Champagne normand

Tuesday, August 9, 2011

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La Vespa file sur une longue plage de la côte Normande. Libérée du casque, la tête ne se soucie guère des morsures du sel sur la carrosserie. Qu’il est bon d’être déraisonnable !
Au large, les paradis fiscaux de Guernesey et Jersey ; mais est-ce que le paradis ce n’est pas de ne plus penser à mieux ? Le tableau pourrait faire penser à un remake du clip d’Angels de Robbie Williams, si je n’avais d'autres choses à faire que d’attendre un hélicoptère.
Dans les dunes, les bouteilles de Moët & Chandon libèrent leurs bulles champenoises. La tête s’incline en portant la coupe à ses lèvres, puis le regard darde l’horizon en redescendant, s’agrippe à quelques filaments d’or derrière les nuages. Pour l’heure, tout ce qui compte est de ne pas se faire baiser le coucher de soleil.

Par Foucauld

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En définitive…

Tuesday, August 2, 2011

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Au bout de la digue de Calais, derrière le phare, je tourne le dos aux côtes de l’Angleterre et contemple la cité balnéaire. Après les barres d’immeubles, des éoliennes pointent leur pales, comme pour rappeler qu’il n’y a pas que les villes pour véroler la nature.
À mes côtés, devant moi et plus loin encore, des pêcheurs de tous âges et de toutes physionomies. Je m’attarde sur les looks hip hop de supermarché de deux gamins, puis passe outre mon jugement. Ils détiennent deux clés d’une enfance réussie : un vélo et une canne à pêche. Mis à part quelques gardons dans un cours d’eau ou de malheureuses truites d’élevage, je n’ai jamais pris quoi que ce soit. Je ne peux m’empêcher de me dire que je suis mal parti dans la vie : je ne sais même pas me nourrir grâce à la mer.

Par Foucauld

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Le Jamais Content

Friday, July 29, 2011

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Dans la salle du bar-tabac de la Rue des Martyrs… j’ignore si le hasard d’une averse m’a conduit à celui de la chanson, mais dans tous les cas, quelques coups de pinceau et seaux d’eau de Javel semblent être passés par là.
Pas de « filles de nuit qui attendent le jour », ni « d’ivrognes qui s’épanchent au bar » Quelques petites vieilles font comme moi, elles patientent jusqu’à la fin de l’ondée. Je n’ai pas « l’ombre d’une vie passée, d’une femme, de décombres » à oublier, mais j’ai la curieuse impression d’être de retour au lycée : un café allongé et le coude sur le zinc, bien appuyé pour gribouiller sur un cahier à spirale. Je faisais mes devoirs, il n’y a pas si longtemps ; quelle différence avec un métier ? La buraliste asiatique vend du tabac à chiquer et son pendant masculin me réclame un euro vingt pour du jus de chaussettes que je n’ai pas encore touché. Dans la mousse châtain, trois trous s’élargissent et se meuvent comme des nuages. Leur agencement forme un smiley. Je ne me sens pas très viril à le prendre ainsi en photo, mais tant pis.
La pluie s’estompe et je prends le risque de sauter entre les flaques. Il me faut trouver un cadeau pour un grand garçon de quatre ans.
Dans les Histoires du Père Castor, je tombe sur « Le Jamais Content » et l’achète, autant pour lui que pour moi. Il s’agit d’un poussin qui vient continuellement réclamer à Dame Nature ce qu’il ne possède pas : pattes palmées, bec de canard, poils de loutre, etc… Lassée par les jérémiades d’un beau poulet devenu immonde hybride, elle le condamne à fuir, à se cacher dans le terrier qu’il se creusera… Rejeté par ses anciens pairs, il s’ennuie et retourne timidement voir Dame Nature qui devance son dernier vœu en lui présentant Toujours Contente… Ainsi sont peut-être nés les ornithorynques, que l’on n’entend jamais se plaindre…

Par Foucauld

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Ils perdent leur temps, c’est le principal !

Friday, July 29, 2011

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Je ne résiste pas au plaisir d'en remettre une couche ; et puis Céline le dit lui même page 44 : « la conjuration bat son plein ! »

    – « Ah, Monsieur le Professeur Y, je veux bien vous respecter et tout… mais je vous le déclare : je suis hostile !… j’ai pas d’idées moi ! aucune ! et je trouve rien de plus vulgaire, de plus commun, de plus dégoûtant que les idées ! les bibliothèques en sont pleines ! et les terrasses des cafés !… tous les impuissants regorgent d’idées !… et les philosophes !… c’est leur industrie les idées !… ils esbroufent la jeunesse avec ! ils la maquereautent !… la jeunesse est prête vous le savez à avaler n’importe quoi… à trouver tout : formidââââble ! s’ils l’ont commode donc les maquereaux ! le temps passionné de la jeunesse passe à bander et à se gargariser d’ « idéass » !… de philosophies, pour mieux dire !… oui, de philosophies, Monsieur !… la jeunesse aime l’imposture comme les jeunes chiens aiment les bouts de bois, soi-disant os, qu’on leur balance, qu’ils courent après ! ils se précipitent, ils aboyent, ils perdent leur temps, c’est le principal !… (…) »

Louis-Ferdinand Céline : "Entretiens avec le Professeur Y"

Par Foucauld

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Ni écoutable, ni regardable !

Thursday, July 28, 2011

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    « Tu t'es pas vu, Ferdinand ? t'es devenu fou ? pourquoi pas télévisionner ? avec ta poire ? avec ta voix ? tu t'es jamais entendu ?… tu t'es pas regardé dans la glace ? ta dégaine ? »
    Je me regarde pas souvent dans la glace, c’est exact, et le peu que je me suis regardé, à travers les ans, je me suis toujours trouvé de plus en plus laid… c’était d’ailleurs l’avis de mon père… il me trouvait hideux… il me conseillait de porter la barbe…
    « Mais c’est du soin, la barbe, mon fils ! et t’es cochon ! tu pueras !… »
    Concluait mon père… quant à ma voix, je la connais… pour crier « au feu » ! elle porte !… mais je vais pas lui demander du charme… en somme : ni écoutable, ni regardable !…

Louis-Ferdinand Céline : "Entretiens avec le Professeur Y"

Par Foucauld

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Ces lumières trompeuses…

Monday, July 25, 2011

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"C'est toujours ainsi que deux êtres se rencontrent, avec cette chance enivrante de ne rien savoir du passé l'un de l'autre. Quelle tentation alors, de retoucher une existence, qui s'est faite comme elle a pu, et non comme on a voulu. Blanche ne mentait pas, mais elle laissait Pierre se tromper. Elle insinuait, et lui, naturellement, ramassait ces feuillages épars, regroupait ces lumières trompeuses."

Louis Aragon : "Les Voyageurs de l'Impériale"

Par Foucauld

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MIRE

Thursday, July 21, 2011

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MIRE a publié une nouvelle de votre serviteur dans son dernier numéro, tiré à 200 exemplaires numérotés et accompagné d'un polaroïd unique. Vous pouvez vous le procurer dans diverses librairies et échoppes recommandables (Colette, la Galerie du Jour – agnès b, la galerie Yvon Lambert, Pigalle, Chez Qhuit, etc.)

Plus d'infos et les adresses sur le site : www.mirefanzine.com

Par Foucauld

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Cigarettes parallèles…

Tuesday, July 12, 2011

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« A voir les plus rassis se tenir la main silencieusement en grillant des cigarettes parallèles, on mesurait que l’homme n’est décidément pas fait pour vivre seul, éventualité qui guettait à brève échéance un certain nombre d’entre nous. »

Antoine Blondin, "L'Humeur Vagabonde"

Les pieds en avant
Tu peux finir
Si de ma vie tu t'inspires…

Doc Gynéco & Arsenik "Arrête de Mentir"

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Vernissage

Monday, July 4, 2011

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Au cours d’une journée, une série d’événements vient perturber le quotidien des habitants de trois zones géographiques. La mienne ? Une mégalopole. Mon travail ? Écrire neuf histoires sises entre l’aube et le crépuscule.
Ces fictions s’inspirent de mythes urbains appartenant au folklore contemporain. Des séries photographiques issues de Google Image permettent de monter le décor de ces mondes en apparence banals.
Ces textes font partie d’un projet d’Anne-Line Desrousseaux et Julie Slowey, duo de graphistes diplômées des Arts Déco. Il sera présenté lors d’une exposition collective à la galerie du 11 rue des Beaux-Arts 75006 Paris, à partir de ce mardi 5 Juillet. Le vernissage débute à 18h et l’event Facebook est ICI.
A demain.

Foucauld

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Des haricots, la vie…

Friday, July 1, 2011

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« Ça a débuté comme ça. »
Quel début pour un Voyage ! Et même quel Voyage… Un Voyage qui est plutôt une base : on y revient toujours, comme un pigeon voyageur à son pigeonnier. Céline, constant va et viens. La vie. La mort. L’amour. L’amour qui « ressort de là, pénible, dégonflé, vaincu… ». Mais qui ressort vivant !
Examen de conscience :

« Pendant la jeunesse, les plus arides indifférences, les plus cyniques mufleries, on arrive à leur trouver des excuses de lubies passionnelles et puis je ne sais quels signes d’un inexpert romantisme. Mais plus tard, quand la vie vous a bien montré tout ce qu’elle peut exiger de cautèle, de cruauté, de malice pour être seulement entretenue tant bien que mal à 37°, on se rend compte, on est fixé, bien placé, pour comprendre toutes les saloperies que contient un passé. Il suffit en tout et pour tout de se contempler scrupuleusement soi-même et ce qu’on est devenu en fait d’immondice. Plus de mystère, plus de niaiserie, on a bouffé toute sa poésie puisqu’on a vécu jusque-là. Des haricots, la vie. »

Il y a cinquante ans aujourd’hui, Louis-Ferdinand Destouches partait digérer au cimetière de Meudon. Terminons plutôt sur une promesse, celle de l’écrivain à Gallimard, l’éditeur qui refusa Voyage Au Bout De La Nuit : « C’est du pain pour un siècle entier de littérature ». Je préfère ce pain aux haricots. La maison vous souhaite un excellent appétit.

Par Foucauld

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