Respirer Paris, cela conserve l’âme…

Monday, October 1, 2012

La terrasse était couverte et je me demandais si c’était au rayon de soleil ou au chauffage extérieur que je devais un soudain sentiment de chaleur. Devant moi, une table pour quatre personnes couvait une flaque d’eau. Deux arbustes en pot la séparaient du reste de la rue. Ce devait être ce qu’on appelle communément des yuccas.
Le serveur m’apporta un pavé d’espadon et un tajine. Je fus presque agacé d’avoir à quitter mon carnet, bien que j’étais sortis déjeuner. J’eus une pensée pour Simenon lorsqu’il est en « besoin d’écrire » mais pris tout de même ma fourchette et piquai une figue confite.
Plus tard, je furetai chez les bouquinistes où m’attendait un vieux Paris Match. Jane y figurait en veuve éplorée par la mort de son ancien amant. Deux billets de cinq euros plus tard, il était en ma possession. Je continuais ma promenade en contemplant la couverture écornée et vint butter du genou contre une borne électrique. Elle dissimulait une phrase de Victor Hugo, gravée dans la pierre du mur perpendiculaire au Pont des Arts. « Respirer Paris, cela conserve l’âme » y disait le grand homme. Le poing levé en imprécations contre la capitale, je rendis coup pour coup à l’infortunée borne du talon de mes chaussures de curé.

Par Foucauld

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