Mémoires d’un snobé

Sunday, February 5, 2012

« J’avais eu avec Jérôme de ces longues discussions nocturnes de jeunesse, qui sont comme la maquette d’un destin, l’esquisse d’un festin futur, une espèce de déclaration d’amour à l’avenir … »
Passé le premier chapitre de Mémoires d’un snobé, d’où sont tirées ces lignes, Marius de Vizy (de la Revue des Deux Mondes, aime-il préciser, comme un supplément de particule) ne nous parle plus de cette jeunesse enfermée dans le cercueil de Jérôme, pas tellement de la mort, mais plutôt de la musique de la vie littéraire et germanopratine (pléonasme parisien).
Dix chapitres commençant par dix airs différents que siffle le narrateur en se levant, en organisant un dîner avec Houellebecq et Iggy Pop ou allant à une fête chez Beigbeder.
Des airs snobs, des airs snobés, des airs nostalgiques également, comme celui de l’amour de sa vie raté dix-sept ans auparavant.
Qu’il est difficile pour le critique de passer de l’autre côté du décor, de devenir enfin écrivain, et donc critiqué, « Ton encre doit couler d’une blessure intime » lui ressasse son éditeur autour d’une andouillette, après avoir démoli son manuscrit, recouvert de tant de ratures et d’annotations agressives qu’il est comparé à un Pollock. Comment déclarer son amour à l’avenir lorsqu’en bon père de famille catholique on est hanté par les assauts réguliers de Caroline, embrassée sur le nez et abandonnée à ses questionnements ? Peut-être qu’il faut continuer à tâtonner, avec foi. Au Montana ou au Flore, les couloirs finissent par déboucher quelque part.

Mémoires d’un snobé de Marin de Viry, Éditions Pierre-Guillaume de Roux

Par Foucauld

(Photo : Baudouin Mouanda)

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