Crêpes nocturnes

Saturday, February 11, 2012

Au milieu de ses piles de journaux, son chat à portée de main, Madame Paulo me narrait les malheurs de l’infortunée Marie-Thérèse de France et cherchait à me refourguer deux kilos de farine dont elle n’avait pas l’usage, me conseillant d’en faire des crêpes. L’idée ne semblait pas si mauvaise et j’appelais un ami belge pour m’inviter dans sa cuisine avec ma Francine et mes compagnons de comptoir.
Sur le boulevard Voltaire, je pestais en passant devant mon ancien appartement dont avait repeint la porte en rouge. Le 8 à Huit était désormais un Carrefour Express ; tout foutait le camp dans le onzième arrondissement.
L’ami belge, qui est aussi espagnol par sa mère, m’ouvrit la porte, la tête dissimulée derrière un masque d’Albert Einstein. Il m’indiqua où se trouvaient les ustensiles et attrapa sa guitare pour une imitation de Morrissey, toujours masqué.
En dégustant sa cinquième beurre-sucre, il me parlait d’un autre belgo-espingouin qui s’était enfui de Liège pour rentrer chez sa sainte mère madrilène en oubliant de payer sa redevance télé wallonienne. Le papelard administratif avait atterri ici et je trouvais qu’il fallait en faire un t-shirt. Puis nous mîmes des clips de Pierre Vassiliu et Vivien Savage, ainsi que « J’lai pas touchée » de Christophe, jusqu’à ce que les bières furent vidées. 
Quand le Ballantines les rejoignit, il fallu partir. En guise d’adieu déchirant, l’hôte reprit sa guitare pour un flamenco gitan dont les voisins apprécièrent toutes les subtilités avec une joie dissimulée.

Par Foucauld

(Photo : Johanna Stickland par Chad Muller pour Bambi Magazine)

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