Derrière mon écran, mon colocataire intérimaire ingurgite une quantité terrifiante de brocolis tout en parcourant Levi-strauss. Pour compenser, je regarde cette vidéo de la Unsquare Dance de Dave Brubeck. Visiblement ravi d’entendre sa ritournelle rehaussée d’un orchestre symphonique, le compositeur se laisse aller au faciès ahuri de l’enfant prodigieux. Aucune plâtrée de légumes verts ne peut résister à cela.
Un dimanche grisâtre, une image qui fait grincer les dents et une musique qui enrobe le tout. Vous voilà prévenus. Les photos sont de Margaret Durow. On passe de l'une à l'autre sans trop s'attarder jusqu'au moment où on se fait rappeler à l'ordre : la vie nous impose des "putains de dorsaux" et Margaret sait le montrer. Je vous laisse imaginer l'enchainement d'événements qui a pu raturer ce dos de la sorte : de la rencontre entre un vélo et un camion sur une petite route du Wisconsin, à la chute vertigineuse lors de la balade dominicale, j'ai un paquet de possibilités et aucune ne me plaît tant que ça.
Mais, comme je le disais, le reste ne retient pas très longtemps. (D'ailleurs, je me demande si, dans un futur très proche, nous allons pouvoir parler d'une "photographie américaine indépendante" avec le même sourire narquois que nous arborons pour discuter des dernières productions du "cinéma américain indépendant". Les suppôts de Sundance ont leurs codes et cette photographie risque elle aussi de vite tourner en rond avec cette tyrannie du flou, du grain, du regarde-ce-que-mon-vieil-appareil-peut-faire et autres reflets plein l'objectif. Ce n'est pas parce qu'il reste de la poussière sur la pellicule que la photo est bonne.)
Longue parenthèse un peu inutile, je vous laisse avec Pantha du Prince et vous souhaite un bon dimanche.
Dans le Far East qu’est le 75011, une chambre de bonne sert
de saloon. Le lever de coude y est aussi franc que les rires et les troupes
sont déjà bien éméchées lorsqu’elles décident de partir se restaurer chez le
clown jaune. Le « M » bacon lui donnant l’illusion d’aptitudes
retrouvées, un personnage binoclard se met à s’agiter sur sa planche à
roulettes… Une feuille-morte humide mord sa roue comme un crotale s’attaque
au boulet d’un mustang. La bête se cabre et le cavalier se retrouve à terre,
K.O, la tête contre le marbre froid. Quitte à se casser la gueule, I wanna be a
cow boy, comme les Boys Don't Cry et Lemmy de Motörhead…
Foucauld en Tunisie, cocktail en main dans la piscine,
entouré de teutons ventripotents et d’anglaises reluquées par les animateurs du
club : intox ou réalité ? C’est comme les photos d’Alison Jackson, difficile
de vérifier. D’Elton John surpris en train de se faire purger le fondement à
Camilla Parker-Bowles profitant de l’absence de sa belle doche pour essayer sa
couronne ou Amy Winehouse sous perfusion de vodka, ces situations mise en scène
à l’aide de sosies troublent le visiteur par leur plausibilité. Placez-les à côté
d’une revue people et on ne sait plus de quel côté nous sommes manipulés. Alors ?
Ai-je traîné dans les échoppes de la médina d’Hammamet ? M’a t-on surpris
lisant Public sur un transat, face à la Méditerranée ? Et malmené au
hammam ? Ou dévalant les oliveraies sur un quad ? Mon teint blafard
fait pencher la balance du côté de l’intox mais pourquoi ce silence radio des
derniers jours ?
J'ai pourtant passé une bonne nuit, et le temps grisâtre ne me gêne pas, j'y suis peu sensible. Mon déjeuner fût bon et copieux. Alors, comment expliquer mon errance au milieu de vits dressés, de plombages insolents et de mains égarées, tout cela vu par-delà les chairs ? Peut-être est-ce l'absence de l'acolyte, qui, partit se dorer la moustache, me laisse jouer tout seul avec la machine, moi qui en avais perdu l'habitude. Grossière erreur. Amusez vous bien. Ah oui, j'oublie de remercier ce bon Wim Delvoye, car, oui, cette excellente idée est de lui.
Dans la bonne ville de Malakoff, les loulous qui
inspirèrent Margerin portaient le perfecto et se battaient pour quelques
histoires de flipper, bécane, poudre blanche ou pépée en léopard synthétique.
Dans la même ville, certains préféraient organiser de grosses soirées chez eux,
au mépris du tapage nocturne et des nerfs du voisinage. On y dansait sur Tabou Combo pendant trois jours durant et c’était vachement chouette. Les deux
m’intéressent alors j’ose les rassembler dans ce post : les loubards par
l’image, issue de « Rock Comptines » d’Igwal, et les Antilles par le
son, avec "New York City" de Tabou Combo.
Avant l’échec de l’édition française de Franck 151, la
version américaine s’était occupé de tâter le terrain de nos contrées
tiédasses. C’est dans leur numéro « spécial Floride » que j’ai
découvert Naomi Harris. Sa série "Haddon Hall" sur les petits vieux qui viennent
finir leurs jours sous le soleil de Miami m’avait vivement impressionné. Réminiscences, pof !
Je retourne sur son site et découvre le reste de ses photos qui pointent du
doigt les travers de ces êtres vivants et sexués que l’on nomme humains. (Les numéros de Franck 151 sont téléchargeables gratuitement ICI.)
Par Foucauld
Une jolie tombe de hamster…
Un Jesus Freak champion de Rubik's cube…
Une charmante lune de miel à Las Vegas…
Les ravages de l'alcool chez nos aînés (Haddon Hall)
La gréve des manucures… (Haddon Hall)
La becquée… (Haddon Hall)
Les amours cachées et imaginaires…
Le petit déjeuner… (Haddon Hall)
La baignade trois heures après… (Haddon Hall)
Mais pas trop, le fond de l'air est frais pour les six fesses… (Haddon Hall)
Il est des basiques qui nous émerveillent toujours. Les
produits Apple en font partie. Tout le monde en possède mais on ne peut
s’empêcher de succomber à cet eugénisme matérialiste. Par conséquent, pas
d’originalité aujourd’hui : je me contenterai d’exploiter le rendu des noirs de
mon iMac neuf en postant ces photos d’Hedi Slimane. Le mannequin, ses poses et
sa guitare sont à l’image de mon ordinateur : dénués de défaut. Le crâne l’est
également, heureusement qu’il transforme l’ensemble en vanités…
Par Foucauld
PS : en bonus, "Learning To Fly" de Tom Petty
& The Heartbreakers
Au lieu de parodier ses contemporains et de s'enliser dans la résine, Fabio Vale s'acharne sur le marbre. La matière lui permet de lancer d'appuyés clins d'œil aux grands maîtres et de donner un peu plus de poids aux petits objets qui nous entourent : papier toilette, avion de papier, ballon de baudruche… Quelques lignes pour un petit retour.
Il est 9h lorsque je sors dans le Voltaire Zoo. Les rayons matinaux éclairent un phénomène oublié depuis plusieurs mois : de la fumée s'échappe de ma bouche et ce sans cigare ! Les frimas reviennent… Un peu plus tard, dans le métropolitain, un bébé noir regarde les quais qui défilent. Ses yeux bougent tels des essuies-glaces sous une pluie diluvienne. Tout à coup, il se retourne et tend ses bras vers moi en m'appelant "Papa". Pour confondre mon teint blanc cul avec l'ébène de sa peau, il doit être aussi bigleux que son supposé géniteur ! Hilare, je l'imagine comme descendant et me souviens du clip suivant (que les âmes sensibles s'abstiennent de le regarder et se contentent d'écouter la chanson ICI).
Franck Vandenbroucke est mort hier au Sénégal, loin de ses houblonnières de Mouscron et des carbonnades flamandes de sa sainte mère. Si le cyclisme ne m’intéresse guère, Franck, lui, est lié à des souvenirs que je n’ose qualifier d’alcooliques. Disons simplement qu’ils ont la boisson en ligne de mire. En effet, lorsque je retourne sur les terres de mon enfance (din ch’Nord), j’ai pris l’habitude de chikèr eune ch’tiote guerzelle (boire une petite bière, ndlr) avec mon grand père, en face du cimetière militaire de Rosenberg. Pour nous y rendre, nous traversons Ploegsteert où mon aïeul ne manque jamais de me montrer du doigt « L’Hostellerie de la Place », l’établissement que Franck à offert à ses parents avec ses gains de pédaleur (un brin dopé). Ce qui est frappant sur ces photos issues du diaporama/hommage de Sport 24, c’est sa ressemblance avec le Poelvoorde du Vélo de Ghislain Lambert. Entre ombre et lumière, gain et tentative de suicide, ces photos retracent la vie et la mort de VDB, la résurrection n’étant pas encore au programme car il a failli à la mission que la Belgique lui confiait : être le nouveau Eddy Merckx…
Par Foucauld
Franck a été sponsorisé par Lotto et a porté des polaires violettes et jaunes.
Franck a gagné des tas de courses et s’est teint les cheveux en blond.
Franck s’est marié dans un« biau sarrau » !
Franck rigolait bien avec ses potes cyclistes.
Franck bouffait des pavés à grand renfort de mollets sous les hourras des supporters portes drapeaux.
Franck ressemblait vachement à Poelvoorde, surtout après sa tentative de suicide.
Mais il lui manquait la moustache pour jouer Ghislain Lambert.
Franck va nous manquer mais heureusement, il nous reste sa biographie au titre d’anthologie : « Je ne suis pas Dieu »