Le flâneur

Monday, August 18, 2014

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Été, été, étouffe… le parquet s’use sous mes cent pas, mes deux-cent pas. Il faut sortir. Le prétexte ? Prendre le café chez Verlet. Oui, qui a besoin du tralala de tous ces baristas quand on peut déguster un Moka Sidamo ou un Maragogype dans une telle institution ? Moi peut-être, puisque la maison est fermée. Alors j’erre. Rue Saint-Honoré, Palais Royal, banc public, jambes croisées, bras sur le dossier, mesure nerveuse battue du pied. J’ai la gorge sèche, trop de cigares en ce moment. Trop d’excès de toutes façons, et même d’excès d’hygiénisme. Août me laisse à Paris avec de l’énergie à revendre, mais plus personne à entraîner dans mon tourbillon. Alors je tourbillonne seul, et fais des bêtises. Paris n’est pas déserté pourtant. Les gens affluent en une marée continuellement ascendante, et je suis pris, d’un pas sage, emmené vers ces endroits où ressassent les touristes. Je me plie à leur tempo, et mon visage change d’inclinaison. Nez en l’air, morve au vent, ravalement de façade, le sourire se dessine. Je m’extrais du Palais, m’engouffre dans la Galerie Vivienne. Dallages, talons plats qui résonnent puis stoppent devant cette pancarte témoignant de l’histoire des passages :

“En offrant confort et distractions sous leur verrières, à l’abri du vacarme et de la boue de la rue, ils seront un véritable phénomène de mode, et une attraction pour les étrangers qui leur réservaient souvent leur première visite dans la capitale. Ils contribueront à l’invention de la figure du “flâneur” au XIXème siècle.”

Flâneur dites-vous ? Alors flânons vers ces abris sous verres. Galerie Colbert, Passage Choiseul, Céline, Lavrut, l’urine des petits chiens. Terrain connu, terrain miné. Poussons jusqu’aux boulevards, ces affreux coups de fouet dont Paris est marqué. Passage des Panoramas, Passage Jouffroy, Passage Verdeau. Le Grand Cerf aussi, en aller-retour, pour échouer à Beaubourg. La tentation : m’asseoir enfin, sur l’une des banquettes de l’ultime étage ? Trop haut, trop loin. Restons en bas, les livres sont d’un voisinage apaisant. And then, I run into a girl. Yes, I ran, je ne suis pas tombé sur elle, ça lui aurait fait mal. Nous sautons jusqu’au dernier passage. Passage Molière. Une table, deux chaises, deux verres et des paroles à boire.

Par Foucauld

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