On peut dire de Church's qu'ils ne font plus que des pompes de vieux, il demeure fascinant de voir leur processus de fabrication, du choix des peausseries au marquage de l'enseigne sur la semelle. Une belle vidéo du Très Bien Shop avec, malheureusement, une abominable rengaine.
Il y a presque un an et demi, je vous avais parlé de RVCA, la marque d'Ed Templeton, et de leur magazine ANP Quarterly. Voici à présent une visite guidée de leurs locaux qui valent le coup d'œil !
L’acquisition d’un premier couvre chef chez Lock & Co est pareille à un dépucelage au bordel. On s’y rend plein d’assurance, persuadé de connaître le mode d’emploi, de savoir ce que l’on souhaite, puis on arrive devant la porte et c’est une autre paire de manches…
Au 6 Saint James’s Street, la devanture est moins tapageuse que je ne l’imaginais, mais plus intimidante : depuis 1676, tant de têtes couronnées (la marque possède les Royal Warrants du Prince de Galles et du Duc d'Édimbourg) et célèbres franchissent cette embrasure de bois déformé pour acquérir un melon ou une toque d’astrakan, un haut de forme ou un panama. Toutefois, lorsqu’on a plus de quatre cents ans, on n’a rien à prouver ni à masquer par un luxe inutile et tapageur. L’intérieur est simple. Une première pièce présente un ensemble varié de chapeaux, ainsi que quelques cannes et foulards. Un couloir mène à une autre pièce où les casquettes sont cousues et montées à la main, avant d’être classées par modèle et par taille dans un second couloir. L'étage est réservé à la collection femme. Je venais pour une Gill pattern 7, forme et couleur mûrement réfléchies chaque jours pendant un mois, mais la réalité était toute autre. Comme une demoiselle dont on fantasmait la ligne d’un sein et le regard aimant et qui découvre des attraits communs et un accent de charretier, la casquette que je désirais se révèle plus effilée, plus longue, au tweed grossier importable en ville. Rien n’allait plus sauf mon désespoir. Avais-je traversé la Manche pour rien ? Repartirai-je sans l’objectif de ma venue ? Pourrai-je soutenir les regards de mes amis après pareille déconvenue ? Et le mien dans un miroir ? Je passais les commandes de deux membres de mon club d’épicuriens restés à Paris (une Bentley pattern 1 et une Sandwich constituée d’une alternance de points bruns, jaunes et bleus) puis j’essayais trois modèles dans une bonne dizaine de coloris sans parvenir à faire mon choix. La queue basse et la larme à l’œil, j’en vins à demander conseil à madame la patronne, mère maquerelle de ces divins couvre chefs. Un simple coup d’œil à mon visage lui permit de comprendre ce qui s’harmoniserait avec mon menton proéminent, mes bésicles hors d’age et ma moustache rousse : une Muirfield pattern 3. L’évidence était telle que je la niais. Je revenais à d’autres teintes, refusais tant d’audace mais à chaque fois que je la réessayais toutes les autres étaient effacées. Je suis sorti de Lock & Co un peu déboussolé, tenant un sac flanqué du mythique logo, riant nerveusement mais conscient que j’étais à présent un autre homme. J’immortalisais ce fantasme devenu concret puis parti vers d’autres rêveries dans la boutique de gauche, un certain John Lobb qui chausse uniquement sur mesure les mêmes têtes venues se coiffer à côté…
Je vois bien qu'il pleut mais prenez ce billet comme un récit d'anticipation : un jour il fera beau à nouveau et vous serez ravi de porter une paire de SUPER autours des yeux. Super fait fabriquer en Italie, à la main, et s'associe à la fine fleur de la lentille, Zeiss, pour protéger vos jolies cornées. Sobres sans verser dans le classicisme, voilà une parfaite alternative aux Wayfarer de votre voisine. Vous allez enfin pouvoir regarder vos collègues bien en face, sans pour autant mettre votre portefeuille en pièces.
Bien que ce dimanche ne soit pas féroce, nous ne sommes pas à l'abri d'une rechute hivernale. En matière de météorologie, les devinettes ne sont pas de mise. Il vaut mieux y allez franco, ne pas faire dans la demi-mesure et prévoir le pire. Jetez un oeil sur SNS Herning, armures de laine pour citadins frileux. Quand je parle d'armures, je n'exagère que très peu, chaque pièce pèse son bon kilo de laine vierge.
L'histoire de la marque mérite un petit détour, dans les années vingts Soren Nielsen Skyt met au point une technique de tricot qui améliora nettement le quotidien de ses potes, les marins-pêcheurs des côtes ouest du Danemark. A sa mort, le fils reprend l'entreprise, la secoue un peu et la branche au reste de l'Europe. Peu de choses ont changé: la même passion active les mêmes machines qui travaillent à partir des même patrons, seuls les coloris ont été rafraîchis: la plupart des modèles existaient déjà dans les années soixante. Vous pouvez désormais mettre vos doudounes au feu et retrouver une silhouette humaine sans claquer des dents.
A l'heure où tout le monde porte des Vans, il devient difficile de se démarquer en les arborant. Changer de marque ? Jamais de la vie, ces pompes sont trop parfaites ! Innover ? Trop difficile… Quoique… Ces derniers temps, plusieurs modèles réjouissants sont sortis. Tout d'abord, une paire de Sk8 Hi en cuir et suède blanc et bleu royal de toute beauté. Je crois que je n'ai pas été aussi enthousiaste pour une paire de sneakers depuis deux ans. Elles sont sobres, pourvues de détails subtils (semelle de la même couleur que la vague, petits damier à l'intérieur…) et disponibles chez Colette à un prix honnête (70€).
Dans le registre des collaboration, Keith Hufnaghel propose trois autres Sk8 Hi satinées dans sa boutique de San Francisco. Rassurez-vous, elles se commandent en ligne ici.
La frime c'est bien gentil mais une Vans doit rester utilitaire. Alors que mes TNT II (pro modèle de Tony Trujillo) customisées par Neckface vivent leurs derniers instants pour cause d'excès de skate, mon portefeuille peut se réjouir : les TNT IV sont sortie (customisées par Neckface également) et soldées chez Colette à 55€ au lieu de 110€.
Par Foucauld
Je (Arnaud) vais oser rajouter un petit complément ici. Le Bouclard propose :
et dans un registre légèrement plus fou, ces Chukka en Autruche sont tout simplement fabuleuses :
La semaine dernière, j’ai été réquisitionné pour confectionner les deux sapins des vitrines de Noël de chez Colette. Avec l’histrion Caizergues, nous avions pour mission de créer l’illusion à l’aide de pelote de laine Wool And The Gang. Un premier sapin fut largement enneigé de pelote (500 en tout). Le second fut plus graphique. Des masses rouges évoquent les boules décoratives. Le volume des pelotes donne un aspect naïf à ces sapins de 2m50 de hauteur. On s’imagine en pull-overs fraîchement tricotés, se battre à coup de pelotes dans un Megève toute de laine recouvert. Colette a la bonté de m’offrir un coca que je bois en regardant la rue. Les passants me dévisagent et applaudissent le sapin. Je suis touché par leurs compliments mimés puis me dis qu’avec mon coca dans cette vitrine enneigée de laine, je suis la version rachitique et binoclarde de l’ours blanc des pubs Coca Cola. Perturbant.
Encore du drapé, du large et du monochrome. En passant par Temporary Showroom, une agence de stylistes installée à Berlin, je tombe sur Odeur. Alléché par le label, je clique et la magie hypertextuelle dont je vous ai maintes fois rabâché la vertu m’envoie sur leur site. Fonctionnel et sombre, ce dernier me guide à travers les frasques de ces deux designers suèdois. Je tombe, facilement, sous le charme; du volume, des graphismes discrets mais de bon goût, l’obsession du détail, des coutures et du volume en veux-tu en voilà. Je ne m’en lasse pas.
Je suis conscient de l’anachronisme. Après avoir présenté la "bande annonce" de la saison Printemps/été 2009 de Complex Geometries, je vous parle de la collection Automne/hiver. Illogique? Pas tant que ça, consumériste plutôt; la première n’est pas disponible et la seconde se trouve ici. De plus, rien ne vous empêche de vous rincer l’œil sur leur site et d’attendre, fébriles, l’arrivée du printemps. En ce qui concerne ce que vous avez le droit de porter, l’histoire continue. Les Canadiens versent toujours dans la capuche et le drapé, le noir et le volume. Rien d’ennuyeux pour autant, le monochrome sait se rendre attachant, regardez par vous même.