Le skateboard étant une discipline qui se pratique dans la rue, il permet aux amateurs de croiser leurs idoles de manière presque hasardeuse. Malgré cela, quelle ne fut ma surprise lorsque je vis Kevin « Spanky » Long se pointer nonchalamment au vernissage des 1980 chez Voskel à huit mille bornes de chez lui.
Avec Grég de PMC, nous avons coupé court à notre discussion, sommes devenus tout rouges puis tremblants. Mon cœur se mit à battre et ma bière vint s’exploser à mes pieds, constellant mes boots de houblon. Ce qui est curieux lors de ces situations, c’est que les non skateurs ne peuvent comprendre ce que cela signifie pour nous. Pourquoi un binoclard snob et précieux comme moi se décompose à la vue d’un chevelu d’un mètre soixante que personne ne remarque ? Pourquoi un barbu en Barbour se met soudainement à couiner comme une pucelle au bal des pompiers alors qu’il discutait très sérieusement des toiles exposées ou des cours de la bourse ? Le style, mec, le style…
De quoi témoigne ce genre de réaction ? Est-ce le symptôme d’une adolescence attardée ou bien le témoignage de respect d’un adulte au gosse qu’il était il n’y a pas si longtemps ? Je penche pour la seconde. Si le Foucauld de quinze ans rencontrait un Foucauld de vingt-trois ans qui a laissé passer Spanky sans être allé le saluer, il lui casserait la gueule avec sa Zoo York Quim Cardona « Sum Young Guy », bien tenue par ses trucks Destructo. Je n’aime pas prendre de coups, j’y suis donc allé. Cela fit ma soirée.
En fouinant sur un machin appelé Internet, je suis tombé sur cette photo d'Harold Hunter gamin, rossant un pylône en wallie. Plus loin, un très court métrage de Josh Bishop présente le même Harold Hunter, quelques années et kilos en plus, attendant le déluge la bouche grande ouverte à Tompkins Square. Absurde et déroutant. A voir.
Le tatoueur star Scott Campbell est rentré dans le blog game depuis une semaine. Nous verrons s'il tient le coup… Je voulais vous poster un de ses diaporamas dont est issu le titre de ce post mais c'est impossible techniquement. Il s'agit d'un magnifique oiseau rouge, tatoué sur le cou d'un solide gaillard que sa sainte mère doit regretter d'avoir mis au monde. Mirez-le directement sur son blog.
Booba le dit lui-même : « j’réalise mes rêves de G.O.S.S.E » et c’est ce qu’ont fait Grégoire Dyer et Guillaume David en créant une marque de nippes au nom de leur crew dix ans d’âge : PMC. Au lendemain d’un lancement à l’amerloque avec barbecue, poubelles remplies de centaines de bières, curb maison et cabrioles skateboardistiques, avec ou sans clope au bec mais souvent canette en main, l’heure est aux choses sérieuses. Il faut promouvoir. Alors voilà : L’histoire a commencé à l’époque de Tricks et des premiers Sugar, du boom du rap français, des baggy, de Tony Hawk 1, des pompes hors de prix usées jusqu’à la corde, de la shoe-goe et des cheveux longs. Sur ces goûts incertains qui sont ceux d’une génération, le temps a fait office de décanteur. Aujourd’hui, PMC c’est un skateboard propre et élégant en apparence, celui des tricks techniques et de l’uniforme noir et blanc, des heures passées à cruiser dans les rues de Paris mais aussi Londres et Barcelone. Cependant, lorsque l’on creuse cette élégance apparente, on découvre une base plus crade, celle de la sueur, des dents cassées, de la poussière, des bières bas de gamme et des voyages galère, le tout rythmé par le flow et les lyrics de Booba. En somme, PMC c’est un groupe d’amis aux vies différentes, toujours heureux de se retrouver pour skater et boire une bière à la mairie du XIème, jouer avec les gamins et leur transmettre la passion de la planche qui roule.
Les photos sont d’Arnaud, les t-shirts écolos, les vidéos filmées par Paul Lombard, le groupe Facebook est là et l’achat ici.
Je n’ai eu le temps d’en mirer que quelques parties mais lorsque l’on visionne “Rendez-Vous“, la nouvelle vidéo du skateshop Nozbone, la première chose qui nous vient à l’esprit est : “Comment font les gens pour vivre ailleurs que dans le 75011 ?”
La vidéo est téléchargeable gratuitement et en bonne qualité ICI.
Les voyages sont faits de rencontres souvent furtives. Curieusement, ce sont elles qui marquent le plus les esprits. New York est une ville réputée pour ne jamais dormir et, soucieux de m’intégrer au plus vite, je me suis astreint au régime suivant : sortie la nuit, skateboard le jour. Mal en point, je cruisais sous le cagnard entre les bagnoles, attrapais un ice coffea au deli du coin puis traînais jusqu’au soir au petit skatepark sous le Manhattan Bridge. En bon membre fondateur du crew GKS (pour Gens Ki Suent), je tentais de freiner par pauses régulières les 40’s de malt liquor que mes pores évacuaient à grosses gouttes au fur et à mesure que les tricks s’enchaînaient. Lors d’une de ces pauses, j’essayais de comprendre ce qui se passait autour de moi, sur les gradins. Un grand type musculeux en short et t-shirt noir parlait avec des gamins qui devaient lui arriver aux genoux. Au milieu, un petit tondu en marcel s’acharnait sous les encouragements de l’aîné hilare. C’est là que ce dernier vit ma board neuve. Une 5boro rose, flanquée d’une prostituée naïve et racketée par deux gamines. « I love dat shit ! This board is DOPE ! » Je remerciais puis entamais la discussion. Monsieur n’était autre que Steve Rodriguez, le créateur de la marque. Il partit deux minutes et revint avec la même planche que moi. « The deli over there sells our boards » « really ? That’s crazy man ! You can’t imagine a thing like that in France ! ». Steve promit ladite board au gamin s’il mettait fakie heel flip. Suant, crotté, il parvint à ses fins et le gain marqua le plus beau jour de sa vie sous les regards envieux de ses potes. Quelques jours plus tard, nous nous revîmes aux Brooklyn Banks, le spot mythique qu’il a sauvé de la destruction. Steve vint me baragouiner un « comment ça va » avant de rosser les piliers du pont à coup de wallrides à mille à l’heure ! Le même après-midi, je le retrouvais de nouveau au Manhattan Bridge. Il apprenait à deux gosses de maximum cinq ans les rudiments du ollie. Le reconnaissant, quelques gamins plus âgés vinrent lui demander des autographes et des stickers, sur le cul de rencontrer quelqu’un « des magazines » en vrai. Cataclysme d’incompréhension dans la tête des deux petits. « Comment ? Que se passe-il ? C’est quelqu’un de connu ? Mais pourquoi ? C’est pas juste un grand sympa qui nous aide ? » Mais Steve est déjà ailleurs, dans les hauteurs d’un transfert sur la pyramide ou riant avec ses troupes de 5boro. Vu le prix du matériel, le skateboard français est un sport de bourgeois et j’ai toujours ri lorsque je lisais dans une interview que le skate avait sauvé tel ou tel gosse de la débauche et des bêtises adolescentes. Jusqu’à ce second séjour New Yorkais. Dans cette ville où la drogue est omniprésente, les blunts de weed flambent à toute heure sur les spots. Même l’alcool est considéré comme une drogue. Du coup, les gamins boivent pour se défoncer et non pas pour le goût ou la convivialité comme nous le faisons dans l’hexagone. Planquées dans des sacs poubelles, leur consommation de tize leur donne des airs de sniffeurs de colle. Les parents sont absents, certains sombrent sous les regards noirs de leurs amis : « Ya shouldn't drink dat shit bro ! Go skate man ! ». Par sa sympathie, sa constante motivation et le modèle qu’il représente peut-être malgré lui, Steve permet de désamorcer ce genre de descente à la Harold Hunter. Quelques heures avant mon avion, je parvins à trouver la board de mes rêves chez KCDC. La « Cinqo Barrios » dessinée par Grotesk pour… 5boro. Une rencontre furtive, de bons produits indépendants, des visuels soignés… me voilà propageant la bonne paroles de la Vierge de Guadalupe et de son fils chéri, Steve Rodriguez, roi des Five Borough de la Grosse Pomme.
Il y a quelques semaines nous vous postions la bobine d'Antwuan Dixon en couverture du Trasher Photo Issue. Le mec aux tatouages les plus ghettos que je connaisse mérite d'être détaillé dans ses moindres détails encrés. Il est désormais possible de zoomer dessus en cliquant ICI. Bon courage…
Vous l'aurez compris à la lecture de nos articles fleuves : ces temps-ci, nous sommes (très) occupés. En guise de plat unique : la bobine tatouée d'Antwuan Dixon en couv du Photo Issue de Trasher et sa part dans la Baker has a Deathwish comme piqûre de rappel.
Il y a un an jour pour jour, je débarquais à New York, le nez en l’air et la morve au vent, de l’inconnu par pelletée et une pauvre adresse d’auberge de jeunesse en poche. Deux mois plus tard, ma vie avait changé, définitivement. Depuis, il ne se passe pas un jour sans que j’y pense, en attendant d’y retourner. Ce qui me manque varie. Ces derniers temps, c’était la couleur du sol et le rythme des dalles de béton. Cerveau niqué, foutu, irrécupérable. Pour me faire pardonner de ces souvenirs sans intérêt apparent, voici une incroyable vidéo de Mark Gonzales pour Four Stars. Bonne journée.
Le bon Paul Lombard a parfois des déboires d'organisation mais il est rare qu'il abdique. Lorsqu'il se retrouve sélectionné pour le festival Futur en Seine
et qu'il doit retourner sa vidéo en trois jours, il fait appel à la
team de skate PMC (Guillaume David, Greg Dyer, Thomas Iliou). Niveau
intendance, l'affaire est rapidement réglée. Burgers maison dans le
Belleville Zoo, litrons de Coca Cola, une petite bière en guise de
carotte et les voilà enchainant les cabrioles à l'américaine dans le
75011 (tu connais la rengaine : "n'ai aucun doute sur l'département").
Une autre petite bière pour se donner du courage et le géant roux s'attèle au montage et aux animations. Le résultat est sous la signature de l'auteur de ce mauvais papier.