Alleï Ket !

Friday, May 6, 2011

AlleiKet01V2

Partir sur un coup de tête est une chose merveilleuse, surtout lorsqu'il s'agit d’aller vers l’inconnu. Le hasard des actualités Facebook a mis en avant que trois amis à pignons fixes comptaient se rendre à Bruxelles pour une alleycat. Une belle connerie à faire, surtout lorsqu’on ne connaît pas la ville… J'ai retapé et allégé le vieux Peugeot paternel, me suis joint à eux et nous avons rejoint la capitale Belge.
Bruxelles n'est que monts : avantageux en descente, parfois cauchemardesque en montée. Les pavés viennent pimenter l'ensemble et l'effort rend les jambes douloureuses. Les muscles sont prêts à éclater, une sensation bien différente de celles des sports que j'ai pu pratiquer.
Après une nuit et un après-midi de vadrouille, je craque et acquiers de la guidoline liège + gel de chez Cinelli. Ainsi équipé, je suis prêt pour la course.
Petit à petit, une foule bigarrée se rassemble devant Vainqueur, la boutique de vélo de la Place Flagey. Tous se saluent d'une bise unique. Typique. Peu de tatouages et de street wear, nous sommes loin de la panoplie du parfait petit coursier américain qu'affectent les parisiens. Bécanes sans prétention ou cadres uniques, les yeux inspectent les montures, comme lors d’une convention de tuning, ce qui a son charme.
Après inscription, les participants se voient remettre un numéro et une liste de checkpoints. La principale difficulté réside dans le fait que l’ordre des points de passage obligatoires est libre. Chacun doit penser son propre itinéraire, au risque d’en choisir un mauvais.
Pour commencer, la centaine de cyclistes est priée d'effectuer un petit exercice. En tournant dans le sens des aiguilles d'une montre, il faut rouler sans poser pied à terre, sous peine d'être éliminés du jeu. Les organisateurs resserrent le cercle et le nombre de participants diminue. Les trois survivants se voient offrir du temps additionnel pour le classement final.
Puis c’est le départ. Placés derrière une rangée de banc, au top nous courons vers nos montures. Sans connaissance de Bruxelles et sans ami néophyte, je n’ai d’autres choix que de suivre les miens qui filent à grands coups de cale-pieds. La cadence est rude, mais le premier des cinq checkpoints m’encourage à poursuivre. Nous sommes dans les temps et mon corps s’habitue à l’effort. Au second arrêt, il faut remplir son sac d’un maximum de boîtes à pizza. Plus on en livre au troisième checkpoint et plus l’on gagne de minutes. J’apprendrais plus tard qu’un petit futé a eu l’idée d’en enfiler une vingtaine sur une chambre à air portée en bandoulière. Je ne pouvais clairement pas rivaliser avec mes quatre petites boîtes tassées dans un mini sac Quechua… C’est d’ailleurs après livraison que mes ennuis commencent. Placé entre deux pelotons d’amis, je me laisse distancer par le premier et ne vois pas le suivant prendre une autre route. Me voilà seul, complètement paumé dans cette ville inconnue. Je tourne en rond, guette l’arrivée du moindre cycliste et finis par suivre un fixie qui n’a pas l’air content que je vienne perturber sa solitude. Je lui fais part de mon désarroi, mais ce dernier s’accroît lorsque je me rends compte que nous sommes de retour au checkpoint des pizzas. Forcé d’abdiquer, je demande penaud le chemin qui mène à la ligne d’arrivée.
Les vainqueurs sont déjà là, occupés à se réhydrater à la bière. Je les imite et nous patientions jusqu’à la soirée. Celle-ci s’ouvre avec le goldsprint : deux vélos côte à côté, la roue arrière reposant sur des rouleaux. Le rouge et le bleu doivent s’affronter dans une course de vitesse, le chemin parcouru s’affichant sur un panneau lumineux. Mon numéro est tiré au sort et je me fais battre à plate couture. Qu’à cela ne tienne, un poulicroc et une portion de frites me remettent d’aplomb. La nuit peut commencer…
Quelques jours après cette course, je ne sais départager ce qui appartient au monde du vélo, à Bruxelles ou à l’état d’esprit des organisateurs. En fouinant, je suis tombé sur plusieurs albums photos des participants de la course. Tout le monde sourit, respire la joie de vivre, simplement. À la soirée, j'ai été impressionné de voir que les gens demandaient au micro si certains n'avaient pas d'endroit où dormir et si d'autres pouvaient les héberger. Bel exemple d’entraide internationale.
C’était également la première fois que je découvrais une ville étrangère où l’on parle français. Comme lors d’une amitié fulgurante, on se demande comment on a fait pour vivre si longtemps sans se connaître. C’est certain, I will be back, fieu !

Par Foucauld

No comments yet, be the first!

You must be logged in to post a comment.