Nous avons pris les plus beaux chemins…

Thursday, May 19, 2011

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L’accalmie a été de courte durée. Après quelques tricks entre les flaques sous un Manhattan Bridge désert, l’averse reprend. Je suis obligé de fuir, mon skateboard grossièrement protégé par un sac poubelle.
Abrité chez Schiller’s sur Rivington Street, je commande un café et essore ma chemise. Grâce au Wifi dont dispose l’établissement, je lis enfin l’article du Monde Diplomatique qu’un ami m’a envoyé il y a quelques jours. Il traite de la correspondance entre Nicolas Bouvier et Thierry Vernet. « Le voyage était inouï. C’est la petite charge atomique qui fera tourner le moteur quatre-vingts ans. ». Mes vingt-quatre printemps optent pour l’agitation. Des murs vides et des biens qui tiendraient dans un seul sac, voici une vie, celle à laquelle j’aspire de plus en plus. Et puis ne  pas oublier d’écrire. « Nulla Dies Sine Linea » a fait peindre Zola sur la cheminée de son bureau à Medan. Pas un jour sans une ligne. « Bosse vieux frère, il n’y a rien de plus beau, rien ne se perd jamais surtout pas ça. Nous avons pris les plus beaux chemins. ».
« Needles and Pins » des Ramones s'associe au brouhaha de ce café aux allures françaises de pacotilles. Je m’y étais senti bien il y a trois ans, ce n’est plus le cas. L’absence de vue m’oppresse. On m’apporte l’addition. Le ticket de caisse est coincé entre un trombone et une carte postale de l’établissement. Une rangée de bouteilles y est présentée. Il y en a six. Les trois premières portent les numéros 1, 2 et 3. Les trois suivantes également, mais agrémentées des mentions « cheap », « decent », « good ». La pluie diminue, je retourne courir les rues. Dans laquelle des trois catégories se rangera cette ivresse ?

Par Foucauld

(Image "Hot Pants" de John Currin)

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