L’élite alcoolisée
Wednesday, October 8, 2008J’aime que le fil d’une journée soit imprévu. Hier, j’avais rendez-vous au Café Verlet avec Anaïs. Un Nicaragua Maragogype posé sur une table de bois verni, nous devisâmes sur la vie, nos amis et l’avenir puis firent un tour chez Colette pour jeter un œil à l’expo Off Off Bowery. Cette scène du Lower East Side me frappe toujours par sa cohérence. Contrairement à l’art contemporain français qui s’enseigne dans les écoles et nécessite de téter quelques chibres haut placés pour espérer percer, celui du groupe d’Aaron Bondaroff semble issu d’un mode de vie et ressortir du besoin vital de créer.
L’estomac dans les talons, nous sommes entré dans une crêperie des Halles. Alors que j’engouffrais une bouchée de lardons ceints de reblochon et de sarrasin, j’ai reçu un texto de Quentin me priant de le rejoindre. « C’est un plan marrant, la bière est bon marché, viens, on va rigoler ». Séduit par ce sans blanc d’aventure, je fis un sort à ma galette et fila direction de la rue d’Ulm. Arrivé sur place, mon pote me fit passer sous une barrière et j’entrais dans le berceau de l’élite : l’Ecole Normale Supérieure. Je le suivis dans un dédale de couloirs puis dans divers sous-sols avant de parvenir dans une vaste pièce enfumée. Je fus tout d’abord dérouté par la bobine des cerveaux de la nation. La majorité ressemble à des informaticiens gothiques : chevelus, boutonneux et vêtus de t-shirts noirs à la gloire de groupes de métal. D’autres rappellent des François Fillon nains et gigotent sur un podium improvisé. Soit. Je commande une première pinte, la siffle. Arnaud, Grégoire et Simon me rejoignent. Autre pinte. Nous filons dans une pièce adjacente qui fait office de théâtre. Vaste, sombre, et dotée de canapés que nous disposons en cercle. Nous parlons de New York, comparons les Clash et les Sex Pistols, entrons dans un grand débat (houleux) sur l’influence du skateboard dans la mode, dérivons sur la quête des repères, esquissons le sujet des revival dans l’architecture, déclarons que la pinte est le format parfait et joignons le geste à la parole en en buvant une cinquième. Une équipée se forme. Direction les toits. Nous courrons dans les escaliers, « taguons » des paroles de Booba sur un tableau Velléda (vandalisme poli) et parvenons au sommet. Je dédicace cet instant à mon père puis la soif me fait redescendre. Il est 4 heures du matin. Seuls subsistent les irréductibles. Une de nos femmes va voir le « DJ », lui réclame du Booba. Il s’exécute. Nous rapons la moitié de l’album Ouest Side sans faiblir. Comme dit Dimitri : « Le XXIe siècle aura du mal à se passer de Booba. » À 5 heures, nous courrons les rues direction « la cité à l’heure du premier métro ». Je boxe dans le vent. Une fois de plus, nous sommes parvenu à buter la nuit.
Par Foucauld
(Photo : Terry Richardson)
J’aime la photo de groupe
haha l’article! plus masturbatoire que ca tu t’arraches la bite…jadmire tout particulierement le name dropping intempestif…bravo les jeunes!c’est super coule
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