Le domaine des dieux

Wednesday, November 28, 2012

Dans la caserne XXIV Maggio, l’Or du Rhin retentit dans une enfilade de pièces sombres, peintes d’un bleu délavé. Cyprien Gaillard y expose à l’initiative de la Fondazione Nicola Trussardi. Destructions de tours, plongeons initiatiques, et compositions de polaroids plantent un domaine des dieux artistique, comme si l’artiste revisitait l’album d’Astérix dans une version contemporaine.
Nous sommes entre les murs de l’ancienne boulangerie militaire qui alimentait toutes les garnisons de Lombardie jusqu’en 2005 et permit de nourrir la ville pendant la Seconde Guerre Mondiale. Dans les années soixante, les minettes affluaient à ses portes pour tenter d’y apercevoir Adriano Celentano venu répondre à l’appel du service national. Johnny ou Booba, chaque pays et chaque génération a son Elvis.
Plus tard, sous la flamme de gaz d’une terrasse couverte, deux femmes discutent devant un spritz et, distraites, déposent frénétiquement les cendres de leurs cigarettes dans la coupelle d’olives vertes. Je ricane puis replonge dans mon livre.

« Et déjà, alors qu’elle ne faisait que se tenir là, dans ses vêtements bien coupés, cela commençait… Les gens commençaient à la comparer à un peuplier, à l’aube matinale, à une jacinthe, à un faon, à de l’eau vive, à un lys dans un jardin ; et cela lui était un fardeau – car elle préférait de beaucoup qu’on la laisse vivre à sa guise à la campagne, mais il fallait qu’on la compare à un lys et qu’elle aille à des soirées, et Londres était si pesant à côté de la solitude à la campagne avec son père et les chiens. »

Par Foucauld + un extrait de Mrs Dalloway de Virginia Woolf

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