La Conjuration a peu posté ces derniers jours, pour deux raisons :
1/ Le bouclage et lancement du troisième opus de l'Imparfaite, brillante revue polissonne émergée de Sciences Po, dont les numéros s'acquièrent ICI ainsi que jeudi soir LA. 2/ L'after du lancement de KR3W Footwear qui aura lieu ce vendredi 22 octobre au Tigre, en présence de messieurs Lizard King, Ali Boulala et Tom Penny, après un vernissage chez BlackRainbow.
Dans les deux cas, il s'agit de réaliser nos rêves de gosses. L'imparfaite assouvit les envies d'écrire, de photographier et d'éditer ; trois activités qui s'intègrent dans notre volonté de créer. Le Tigre nous permet de faire la fête avec trois messieurs de la plus haute importance (surtout pour moi) :
Lizard King, l'inventeur de "PASSION", le mot qui a remplacé la ponctuation de mes phrases depuis plusieurs mois.
Ali Boulala, le skateur favori de mes quinze ans, fraîchement libéré de quatre ans de geôle australienne.
Tom Penny, l'une des définitions du style pour plusieurs générations.
Pour venir en aide à une cousine exilée, je cherchais une adresse new-yorkaise sur Google Map. Atteint de procrastination, j'ai poussé l'investigation jusqu'à trainer sur Street View. Qu'on me traite de geek et/ou d'illuminé, mais je mettrais ma main à couper que c'est Lizard King qui squatte devant Autumn, casquette à l'envers et hoodie Deathwish kaki. Big Brother's watching you… On ne voit pas grand chose, mais cliquez sur le lien ou tapez l'adresse suivante et vous verrez !
Dans nos manuels d’Allemand (ou d’Anglais, ou d’Espagnol), il y avait toujours des petites bandes dessinées un peu nazes où de jeunes protagonistes présentaient les clichés de chaque côté du Rhin (ou de la Manche, ou des Pyrénées). Les Allemands avaient Nina Hagen et nous avions Brigitte Bardot. Nous ne savions pas tellement qui elle était, n’ayant jamais vu ses films ou ses photos, mais elle avait le pouvoir de faire saliver les pères de nos correspondants. Ils nous en parlaient la larme à l’œil et la bière à la main, devant un plat de charcuterie ou de tranches de fromage sans goût qui nous coupait l’appétit. En mettant fin à sa carrière, avant que ses ridules deviennent autre chose que le charme d’une certaine maturité, Brigitte Bardot est devenue un mythe capable de séduire toutes les générations. Lorsque les polissons de son époque découvraient avec joie un nouveau poster à punaiser sur les murs de leurs chambres de bonne, on imagine sans peine les rêves humides qui en découlaient. Les moins fortunés devaient faire de même avec les photos issues d’une presse people naissante et agrémenter ainsi leur casier d’usine ou le dortoir du régiment. Pour que notre génération ne soit pas en reste, la galerie James Hyman de Londres présente 75 clichés de l’icône, pris par des paparazzis de l’époque. Découvrez-les sur le site, et retrouvez la ferveur de ceux qui n’avaient le choix qu’entre le bordel de campagne ou le mariage pour apercevoir ces deux petites fossettes qui creusent le bas du dos, de chaque côté de l’échine…
J’ai évoqué avec Spanky la chance qu’ont les skateurs de pouvoir croiser leurs idoles au coin de la rue. Voici pour la vraie vie. Dans l’autre, la virtuelle, c’est la même histoire, sauf que les distances se réduisent en un clic.
Vous êtes fanatique de football ou de tennis ? Imaginez que vous puissiez suivre chaque jour l’envers du décor des vies de vos favoris : Nadal buvant des bières, Evra choppant sa voisine de palier, Cissé passant chez le tatoueur du coin de la rue ou Federer tétant un blunt en découvrant son nouveau pro-modèle de Nike. Cool, non ? Et bien ceci est la réalité de notre monde d’érable et d’uréthane. D’Epicly Later’d à Shake Junt, de Now I Remember à Crailtap, chaque jour nous apporte les menus potins de nos idoles à roulettes. Le décalage horaire nous montre leurs nuits avec notre premier café.
Les skateurs étant des gens souvent très lookés, voire stylés, ils font le bonheur des minettes de la mode ou de ceux qui préfèrent se dissimuler derrière l’objectif. Je suis ainsi tombé sur le blog de Pia Arrobio, qui copine avec mes favoris. Kevin « Spanky » Long, Lizard King ou Braydon Szafranski sortent du papier glacé et des vidéos sponsorisées pour courir les rues, se nourrir de tacos, tomber ivres morts dans le caniveau, vomir dans un taxi et se faire frotter le dos dans la baignoire d’un motel par quelques
hooters girls. Ce bonheur argentique scanné atteint son comble lorsque je tombe sur un polaroïd de mon rooftop new yorkais et que je me rends compte que la photographe et moi avons des connaissances communes. Long live internet, tant qu’il prolongera la vraie vie !
Mr Toledano nous rappelle qu'ils s'amusent plus que nous de l'autre côté de l'Atlantique. A t-on jamais eu la chance de participer à un concours de mitrailleuses lourdes dans le Lot ? Nous non, eux oui : il leur suffit d'aller dans le Kentucky. The United State of Entertainment nous fait découvrir de grands blonds bodybuildés rejouant la Guerre de Sécession, demi-litre de Coca et compact Olympus à la main, nous offre une balade aux milieux de missiles sans âge plantés dans le désert du Nouveau Mexique, nous fait visiter un parc habité de maquettes de robot-dinosaures. Pour toutes ces choses on dit merci au monsieur et on fouille le reste de son travail.
Hyère c'est plié : qui peut rivaliser avec cette gamine au visage improbable qui caresse des chevreaux dalmatiens. La photographe : Robin Schwartz, son livre : Amelia's world.
Kyle Scully n'a pas inventé la poudre depuis le Canada où il réside, mais ce n'est pas avec un post comme celui-ci que je vais révolutionner la prose. Profil bas et on jette tout de même un œil. Les tatouages débiles et les natures mortes de skateurs potaches en argentique saturé n'ont jamais fait de mal à personne.
"That’s what you do when you’re skating : you watch. Uptown, looking
at the business people. Downtown, the homeless people under the Brooklyn
Bridge. Just watching the way light hits people."
Comme le disait un proche à la prose bien faite : "les rapprochements audacieux ne sont pas un domaine qui inquiète la Conjuration". Son verbe devient mon ordre, ma licence, et je passe dans le même dimanche, un reportage des très vénérables VBS, qui nous rappellent que les radios pirates n'ont pas toutes coulées en mer du nord et les photographies de Jeff Bark, artiste New Yorkais qui cite Morrissey et prend le temps de figer des hommes bien mis se soulageant sur leurs tapis. Un chic type.
Puisque nous sommes Vendredi Saint, le post du jour aura un aspect pieux, photographiquement parlant, avec Walter Sanders. Point de Passion ni de crucifixion mais des Vierges de plastique, parfois phosphorescentes, collées sur les tableaux de bord de cabs new-yorkais. La Madone de Lourdes ou de Guadalupe fait office de Saint Christophe, protégeant les chauffeurs des accidents, attaques, faillites, fêtards en goguettes et amateurs de taxi-basket. Une belle série publiée dans Life il y a quelques décennies.