De sourds entêtements…

Wednesday, June 15, 2011

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La Conjuration a toujours connu des fluctuations. D’un sujet à l’autre, de densités et fréquences changeantes ; est-ce une variable, ou plutôt un cycle ? J’ai voyagé, écris, rien lu. Et voici que ça recommence. Les ouvrages s’accumulent sur les coins de mon bureau ou au pied de mon lit, plusieurs en même temps, peu de nouveautés mais de l’approfondissement. Cela redonne l’envie, l’envie d’avoir envie, comme dirait le Patron dont c’est l’anniversaire aujourd’hui. Ainsi, je parcours « Petite Musique d’une Nuit » dans Quat’Saisons, le recueil de nouvelles d’Antoine Blondin. Extrait délicieux :

« lui, taillé en bûcheron de bas-relief, l’œil noyé par le vermouth-cassis, le front gonflé de sourds entêtements : elle, exsudant par tous les pores les nostalgies d’une respectabilité aigrie, sous l’enveloppe d’une maritorne déniaisée par l’idiot du village ; ajoutons à cela de grands enfants peut-être, précocement mariés, ou des nièces aux allures de filles-mères, qui venaient boire du porto le dimanche en regardant la télévision. »

Par Foucauld

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La paix !

Wednesday, June 15, 2011

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"Mon Dieu, que ce serait agréable de garder tout ceci pour soi !… plus dire un mot, plus rien écrire, qu'on vous foute extrêmement la paix… on irait finir quelque part au bord de la mer… pas la côté d'Azur !… la mer vraie, l'Océan.. on parlerait plus à personne, tout à fait tranquille, oublié…"

Louis-Ferdinand Céline, D'un château l'autre.

Par Foucauld

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Death on Credit

Friday, June 10, 2011

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Mon amie Svetlana se lâche sur du punk comme je me lâche sur les sacs de frappe, seul instant où je trouve le sens du rythme, mon sens du rythme. Pourtant, quelques minutes auparavant, nous parlions littérature, Bukowski et Céline, Death on Credit. Comment ressent-on Céline en anglais ? Svet’ ne se pose plus la question lorsque Jack Of Heart est annoncé dans la cave du Lautrec. Headbanging. Ses cheveux peroxydés fouettent l’air, chassant les cordes de guitare qui pètent, évitant les assauts d’un chanteur en slip et bas résilles. Pendant ce temps, je retiens mes lunettes qui menacent de tomber et d’autres font des batailles de verres d’urine. L’autocollant « non fumeur » qui surplombe la scène est arraché et remplacé par un « RETARDED », Futura Bold Italique sur fond bleu, collé à l’envers, comme il se doit. Lorsque le chanteur fonce vers la foule pour un solo final, je baisse la tête et mon regard croise les pieds de Svetlana, tatoués d’un cœur rouge. Indélébile.

Par Foucauld

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Hommage à Antoine Blondin…

Tuesday, June 7, 2011

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Il y a vingt ans jour pour jour, Antoine Blondin partait trinquer chez Saint Pierre. Puisqu’il est l’un de mes écrivains favoris, je ne pouvais rester sans rien faire. Je me suis donc rendu à l’exposition « le Muscle et la Plume » qui lui rend hommage à la mairie du VIe arrondissement. Sport et littérature y sont mêlés. Si l’on connaît ses difficultés à écrire et rendre ses romans à l’heure (cinq en tout), ce n’était pas le cas de ces prolifiques chroniques sportives (quatre mille), comme celles des vingt-sept Tours de France qu’il suivit pour l’Equipe. Je m’amuse à le voir prendre des poses de boxeur dans l’appartement familial du Quai Voltaire et découvre les neufs pages de son carnet de jeunesse où il dit sa passion pour le Racing Club de France, dont il était membre.
Avec les photos des différentes éditions du Marathon des Leveurs de Coude, on pense au prince de la cuite qu’il était, popularisé par « Un Singe en Hiver », son plus grand succès, porté à l’écran par Verneuil et interprété par Belmondo et Gabin.
Dans le livre d’or, beaucoup dialoguent avec cet écrivain de l’amitié, ou plutôt se servent du livre comme intercesseur. On y trouve même l’écriture tremblée de sa fille Anne, au coude cassé.
En sortant, je décide de passer au 72 de la rue Mazarine, l’appartement où il est mort. La cour est habitée par la Galerie Frédéric Moisan dont l’exposition actuelle ne me touche guère. Je poursuis ma route en espérant me rattraper dans les troquets où il avait ses habitudes. Comme s’ils ne pouvaient survivre sans lui, Chez Albert et Le Rubens ont laissé place à des galeries et des pizzerias. Seul l’Alcazar subsiste, mais qui aurait envie d’en pousser la porte ?
Je décide de revenir sur mes pas et m’arrête devant Saint-Germain-des-Près, cette si belle église qui a accueilli les funérailles de l’écrivain. À l’entrée, un clochard lettré bouquine les jambes croisées. Je longe l’allée latérale de droite et m’arrête devant une statue. Coïncidence, il s’agit de Saint Antoine. À ses côtés, un format raisin est recouvert d’ex-voto manuscrits. Mon bic griffonne un « à Blondin » vertical, entre de larges lettres au Stabilo rose. Je pense à Victor Pivert (Louis de Funès) priant puis remerciant le même Saint dans Rabbi Jacob.
Après avoir salué la Vierge au Sourire, émouvants blocs de pierre trouvés et rafistolés, je quitte les lieux et m’installe sous la véranda du Flore. Trois œufs durs abandonnés me tiennent compagnie. Nul serveur ne viendra les chercher. J’ôte ma veste à laquelle le temps à donné des airs de Verdun et rejette en arrière mes cheveux trop longs pour la saison. Je sors mon carnet et aimerais pouvoir y écrire :

« Si je cherche du solide, autour de moi, je n’aperçois ni murs, ni meubles, rien que des êtres. L’amitié ou l’amour des autres aura été mon manteau et ma maison. J’espère leur avoir donné en échange les satisfactions que je leur devais, mais, je crains de les avoir déçus sur bien des points. Je ne déteste rien autant que de décevoir les gens. Je ne supporte pas d’entendre le bruit d’une porte ou d’un coeur qui se ferme.
Et si vous me demandez quel doit être le sens d’une vie, je vous dirais que, faute d’accepter de lui donner un sens (quel qu’il soit), on risque beaucoup d’en faire un sens interdit. »

Par Foucauld

PS : à l'étage de l'exposition, une vidéo est diffusée. Elle se télécharge ICI.

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Nous avons pris les plus beaux chemins…

Thursday, May 19, 2011

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L’accalmie a été de courte durée. Après quelques tricks entre les flaques sous un Manhattan Bridge désert, l’averse reprend. Je suis obligé de fuir, mon skateboard grossièrement protégé par un sac poubelle.
Abrité chez Schiller’s sur Rivington Street, je commande un café et essore ma chemise. Grâce au Wifi dont dispose l’établissement, je lis enfin l’article du Monde Diplomatique qu’un ami m’a envoyé il y a quelques jours. Il traite de la correspondance entre Nicolas Bouvier et Thierry Vernet. « Le voyage était inouï. C’est la petite charge atomique qui fera tourner le moteur quatre-vingts ans. ». Mes vingt-quatre printemps optent pour l’agitation. Des murs vides et des biens qui tiendraient dans un seul sac, voici une vie, celle à laquelle j’aspire de plus en plus. Et puis ne  pas oublier d’écrire. « Nulla Dies Sine Linea » a fait peindre Zola sur la cheminée de son bureau à Medan. Pas un jour sans une ligne. « Bosse vieux frère, il n’y a rien de plus beau, rien ne se perd jamais surtout pas ça. Nous avons pris les plus beaux chemins. ».
« Needles and Pins » des Ramones s'associe au brouhaha de ce café aux allures françaises de pacotilles. Je m’y étais senti bien il y a trois ans, ce n’est plus le cas. L’absence de vue m’oppresse. On m’apporte l’addition. Le ticket de caisse est coincé entre un trombone et une carte postale de l’établissement. Une rangée de bouteilles y est présentée. Il y en a six. Les trois premières portent les numéros 1, 2 et 3. Les trois suivantes également, mais agrémentées des mentions « cheap », « decent », « good ». La pluie diminue, je retourne courir les rues. Dans laquelle des trois catégories se rangera cette ivresse ?

Par Foucauld

(Image "Hot Pants" de John Currin)

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Le secret du monde

Sunday, May 8, 2011

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"Une ville debout (…) pas baisante du tout, raide à faire peur"… Pourtant je craque, j'y retourne… New York City, troisième séjour en moins de trois ans. "Ah Ferdinand… tant que vous vivrez, vous irez entre les jambes des femmes demander le secret du monde !"… Tel est mon rapport à cette ville. J'ai lu Céline, mais pas encore intégralement… J'ai vu New York, sans tout y voir… Alors il faut s'y replonger, il y a toujours quelque chose à découvrir, comme "l'Eglise" dont j'ignorais l'existence. Commande passée, billet pris, la démarche est la même ! A l'assaut !

Par Foucauld

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Types au top

Monday, March 28, 2011

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"J'étais partagé  – ce qui devait donner une gravité de bon aloi à mon visage – entre l'étonnement de commencer à démonter mes mécanismes et la peur de me voir soupçonner de supercherie. Peut-être l'abbé, amusé, devinait-il en moi un débat dont il pouvait imaginer les termes. Il me laissait le temps d'en finir avec mes scrupules ou mes résolutions. Quand j'eus compris que je ne me résoudrais jamais à vendre des voitures ni à tricoter des slogans vendeurs, une paix se lut peut-être sur moi et l'abbé me jeta cette unique bouée : une question sur le cours de M. Vermeil."

François Nourissier : "A défaut de génie"

Par Foucauld

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Mundi Muliebris

Tuesday, March 22, 2011

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"Enfin, je veux dire que le goût précoce du monde féminin, mundi muliebris, de tout cet appareil ondoyant, scintillant et parfumé, fait les génies supérieurs."

Charles Baudelaire, Les Paradis Artificiels, extrait de Choix de maximes consolantes sur l'amour

Par Foucauld

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Portraits de maîtresses

Friday, March 18, 2011

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"Ensuite on fit apporter de nouvelles bouteilles, pour tuer le Temps qui a la vie si dure, et accélérer la Vie qui coule si lentement."

Le sérieux a pris le dessus dans sa lutte avec le jeudi soir. Puisse cet extrait du "Spleen de Paris", tiré du "Choix de maximes consolantes sur l'amour" de Baudelaire, m'absoudre de cette trahison. Le texte entier se nomme "Portraits de maîtresses" et peut se lire en cliquant dessus.

Par Foucauld

(Photo : Jonathan Waiter)

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Vie Privée

Wednesday, February 23, 2011

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« Sous la mythologie, sous l’entreprise et le triomphe publicitaires, il existe ce miracle gratuit et parfaitement injuste : les privilèges d’une petite fille née belle. »

François Nourissier : "B.B. 60"

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