais je reste là, scotché au milieu de mon canapé, ma famille évoluant, floue, derrière mon écran. Joyeux Noël à tous !
Après Peter Sutherland avec Dill la semaine dernière, c'est au tour d'Alex Olson de poster une série de portraits d'une autre légende : the Gonz… Appréciez-les en cliquant sur les images, ou directement sur Olson Stuff.