Je voulais vous mettre les photos de clodos à poil de Boris Mikhaïlov mais je me suis dit que c'était un peu rude pour débuter la semaine. Par conséquent, je sombre dans la facilité et vous montre des seins shootés par Chadwick Tyler. En bonus, un clip sans intérêt de Banjo Or Freakout dont le son est suffisamment agréable et léger pour travailler ou rêvasser.
"Les jeunes c'est toujours si pressés d'aller faire l'amour, ça se dépêche tellement de saisir tout ce qu'on leur donne à croire pour s'amuser, qu'ils y regardent pas à deux fois en fait de sensations. C'est un peu comme ces voyageurs qui vont bouffer tout ce qu'on leur passe au buffet, entre deux coups de sifflet. Pourvu qu'on les fournisse aussi les jeunes de ces deux ou trois petits couplets qui servent à remonter les conversations pour baiser, ça suffit et les voilà tout heureux. C'est content facilement les jeunes, ils jouissent comme il veulent d'abord c'est vrai !"
(Encore et toujours Céline dans Voyage au bout de la nuit)
Alors que nous souhaitions rentrer dans nos pénates respectives après une soirée sans surprise ni réel amusement, Jules et sa barbe rousse furent attirés par une lumière rose que filtrait la porte d’un bar. « Allez, viens, je te paie un verre… ». Nous nous engouffrons par ladite porte et entrons. « Deux gin fizz, s’il vous plait madame ». Nos ivresses déjà conséquentes n’avaient nul besoin de carburant mais peu importe, nous étions lancés. L’atmosphère était douce, étrangement féminine. Une représentante du beau sexe nous offrit des roses et ma voisine vint se coller contre moi. Ses cheveux étaient plaqués en arrière et ses vêtements confectionnés en cuir. Étions-nous au claque ? Au boxon ? Dans un lupanar ? Jules revint des toilettes avec la réponse : mis à part le videur, et nos ganaches, la clientèle n’était constituée que de filles aimant les filles, abritant en ces lieux leurs amours saphiques. Par politesse, nous mîmes notre testostérone de côté et bûmes un second cocktail. Ses dames nous firent sauter sur leurs genoux avant de nous passer la main dans les cheveux. Je m’imaginais tel le loup de Tex Avery se faisant peigner les oreilles par le sexy petit chaperon rouge. Malgré cela, nous n’avions d’yeux que pour les serveuses. Jules se voyait demander la main d’une métisse aux grands yeux et j’hésitais entre une BCBG plutôt neutre et une MILF un brin masculine pour laisser courir ma rêverie. Mais foin des délices de Capoue, c’était mon père criant « Debout ! Vingt dieux tu vas manquer la messe… »
Par Foucauld
PS : après des mois d’incompréhensible fermeture, le site d’Enjoi a rouvert ses portes et nous offre la définition du mot « décalé » avec ses pubs au style unique. Enjo(i)y !
L’absence de bésicles pourrait me faire découvrir le monde sous un nouveau jour mais il n’en est rien. Devant moi tout est flou, fatigant, sans charme. Ma seule découverte n’en est pas une. C’est une redécouverte : celle de ma cheville et de son utilité dans la poussée d’une 5boro neuve. Visibilité zéro, soit, mais il me reste mes écoutilles. Les concertos de Mozart les emplissent la journée, parfois troublés par le rock des anciens qui m’entourent. Non content d’avoir la moustache plus fournie, ces derniers possèdent une culture musicale plus vaste. Les tubes de leur adolescence font tomber mes écouteurs : aujourd'hui, "Novocaine for the soul" d’Eels.
Il est deux heures du matin dans le 75011. Mes lorgnons sont brisés et ma myopie me contraint à porter d’hideuses solaires malgré la nuit. Mi-aveugle, mi-snob, je charrie une planche sans roulettes 5Boro, le n°2 de Johnny Magazine (la revue du fan club de l’idole des jeunes) et un programme de sa tournée des stades dont un génie créatif a imaginé la couverture clignotante (je vous laisse imaginer le goût exquis de cet objet culte). « T’as vraiment une de ces touches avec ton skate et tes boots ! » me dit la grande bringue qui m’accompagne. « En plus tu boites !». « Oui, je claudique, et alors ? » Une caisse de flic se gare juste derrière nous et arrête un motard. Les hauteurs féminines trouvent la situation ridicule. En bon teigneux et futur vieux je déclare que ça forgera le caractère de ce chauffard. « Tu sais, avec ta dégaine et tes lunettes, tu devrais te méfier d'eux, t’as l’air d’un type louche et il pourrait te coffrer pour moins que ça. » « Pfff, tais toi, je ne suis même pas louche. Même les psy me trouvent dénué d'intérêt… » Nous enchaînons sur les analyses et celles des dessins d’enfant. Les miens n’intéressaient pas les praticiens. Nique sa mère le maire.
"Ce qu'il faut au fond pour obtenir une espèce de paix avec les hommes, officiers ou non, armistices fragiles il est vrai, mais précieux quand même, c'est de leur permettre en toutes circonstances de s'étaler, de se vautrer parmi les vantardises niaises. Il n'y a pas de vanité intelligente. C'est un instinct. Il n'y a pas d'homme non plus qui ne soit pas avant tout vaniteux. Le rôle du paillasson admiratif est à peu près le seul dans lequel on se tolère d'humain à humain avec quelque plaisir."
(La photo représente Braydon Szafranski par Tim Barber et le texte est toujours de Céline dans Voyage au bout de la nuit)
"Y'a que la bravoure au fond qui est louche. Être brave avec son corps ? Demandez alors à l'asticot aussi d'être brave, il est rose et pâle et mou, tout comme nous".
L'été de mes 16 ans, je tuais le temps dans une piaule autrichienne en évitant de croiser le garçon gras, blond et mou que la mairie de ma banlieue m'avait assigné comme correspondant. Ce type, surement très gentil, avait curieusement peur de moi et la perspective de le recevoir à mon tour me désespérais. Espérant compenser mon échec scolaire par l'apprentissage de la langue de Goethe ou, au moins, la passion des lettres, mon vénérable paternel avait pris soin de glisser dans mon sac quelques ouvrages. Le Voyage au bout de la nuit d'un certain Céline, Louis-Ferdinand de son prénom en faisait partie. La claque. Sept ans plus tard, quelques amis m'ont offert le tome 1 de son intégrale dans la Pléiade. Relecture donc. Ce qui me frappe le plus est de voir que les paragraphes que je soulignais à l'époque sont les mêmes qu'aujourd'hui. L'adolescence est véritablement un brouillon.
Aujourd’hui, la Conjuration a un an. Bilan ? Rapport annuel ? Non, ça m’emmerde. Rien à foutre des chiffres et des fluctuations du trafic. Ce dernier nous donne une visibilité conséquente mais je crois que même sans lecteurs nous aurions tenu ce blog. La Conjuration nous permet une chose toute simple : garder le meilleur de chaque journée, de ce que nous vivons et de ce que nous voyons. Un genre de best of quasi quotidien qu’il est agréable de parcourir en cas de pane d’inspiration ou pour voir le chemin parcouru.
Au début il y avait des articles aux faux airs des dossiers de presse que nous ne recevions pas, des chroniques gastronomiques faites pas des palais primaires ou des sélections de vêtements que nous n’achetions jamais. Puis l’obsession du post journalier s’est dissipée et le ton s’est précisé. Nous ne suivons plus que nos envies, quitte à verser dans l’excès. Peu importe, nous n’avons jamais été des personnes tempérées. Nous passons du coq à l’âne ? Peut-être au premier abord mais sur un plus long terme je crois que cette variété définit une esthétique. A vous de juger, aidé de ces trois phrases données en exemple :
1/ Une phrase incisive et précieuse issue de la dernière chronique de François Simon : « J'entends d'ici les esthètes hennir d'indignation »
2/ Une phrase punk et jemenfoutiste provenant de la clôture de l’interview des frères Chaboud par Ben Aurélien dans un vieux Tricks Skatemag : « Et à tous ceux qui nous détestent, qu’ils continuent, on s’en bas lec’ ! »
Une phrase de « Speedway » de Morrissey, puisée dans le live dévot diffusé ci-après
All of the rumours Keeping me grounded I never said, I never said that they were Completely unfounded
Je m'apprête à partir dans un lieu bizarre répondant au nom pas doux du tout de Socquentôt. On dit que la forêt y est si dense qu'il fait nuit dès
15heures. Quelques rescapés de la consanguinité locale y vivent leurs dernières heures. Leur régime ? Viande crue et litrons de calvados qu'ils boivent dans les crânes de leurs ennemis et ancêtres vikings. Cette boisson dite d'homme est sensée leur apporter force et courage mais elle se contente de les abrutir et de les rendre aveugle. Du coup, ils tombent dans leurs propres pièges à loups, s'embrochent connement sur les pieux et meurent dans les fougères. Ma seule chance de survie ? Qu'à l'heure de mon arrivée ces messieurs soient déjà ivres morts et
tout juste bon à roter les chairs crues qu'ils ont dévoré entre deux
lampées.
Par Foucauld
PS : cette série de photo vient d'ici et représente des supporters de football américain qui feraient passer la population du Parc des Prince pour une chorale d'enfant de Marie.
A l'époque, les chemises à carreaux ou en jean étaient réservées aux adeptes de Marlboro Classic et aux agriculteurs creusois. A l'époque les fondateurs de Vice étaient encore héroïnomanes et ne lançaient pas de magazine gratuit pour occuper leur rehabs. A l'époque les branchés n'apprenaient pas les rudiments de la drague dans "Le Guide Vice pour pécho des meufs". A l'époque je ne savais même pas ce qu'était un branché ni à quoi il ressemblait mais ça m'étonnerait qu'il se faisait chier à écrire des guides pour ça. A l'époque on matait Yannick et c'est en 13 commandements et 4min06 qu'il nous apprenait l'art d'éviter les ruses féminines. Bilan ? A vous de voir.
J'ai toujours préféré les reprises de Johnny Cash à ses propres chansons. Interprétées à la fin de sa vie, elles ont le bénéfice d'une voix chargée d'expériences. Le plus marrant ? Ce sont les reprises de groupes que je ne peux pas piffrer : U2 (normal), Depeche Mode (tous mes amis m'en veulent mais je n'y peux rien si j'aime pas !) et Nine Inch Nail (ne se prononce pas). C'est cette dernière que j'ai choisi de poster.
I hurt myself today
to see if I still feel
I focus on the pain
the only thing that's real
On voit Cash dans sa mansion, peu de temps avant sa mort, saccager un banquet sous l'œil bienveillant de June, l'amour de sa vie à l'accès qui fut compliqué… Voilà tout ce qu'il lui laisse : des richesses, du luxe à gogo, tout ce qu'il n'emportera pas dans l'autre monde : un empire de crasse, de merde, de poussière.
what have I become?
my sweetest friend
everyone I know
goes away in the end
and you could have it all
my empire of dirt
Ce qui suit est un vieux reportage sur la France des mobylettes à roues pleines, des coïts sous édredons de duvet d’oie (qui cancane toujours dehors) et des morts du samedi soir, lorsque la CB faisait office de téléphone portable. C’est l’époque des derniers bals itinérants et de leurs quarts d’heures américains, où les coups s’arrangeaient sur des slows dédicacés. C’est une France qui se salue d’une quadruple bise les bras ballants et qui a peur d’un nouveau virus que les médias appellent sida. "C'est bien joli de dire partout à la télé : "faut en mettre, faut en mettre". Mais ici, des capotes, on n’en trouve pas ! » "L'alcool et l'sida, v'la qu'est-ce qu'on est : on est garnis ! On a fait des gamins, c'est pour les envoyer au cimetière d'toute façon. Alors moi j'pense on reste couvert, on bois pas et on est heureux. » "C'que les jeunes voient à la télévision y faut qu'ils le voient même à la campagne, c'est impératif ça. Qu'y soient dans un autre mond' le samedi soir. Qu'y soient ailleurs !" Alors Gazoil et ses potes s'exécutent. En R5 customisée dans la grange, ils fusent vers cet autre monde, en écoutant « Eins, Zwei, Polizei » de Mo-Do, guidés par les lasers du « Vibration », le Macumba local. C'est là qu'ils oublient la ferme est ses soucis jusqu’à six heure du matin. "Ca m'est arrivé plusieurs fois d'rentrer ivre en voiture mais heureusement, comme j'dis souvent, la voiture connaît l'chemin" . Confiant, c'est ainsi que Gazoil ramène tout le monde en entonnant "51 je t'aimeuuuh", avec ou sans âme sœur à la place du mort.
"Ils discutèrent de politique dans deux ou trois cafés, enchainèrent sur le récit de leurs enfances respectives et finirent par se taire dans le même lit". (François Weyergans "Françaises, Français")
"Raymonde était une pécheresse. Sa poitrine plantureuse ne la mènerait pas au Paradis"(pareil que le précédant)
"C'est beau la vie, c'est modeste comme un cul endormi"(San Antonio, je ne sais plus lequel, je vous le dirai demain)
"Monsieur, vous avez raison, c’est moi qui me suis trompé, je vous dois des excuses. Votre ouvrage est tout à fait bon, et tout à fait original. Malheureusement, les parties qui sont bonnes ne sont pas originales, et celles qui sont originales ne sont pas bonnes. Quant à votre Maison, quant à votre Famille, le moins qui se puisse dire, c’est qu’elle n’a jamais voyagé au-dessus du Lot ! Des pleutres, des serviles, des retourneurs de vestes. Il n’y a rien là-dedans qui mérite un récit. Moi, monsieur, j’ai des oncles pédérastes de père en fils depuis la troisième croisade, et l’un de mes aïeux paternels avait installé un bordel flottant sur une péniche à Sèvres pendant la Terreur. Il y imprimait tant de faux assignats qu’il fallut dévaluer plusieurs fois. Je possède également une arrière-arrière-grand-tante qui fut lesbienne d’élite sous le règne de Louis XIV. Elle faisait l’amour bottée, et tua en duel trois mousquetaires dont le marquis Dubois La Chartre, infernal bretteur, coadjuteur de Cambrai, et gentilhomme porte-coton ! Torcheur du roi, monsieur, torcheur ! Alors du vent, la paille au train et le feu dedans, sinon il va vous arriver du monde !"