La non Vie de Patachon

Wednesday, August 8, 2012

Août a délesté le vent de ses bruits, la ville et ses parfums de bière me sont interdits. Du cinquième étage, je contemple la capitale, les yeux plissés. Mon regard patrouille sur une étendue de façades nues, puis saisit un aéroplane, en vain.
La lecture demeure constante. Le matin, elle saisit mes cheveux raréfiés pour me tirer la tête hors de l’eau. Le soir, elle cherche à m’assommer, tente de me plonger dans les abysses pour m’offrir le repos. Il ne viendra pas. Alors, tel Yves Adrien lorsqu’il appelle son ami Gen., j’ouvre un autre livre pour lui voler quelques minutes de son phrasé délicat et malade. Cette nuit, il s’agira de La Vie de Patachon de Pierre de Régnier.
Voici ce que dit Patachon, Emma de son prénom :

“… Puisque j’ai sacrifié mon âme à ma vie, puisque ce qu’on nomme ma beauté n’a jamais servi qu’à me rendre comique, puisque mes amants ne sauront jamais tous les trésors inemployés de mon obscure petite cervelle, puisque la longue tendresse de mon corps paresseux n’est prise que comme un petit plaisir, puisque mes yeux couleur de petit jour ne reflètent jamais que le désir des autres, il faut bien que je t’aime, ô Nuit, puisque je n’ai que toi pour penser.”

Par Foucauld

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