Un fameux délinquant new-yorkais vient de me balancer ce clip des Virgins, intitulé Teen Lovers. Réalisé par Ace Norton de l’excellente agence Partizan, il dresse plusieurs tableaux explicatifs des joies et peines adolescentes. Doux mélange d’American Pie et de cours d’éducation sexuelle de quatrième, il témoigne de l’humour des Virgins et montre qu’ils sont autre chose qu’un groupe de péteux fréquentant le Lit Lounge et les afters chez les hits girls du Lower East Side. Enjoy !
Rouquin longiligne. Musicien. Norvégien à l'égo démesuré et aux deux milles collaborations. La voix de Poor Leno de Royksopp, c'est lui. La moitié du très inspiré et très esthétique duo King of Convenience c'est lui. Enfin, c'est lui qui tient The Whitest Boy Alive à bout de bras. Avec Dreams, leur premier album, on sentait déjà que le quartet maîtrisait la batterie légère et la télécaster proprette. Burning et Don't give up comme fer de lançe d'une douceur pop maîtrisée à la perfection.
Rules, leur nouvel opus, la met en plein dans le mille. C'est bien simple, tout se tient: ça déroule, carré. Les syncopes du couple charleston-caisse claire se mêlent aux nappages bien ronds des synthétiseurs de Daniel "Mr Synth" Nentwig, le frappé de l'analogique, l'esthète du filtre, l'apôtre des Crumar, ces orgues électroniques italiens des années 70. Si le jeu de basse est impressionnant de doigté, j'en rajoute une couche: Mr synth c'est le nappage chocolat sur un brownie encore fumant: superbe. Pour vous en convaincre vous n'avez qu'à écouter Intention, Courage ou Island. Cette dernière ayant toujours ce même effet sur les muscles de mon visage, un froissement des zygomatiques: je ne peux rien y faire, à partir de la cinquième minute je perds le contrôle et sautille frénétiquement, les yeux baissés, rictus en coin, paumes vers le ciel. La guitare clarifie l'ensemble, claire et tonique, comme sur la belle Gravity, une de mes petites protégées de l'album. La voix d'Erlend Oye, et bien c'est la voix d'Erlend Oye, on n'aime ou on n'aime pas: tiède, avec cet accent particulier, faussement suave, rèche presque. Les mots de la fin: arrangements précis et malins, musiciens géniaux, grand groupe, album flirtant avec le sans faute.
La Conjuration est loin d’être avant-gardiste en évoquant Late Of The Pier. Tous les médias « connectés » en ont parlé bien avant nous. Nous ne faisons rien comme tout le monde et nous n’avons cure de rentrer dans la course aux infos. Nous suivons nos envies, point barre. Lorsque les « Jibélises » interviewaient Late Of The Pier pour Brain Magazine en août dernier, pour rien au monde je n’aurais suivi leurs conseils et écouté ce groupe. Des peignes culs imberbes ? Des clones s’agitant de manière grotesques sur leurs claviers dans des clips crypto gay ? Faire l’effort de les écouter ? Never d’ma life ! Oui mais voilà… L’autre jour, je me levais encore saoul et triturais les boutons de mon poste radio à la recherche de quelques choses d’enjouant pour m’extraire des vapeurs d’une nuit agitée. Le hasard me fit tomber sur Ouï FM à l’heure des pubs. Une réclame condensait quelques tubes de Late Of The Pier dans un Medley. Un djeuns cool parlait de révolution, de parrainage d’Erol Alkan et tout le tralala. Allez savoir pourquoi, cette pub me revint en mémoire dans la journée et je tapais le nom du groupe sur Deezer. Bingo ! L’album y est ! Je branche mes écouteurs sur mon Mac et écoute cette « révolution ». J’avoue avoir été séduit. C’est dansant, mélodieux, parfois énervé et blindé de tubes (je serais bien incapable de dire mon titre favori). Là où les choses se compliquent c’est dans leurs clips. « Hertbeat » les plante en puceaux sponsorisés par Urban Outffiters, fouillant dans les cendres puis se bousculant dans des décors identiques aux illustrations de leurs t-shirts. Avec « Focker », les minets ont changés de sponsors. Ils jouent les robots en American Apparel. Le coton doit être de qualité car ils ne transpirent pas malgré une vaine agitation. Dans « Bathroom Gurgle » nos chéris des chéris traversent une période sombre. Ils se cherchent du côté de l’ésotérisme, se promènent torses nus et se peignent des triangles sur le corps. Tralalalala c’est la fin du monde, sauvons nous vite dans un vaisseau spatial. La descente de drogue n’a pas su freiner le vaisseau car nos lapins d’amours se retrouvent dans la forêt. « Bears Are Coming » ! Vite, vite, célébrons leur arrivée ! Férus de nippes, nos quatre garçons pleins d’avenir revêtent un mélange de burqa et de chasubles du Ku Klux Klan et célèbrent des messes noires dirigées par un grand vizir amateur de chips… J’ignore si mon papier vous aura donné envie d’en savoir plus mais je vous recommande de chopper leur album. Ne les imitez pas au niveau visuel mais montez le son de cette tuerie !
Lorsque nous étions enfant, le mercredi était le jour de parution de Mickey Magazine et ses
somptueux cadeaux. Aujourd'hui, nous sommes à l'ère des blogs et du
numérique. Je réserve ma description du blog pour plus tard (il s'appelle Soupe de Lait) mais vous donne le cadeau toute de suite : un mix de 79 minutes de Booba, mêlant classiques et inédits, œuvres récentes et punchline Beat de Boul.
Je savais que je ne regretterai pas d'avoir passé près d'une dizaine d'années à chauffer les bancs de mes classes d'allemand, pour, au final, ne pas pouvoir commander un Kebab correctement.
Ici, ma récompense prend la forme d'un grand dadais entouré de trois nymphettes élancées. Petit prodige de la mélodie, Andreas Dorau a été, aux côtés de la divine Nena ou de D.A.F, l'un des plus fier leader de la NDW (Neue Deutsche Welle, nouvelle vague allemande dans le texte). Cette ritournelle, Fred Vom Jupiter, resta, excusez du peu, 18 semaines au hit parade teuton, lors de sa sortie en 1982.
Croyez moi, un beau jour les chorégraphies affectées reprendront le pas sur l'agitation frénétique des gamins fluorescents et cher Mr Darcos, osez mettre Andreas au programme et je vous promets des salles d'allemand bourrées d'élèves consciencieux.
Certains y sont rentrés par les souterrains, outre-Manche, moi, c'est avec Berlin que j'y ai goûté, enfin, par disques interposés. La "musique électronique". Ca devait être un peu après 2003, avec Berlinette d'Ellen Allien. A cette époque où on n'osait pas trop traîner sur les grands boulevards, Bpitch représentait ces grandes esplanades vides, dallées de bitumes, ces fêtes cachées sous terre, celles qui ne s'arrêtaient jamais.
Je dois avouer qu'avec le temps, j'ai moins suivi l'écurie, j'ai laissé des marges, je suis allé voir ailleurs.
Ce soir, pourtant, je retombe dans le casque, avec nostalgie: un ami vient de m'envoyer le B.O de Berlin Calling, où celui qui, à mon avis, a longtemps dominé ce label, joue son propre rôle. Paul Kalkbrenner, sorte de Monsieur Propre taciturne et efflanqué, veille sur sa ville, avec sa musique aux paradoxes assumés: compacte et subtile, brutale mais élégante, complexe avec naïveté. Allez, j'arrête avec les adjectifs, il est tard, et je conclus. Cette ville est magnétique, lui l'est juste un peu plus.
Qu'est ce que tu veux que je te dise, il fait nuit dehors. Je ne me rappelle pas très bien ce qui m'a marqué en premier quand j'ai ouvert cette chanson. Résolue, la mélodie résiste bien à la rythmique saccadée, les arrangements font preuve d"humilité mais touchent à coups sûrs, les deux voix se répondent avec justesse: on y est tous passé et on y retournera sûrement, impatients.
Ça y est, c’est le grand jour… Après trois années d’attente, le nouveau Booba est arrivé. Cela fait bizarre de l’avoir enfin entre les mains. La jaquette est immonde malgré une surimpression honorable mais je n’en ai rien à foutre. Chez moi la musique est dématérialisée et c’est uniquement en MP3 que j’écouterai 0.9. L’intro esquisse un sous-sol, les murs suintent pendant que Booba distille sa cocaïne à grand renfort de bicarbonate de soude. Les chœurs de « Izi Monnaie » traduisent le miracle qui s’opère. «L’argent fait le bonheur, j’en reste convaincu», dans ce décors illicite, le Duc réaffirme ses valeurs, qu’on ne le prenne pas pour un rigolo malgré tout ce que ses textes vont induire de sensible. Seulement, Booba n’est plus le même. Il prend de la bouteille et le dit lui même : « J’dois prendre le large, négro, je prend de l’âge ». Après le jeune loup de « Temps Mort » Panthéon brossait le tableau de sa richesse naissante et précédait « Ouest Side » qui en était le point culminant. Toutes ces liasses n’apaisent pas pour autant ce cher Monsieur Yaffa : « On n’ma jamais dit ce que j’allais devenir, que mes démons fuiraient, mais qu’ils allaient revenir ». Comme s’il regrettait de nous confier ses états d’âme, il se barricade avec son crew: « 92i apprend à frapper l’ennemi jusqu’à ce que tes phalanges saignent ». Protégé, il ne parvient pas pour autant à s’endormir sur son matelas de billet. « Je tourne en rond, je roule en ture-voi pour trouver l’sommeil ». On l’imagine alors ruminer sur « Illégal », mirer les hauteurs de Saint Cloud en garant sa Bentley sur le Pont de Sèvres, se dire « J’ai accompli mes rêves de G.O.S.S.E ». Cet aveu fait rappliquer les jaloux, ces pathétiques roquets. Ils sont si ridicules que Booba ne daigne même pas hausser le ton. Il leur assène « Calmez vous, j’arrête bientôt le rap, je vous le garantis » et revient à des considérations plus hautes dans « Salade Tomates Oignons ». La mort peut surgir à chaque instant malgré son gilet pare-balles. Booba a fait beaucoup de mal, il sait qu’il ira en enfer, il ne lui reste plus qu’à « Prier pour que les rivières du Styx se refroidissent » et attendre la faucheuse en restant du côté des valeurs établies : « Salade, tomates, oignons à vie c’est de plus en plus sur ». Le problème chez Booba, ce n’est pas lui mais les autres, les rageux. Ils sont si nombreux que Booba doit s’en charger « plein de haine comme les rayures sur ma portière ». « Soldat » fidèle au loi de la guerre, il attend du respect de la part de son adversaire : « Quand tu frappes regardes moi dans les yeux ». Un sens de l’honneur que l’on retrouve également dans « Game Over» : « J’arrêterai quand il le faut, je ne ferais pas l’album de trop ». Finalement, ce qui torture Booba c’est ce mal être alors qu’il n’y a « Rien A Signaler ». Il devrait se foutre de tout puisqu’il est intouchable, ne crois qu’en lui-même et assume tout ce qu’il a fait et fera : « Nouveau riche je n’ai jamais eu honte, j’ai pleuré de la fonte / rendez-vous en Suisse, bâtard, si tu veux m’régler mon compte », pour le moment « J’assure mes arrières, protège mes intérêts ». 0.9 nous montre qu’en fin de compte il n’y a que Booba qui ai vraiment compté en cette première décennie du troisième millénaire. Ses détracteurs ne le critiquent qu’au premier abord. Ils sont simplement déroutés par les pirouettes avant-gardistes du Duc. Le vocoder, cette horreur ? Ne crache pas dessus ducon, dans six mois tu n’utiliseras plus que ça dans tes prods de tard-ba.
1979, le prix du pétrole s’enflamme, Jean Paul II se balade à Mexico, on apprend que les lapins savent nager et, au milieu, le premier opus de The Flying Lizards fracasse les bacs de Londres. Lorsque le génie bidouilleur de David Cunningham s’associe à l’élégance morose de Deborah Evans-Stickland, un des groupes les plus excitants des “early eighties” britanniques voit le jour.
Leur succès se construit sur ces reprises de standards Soul – RnB américain, déstructurés, malmenés, dépouillés pour ne laisser que l’essentiel et nous offrir, à nous jeunes gens ébahis, ces quelques perles de minimalist-pop à faire gigoter un mormon.
Un repas anodin est parfois prémonitoire d’un événement marquant. Pigalle, 15heure, je squatte un resto africain avec Arnaud. Tieb poisson et poulet yassa. J’en sors repu et là, Paf ! Je reçois le coup de téléphone d’un indicateur du Pont de Sèvres. L’exclu ! Un medley de 09, le prochain album de Booba est dispo sur le web. Je tremble d’impatience et cours l’écouter chez moi.
Même si ce n’est qu’un « aperçu » musical, l’ensemble rattrape les deux premiers et décevants extraits que sont B2OBA et Illégal. Une pépite : le son « Salade, Tomate, Oignon » qui démarre au quart de tour avec :
Au pays d’largent facile Combien sont mort en chemin ? Fuck les A.P.L, les transports en commun !
Il y a aussi cette merveille, issue de "Izi Monnaie" :
Le beurre, l’argent du beurre, Pour tartiner mes tranches de vie.