Jules est parti aux Amériques et je joue au puits de science en lui transmettant mes bons plans. Cherchant les liens qui firent mes étés new-yorkais, je tombe sur la vidéo de Sognar sur le blog de Saturday, surf shop branché de Crosby St. Un Love Supreme contemporain bercé par le sublime "Eyes Without a Face" de Billy Idol.
Je mirais hier soir Madame Claude, le film sur la célèbre mère maquerelle qui chaperonnait les plus belles femmes à l'intention des grands de ce monde. Le tableau d'une époque où les playboys s'habillaient chez Renoma et, cintré des rayures de la maison, Gainsbourg faisait couiner sa Jane au générique.
Nous ne sommes pas au mois de Novembre mais ce n'est pas grave, je tiendrai bon. Malgré l'ascension du thermostat, je conserve mes boots et confis petit à petit dans mon denim. Je grimpe les escaliers et vais sur la terrasse. Je rêve d'immensités où pourraient s'exprimer les raisins de la colère dans un petit solo, mais il n'y a que Paris qui s'étend péniblement jusque Montmartre. Si seulement je pouvais avoir autant de classe que Slash lorsqu'il quitte l'église à 3min42…
Fin d'après-midi, le soleil daigne se montrer à travers les nuages, donnant l'illusion d'un mois de juin conforme à ce qu'on attend de lui. L’automobile passe sous quelques bretelles routières moches à souhait. L’époque n’est plus aux affiches 3615 ULA, mais leur souvenir aguicheur reste dans nos mémoires. Le curb que nous transportons de spot en spot sur la plage arrière me meurtrit l’épaule. Pour gagner un peu d’espace vital, j’ouvre la fenêtre et y passe le bras. L’autoradio diffuse ces accords de piano que mes doigts impriment sur la carrosserie.
Because The Night belongs to lovers Because The Night belongs to lust Because The Night belongs to lovers Because The Night belongs to us
Lætitia roule, ondule et se déhanche, se cambre à l'extrême puis se tend. Se sent-elle en danger ou d'humeur défiante ? Le mâle est-il acquis ? Elle le veut à ses pieds alors, dans le doute, elle se révèle, ôte tout. Le loup hurle, ses mâchoires cherchent à mordre, à dévorer. Puisqu'il bout, tempérons-le, de dos… De grâce ! C'est bien pire, je n'y tiens plus. Je crache dans mes mains et plaque la salive contre mes cheveux comme un Pento d'illusionniste. Quelle idée de porter du gris chiné et un strict denim brut : qu'on me taille un complet violet en guise de camisole, je défaille dans ma chambre capitonnée de bleu !
J’ai déjà évoqué plusieurs fois l’importance de réaliser ses rêves de gosse, et le respect que j’ai pour ceux qui y parviennent.
Il y a différents stades à cette réalisation. Le premier est le rêve en lui-même, le second est celui de la réalisation et le troisième celui de l’envol. À cela vient s’ajouter une quatrième qui permet de boucler la boucle. C’est de celui-ci que je traiterai dans ce papier.
Vendredi soir, je me suis retrouvé à suivre une demoiselle au « Domaine Privé » d’Air, à la Cité de la Musique. Les deux Versaillais étaient accompagnés sur scène par Jarvis Cocker, co-auteur de 5:55, l’album de Charlotte Gainsbourg. Le binoclard dégingandé interprétait leurs collaborations, ses propres chansons, celles de Pulp ou tout simplement celles d’Air, ponctuant l’ensemble de danses distordues au charme certain.
Je ne m’attarderai pas sur la musique puisque j’ai horreur d’écrire sur ce thème, en revanche, un détail m’a particulièrement interpellé. Avant d’entamer le dernier titre du rappel, Jean-Benoît ou Nicolas fit une déclaration dont la substance s’apparentait à : « il y a longtemps, nous avions composé un titre, et Jarvis fut le premier à le passer à la radio en Angleterre. Ce titre c’est Sexy Boy et la suite vous la connaissez. » D’une certaine manière, c’est ainsi qu’Air remerciait, douze ans plus tard, celui qui leur a mis le pied à l’étrier pour une chevauchée internationale, au succès indéniable, dont la fin n’est pas annoncée…
Printanier, tirant vers l'estival, difficile de faire plus léger que ce "Bermuda" du duo Kisses. Si j'aimais le Perrier et le tennis, je m'en décapsulerai bien un, allongé dans l'herbe, bercé par un lointain bruit de balles et ces accords californiens, ne faisant plus d'autre geste que celui de lever mollement le bras pour chasser quelques insectes importuns…
Je sortais de ma douche, le transistor diffusait ces accords de piano relativement simples. J'ai relevé l'heure sur mon réveil puis, plus tard, j'ai regardé sur le site de Nova à qui je devais cette rengaine entêtante. La réponse : Toto et son "Georgy Porgy".
Nous avons cru au retour des beaux jours, pressenti celui de l'indolence estivale, espéré sentir la sueur réemprunter les sillons de nos fronts et nos pieds macérer dans les Docksides, mais le baromètre a oscillé dans le mauvais sens et ma Lock & Co est toujours vissée sur mon crâne. Tant-pis, j'attends tout de même en terrasse, ou bien je boxe l'air, l'Odyssée de SIE dans les oreilles et cette image de Catherine Deneuve sortant des flots dans un coin de la tête…
Par Foucauld
PS : le titre est toujours issu de "Femmes" de Sollers
Comme le disait un proche à la prose bien faite : "les rapprochements audacieux ne sont pas un domaine qui inquiète la Conjuration". Son verbe devient mon ordre, ma licence, et je passe dans le même dimanche, un reportage des très vénérables VBS, qui nous rappellent que les radios pirates n'ont pas toutes coulées en mer du nord et les photographies de Jeff Bark, artiste New Yorkais qui cite Morrissey et prend le temps de figer des hommes bien mis se soulageant sur leurs tapis. Un chic type.