"Longtemps je me suis attendri sur mon sort et j'ai dû trouver pour qualifier mes états d'âme quelques-unes des plus belles phrases de la langue française. Mon humilité naturelle m'incitait à penser que "mon cas" n'avait d'intérêt que pour moi, mais il m'intéressait beaucoup. Je me croyais malheureux au point que je le devenais plus ou moins. Cette situation inconfortable dénaturait les joies existentielles qui m'échurent et je vécus une sorte de convalescence morale sans vraiment avoir été malade. Du temps passa, et un jour je m'aperçus que j'avais guéri de cette longue non-maladie à séquelles sans m'en apercevoir. J'en fus soulagé mais troublé ; guérir sans pilules est toujours suspect pour les gens comme moi qui savent trop bien que tout a un prix et que la gratuité est un piège à cons."
Je me rattrape, en trois temps. Dans le désordre. Lindsay Thornburg (la dame peu avenante qui pose là-haut) fit un peu de philosophie, en eu marre et se spécialisa dans la grande cape, superbe, produite sur commande et, logiquement, hors de prix. Nous n'en posséderons jamais mais elles méritent un petit détour. Les voici :
Interlude : sans commentaire.
Enfin, Yigal Ozeri. Sous cet assemblage de lettres officie un israélien chevelu qui peint ce que beaucoup se contentent de prendre en photo.
Booba le dit lui-même : « j’réalise mes rêves de G.O.S.S.E » et c’est ce qu’ont fait Grégoire Dyer et Guillaume David en créant une marque de nippes au nom de leur crew dix ans d’âge : PMC. Au lendemain d’un lancement à l’amerloque avec barbecue, poubelles remplies de centaines de bières, curb maison et cabrioles skateboardistiques, avec ou sans clope au bec mais souvent canette en main, l’heure est aux choses sérieuses. Il faut promouvoir. Alors voilà : L’histoire a commencé à l’époque de Tricks et des premiers Sugar, du boom du rap français, des baggy, de Tony Hawk 1, des pompes hors de prix usées jusqu’à la corde, de la shoe-goe et des cheveux longs. Sur ces goûts incertains qui sont ceux d’une génération, le temps a fait office de décanteur. Aujourd’hui, PMC c’est un skateboard propre et élégant en apparence, celui des tricks techniques et de l’uniforme noir et blanc, des heures passées à cruiser dans les rues de Paris mais aussi Londres et Barcelone. Cependant, lorsque l’on creuse cette élégance apparente, on découvre une base plus crade, celle de la sueur, des dents cassées, de la poussière, des bières bas de gamme et des voyages galère, le tout rythmé par le flow et les lyrics de Booba. En somme, PMC c’est un groupe d’amis aux vies différentes, toujours heureux de se retrouver pour skater et boire une bière à la mairie du XIème, jouer avec les gamins et leur transmettre la passion de la planche qui roule.
Les photos sont d’Arnaud, les t-shirts écolos, les vidéos filmées par Paul Lombard, le groupe Facebook est là et l’achat ici.
Je n’ai eu le temps d’en mirer que quelques parties mais lorsque l’on visionne “Rendez-Vous“, la nouvelle vidéo du skateshop Nozbone, la première chose qui nous vient à l’esprit est : “Comment font les gens pour vivre ailleurs que dans le 75011 ?”
La vidéo est téléchargeable gratuitement et en bonne qualité ICI.
"Si tu es enchaîné par quelque passion – le jeu, la chasse, les plaisirs charnels -, renonces-y le plus vite possible et définitivement, car ces passions t'entraîneraient à de grandes imprudences."
Je suis tombé ce matin sur un blog terrible : Letters of Note. Il présente une foule de lettres manuscrites ou tapées, écrites et paraphées par des personnalités et grands (bons ou mauvais) de ce monde. Ce qui est confondant c’est de voir que tout y est, sans distinction, si ce n’est celle de l’écriture. Mat Groening raconte des banalités à un certain Jeff, Hitler autorise l’euthanasie des bébés jugés « non conformes », Kurt Cobain écrit son admiration à William Burroughs, trois adolescentes supplient le président Eisenhower de dispenser Elvis Presley de la traditionnelle tonte des G.I… Quand à notre tour nous serons devenus astronautes, chanteurs de rock ou écrivains, peut-être que nos petits-enfants feront de même avec nos e-mails ou sms…
Par Foucauld
Matt Groening déclarant que "Krusty the clow is God"
Hitler n'aime pas trop qu'on lui ressemble…
En revanche Kurt Cobain aime bien Burroughs (pas moi)…
On s’emmerde tellement ces temps-ci que je me retrouve à envier deux nymphes shootées par Lina Scheynius. Comment parviennent-elles à trouver un quelconque intérêt à courir les rues parisiennes ? Sont-ce leurs voiles virginaux qui leur offrent un regard neuf sur Lutèce ? Impossible, elles ferment les yeux, doivent être somnambules, rêver qu’elles sont ailleurs, qu’elles foutent le camp.
Ce matin, je n’avais plus rien à lire. Attiré par sa similitude graphique avec le New York Magazine, j’ai acheté une nouvelle revue intitulée « Vivre Paris ». Le fait qu’une telle revue soit trimestrielle eu dû me mettre la puce à l’oreille… Une grande ville qui n’offre comme matière que de quoi remplir un trimestriel ne mérite pas son statut. Le magazine a pourtant du mérite. Il me permet de réaliser pourquoi je ne sors plus et décampe tous les week-ends. Tout y est propre et cher, pourri par l’argent et l’air complaisant, pourtant bâti sur du néant. Au bout de cinq minutes de lecture, je veux revoir ma Normandie ou glandouiller sur un coin de trottoir de la grosse pomme, sirotant un café à one buck dans la poussière, le monde et la vie devant moi.
Un article sur une sélection de bars dits « moelleux » m’a déprimé au plus haut point. Ces établissements aux sous culs clubs ou capitonnés devraient me réjouir tant ils correspondent à mon goût. Seulement voilà, à quoi sert un fauteuil club si on ne peut y téter un cigare en rêvassant ? Quelle est l’utilité d’un sofa capitonné où l’ont ne peut y allumer clope sur clope en devisant pendant des heures ? La fumée est tout ce qu’il nous restait de libre à Paname City. Adieu, je retourne m’enfumer dans mes pénates. Au moins, il n’y a personne au-dessus et on y voit le ciel.
Un dimanche, deux ambiances : la délicate androgynie bleutée de l'excellente Dorothee Smith contrastée par la fureur politico-poétique de Saul Williams. C'est un peu court, certes, mais cela fera l'affaire et fermera le compte de cette semaine grise et molle.
L'autorité paternelle a eu le bon goût de m'envoyer la lettre d'information de la Pléiade qui publie ces jours ci la correspondance de Céline. Le titre de cette note provient de la missive que l'illustre écrivain à envoyé à Gallimard afin de tenter de faire publier "Voyage au bout de la nuit".
La lettre qui suit est issue d'un échange avec Albert Paraz et ne manque pas de retors !
"Tu sais j’écris comme un médium fait tourner les tables avec horreur et dégoût. Je n’aime pas je n’ai jamais aimé écrire je trouve d’abord la posture grotesque — Ce type accroupi comme sur un chiot en train de se presser le ciboulot pour en faire sortir ses « chères pensées » ! Quelle vanité ! Quelle stupidité ! Ignoble ! Je ne m’en excepte pas ! J’ai écrit pour sortir d’embarras matériel — rien que le mot écrire me fait vomir, ce prétentieux vocable. « Il écrit » — à fesser ! Immonde ! Le malheur a voulu que la nature me refuse un don expérimental, scientifique et me donne ce tour hystérique émotif — Don ? c’est beaucoup dire — Poète encore comme Lamartine ou musicien comme Mozart… Mais jabotteur ? confidentieux… Pouah ! Shakespeare prétend que nous sommes faits de la même étoffe que nos rêves. Les miens n’étaient pas d’écrire des romans ! Ah foutre ! Je le fais comme une bourrique qu’on fouette ! Cela me fait mal à la tête — m’empêche de dormir — me fait bourdonner — bref c’est un sale supplice dégoûtant. Ma vocation était médicale — mon idéal : Semmelweiss ou même Axel Munthe — mais Céline ? foutre quel pauvre fatigué raté ! On ne m’en dira jamais autant de mal que j’en pense — on ne saura jamais le chagrin qu’il m’a fait ! […]"
Fourre tout du vendredi : un couple enlacé auprès de son boxer féroce, le clip Truckers Delight de Flairs refilé par Dame Clo, et une piqûre de rappel pour les gamins des années 90 : Chad Muska sera en dédicace demain chez Colette à 11H et chez Street Machine à 14h30. Bon week-end.
Je me suis réveillé avec une curieuse bague dessinée à l’annulaire
gauche : un cœur malhabile flanqué de deux seins au milieu. Je sors
acheter une boîte de Doliprane 500 (ce qui est complètement crétin car je les
gobe toujours par deux) et tombe sur voiture garée en épi. Le même cœur est
dessiné au rouge à lèvres sur le pare-brise arrière. Sur le capot, trois boîtes
jaune dégueulent des restes de kebab et encadrent la mention « I’m
not in love » écrite avec des frites. Un remugle d’oignon m’oblige à me
poser la question suivante : y suis-je pour quelque chose ?
"Tous ceux que je voyais autour de moi n'étaient que des ratés, sinon des grotesques. Notamment ceux qui avaient réussi. Ceux-là, je les trouvais ennuyeux à pleurer. Les faillis de la vie m'attiraient, mais ce n'était pas la sympathie qui me guidait. C'est une qualité purement négative, une faiblesse qui n'attendait que le spectacle de la misère humaine pour s'épanouir. Je n'ai jamais aidé qui que ce fût dans l'espoir de faire le moindre bien; si je secourais les gens, c'étaient que je n'avais pas le courage de faire autrement. Vouloir changer le cours des affaires humaines me semblait parfaitement inutile; j'étais convaincu que nul changement profond n'étais possible tant que le cœur lui-même n'aurait pas changé, et qui peut se vanter de changer le cœur humain ?"