Lundi, je trahirai le 75011 pour remplacer le premier 1 par un 0. Je n'ai rien à dire. Profil bas. Incapable de pondre quoi que ce soit. Je suis perfide, Albion me soufflera des tuyaux pendant le week-end ; mais je doute que l'ale tiède m'ôte les regrets.
En lapant ma soupe, je redécouvrais Downtown 81, ce film avec Basquiat "qui n'est pas la réalité, mais n'est pas faux non plus". Il y déambule, tableau sous le bras, dans un Lower East Side apocalyptique, poussant quelques plaintes de clarinettes ou s'arrêtant pour taxer un joint. Le métro est trop cher, les téléphones portables inexistants. En revanche, le hip-hop se découvre dans la rue et il n'y a pas besoin de prétextes pour trainer. Graffitis peints en plein jour, vagabondage de club en club à la recherche d'une âme sœur entraperçue, New York palpite, cela se répercute dans les artères de ceux qui foulent ses rues. Et parfois, au détour d'une ruelle, la bouche purulente d'une homeless réalise les rêves les plus enfouis…
Fin du film, l'orgue de Suicide suinte comme les murs du quartier. Il suinte l'héroïne et l'urine, les viscères de rat et le jus de poubelle, ces aliments dont la Grosse Pomme se nourrissait à la shooteuse. Cheree, cheree, onomatopée chewing-gum ou franglais habillé de latex ? A écouter plus bas, ou mieux, à regarder en entier ICI.
Peut-être qu'il y aura de ça, quand nous serons vieux… Nous combattrons les rhumatismes de nos phalanges gonflées en nous affairant contre des sacs de frappe, avant d'achever nos rotules sur des jersey barrier. Si nous tombons, pourvu que ce soit contre les poitrines, même tombantes, de filles optimistes qui nous tiendront encore un peu la main.
Quelques hauteurs féminines tentent d'atténuer mon stress à grand renfort de vidéos conceptuelles. C'est charmant. Je conserve une préférence pour la blonde vers 1min20, la surimpression de son visage par dessus son corps, le contraste tunique/fesses/boots…
Les leçons de code enseignent que la chaussée est davantage glissante en début qu'en fin de pluie car l'averse rince l'asphalte de sa poussière. C'est une mise en garde utile aux automobilistes, mais je suis piéton dans l'âme. A mes yeux, cette flotte venue d'on ne sait où colle les impuretés aux accrocs du bitume et salope le chemin d'akènes, dont les poils humides viennent s'immisser dans les trépointes de mes boots. Tant-pis pour la marche, je n'ai plus qu'à enfourcher une bicylette, saisir les joies du dérapage. Baisse la tête, t'auras l'air d'un coureur ! Riche idée. Ainsi, je verrais par dessus mes lunettes qui ne disposent pas encore d'essuie-glasses.
- "Et en plus tu emploies le mot "chouille" comme les bretons et les mecs en école d'ingénieur à Lille ; tu devais être vraiment saoul ! Au moins ton alcoolisme est plus sincère que celui de Jean Dujardin dont le cancer est bien propret."
Malgré quelques dialogues de qualité, Le Bruit des glaçons n'est pas très tapageur ; on y boit un vin bien trop clairet pour qu'il en résulte une vraie tumeur, que l'écrivain hurle de douleur… En revanche, j'ai eu le plaisir d'y découvrir "A thousand kisses deep" de Leonard Cohen. Dont post.
Enfin, foutre le camp. Exil quasi complet où j'exclurai jusqu’au moindre transistor. Dédaigner tout vêtement, se sustenter de melons et de caillettes, les faire glisser au Château La Canorgue… Mon cerveau n’aura plus à faire l’effort de rêver, le coma dans lequel le plongera le marc local avortera toute insomnie.
Dernier sursaut avant fermeture des stores : réécouter l’admirable « Présence Humaine » album de Houellebecq enregistré avec A.S Dragon, en attendant « La carte et le territoire », son nouveau roman qui sortira en septembre ; un mois encore lointain…
Entre mes doigts meurent les vestiges d'un gros El Credito dont la fumée vient s'ajouter au filtre de mes verres teintés. A mes pieds, la presse est éparse, abandonnée. Je lui ai préféré la rêverie, pour mieux laisser une petite musique s'installer dans ma tête.
Mélodie d'amour chante le cœur d'Emmanuelle
Qui bat cœur à corps perdu.
C'est bien de celle-ci qu'il s'agit, de celle des débuts, nous n'en sommes pas encore aux "caresses buccales et manuelles"…