C’est ainsi que je sens les gens et les choses. Tant pis pour eux.

Wednesday, November 25, 2009

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L'autorité paternelle a eu le bon goût de m'envoyer la lettre d'information de la Pléiade qui publie ces jours ci la correspondance de Céline. Le titre de cette note provient de la missive que l'illustre écrivain à envoyé à Gallimard afin de tenter de faire publier "Voyage au bout de la nuit".

La lettre qui suit est issue d'un échange avec Albert Paraz et ne manque pas de retors !

"Tu sais j’écris comme un médium fait tourner les tables avec horreur et dégoût. Je n’aime pas je n’ai jamais aimé écrire je trouve d’abord la posture grotesque — Ce type accroupi comme sur un chiot en train de se presser le ciboulot pour en faire sortir ses « chères pensées » ! Quelle vanité ! Quelle stupidité ! Ignoble ! Je ne m’en excepte pas !
J’ai écrit pour sortir d’embarras matériel — rien que le mot écrire me fait vomir, ce prétentieux vocable. « Il écrit » — à fesser ! Immonde ! Le malheur a voulu que la nature me refuse un don expérimental, scientifique et me donne ce tour hystérique émotif — Don ? c’est beaucoup dire — Poète encore comme Lamartine ou musicien comme Mozart… Mais jabotteur ? confidentieux… Pouah ! Shakespeare prétend que nous sommes faits de la même étoffe que nos rêves. Les miens n’étaient pas d’écrire des romans ! Ah foutre ! Je le fais comme une bourrique qu’on fouette ! Cela me fait mal à la tête — m’empêche de dormir — me fait bourdonner — bref c’est un sale supplice dégoûtant. Ma vocation était médicale — mon idéal : Semmelweiss ou même Axel Munthe — mais Céline ? foutre quel pauvre fatigué raté ! On ne m’en dira jamais autant de mal que j’en pense — on ne saura jamais le chagrin qu’il m’a fait ! […]"

Par Foucauld

(La photo de nonne est de Bruce Weber)

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Des ratés, sinon des grotesques…

Tuesday, November 17, 2009

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"Tous ceux que je voyais autour de moi n'étaient que des ratés, sinon des grotesques. Notamment ceux qui avaient réussi. Ceux-là, je les trouvais ennuyeux à pleurer. Les faillis de la vie m'attiraient, mais ce n'était pas la sympathie qui me guidait. C'est une qualité purement négative, une faiblesse qui n'attendait que le spectacle de la misère humaine pour s'épanouir. Je n'ai jamais aidé qui que ce fût dans l'espoir de faire le moindre bien; si je secourais les gens, c'étaient que je n'avais pas le courage de faire autrement. Vouloir changer le cours des affaires humaines me semblait parfaitement inutile; j'étais convaincu que nul changement profond n'étais possible tant que le cœur lui-même n'aurait pas changé, et qui peut se vanter de changer le cœur humain ?"

Henry Miller : "Tropique du Capricorne"

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Une aimable réaction

Wednesday, November 4, 2009

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"La plupart des écrivains veulent une réaction aimable de la part de personnes intelligentes."

Beigbeder à la réception de son Renaudot.

(Photo : Miroslav Tichy)

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C’est content facilement les jeunes…

Friday, October 9, 2009

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"Les jeunes c'est toujours si pressés d'aller faire l'amour, ça se dépêche tellement de saisir tout ce qu'on leur donne à croire pour s'amuser, qu'ils y regardent pas à deux fois en fait de sensations. C'est un peu comme ces voyageurs qui vont bouffer tout ce qu'on leur passe au buffet, entre deux coups de sifflet. Pourvu qu'on les fournisse aussi les jeunes de ces deux ou trois petits couplets qui servent à remonter les conversations pour baiser, ça suffit et les voilà tout heureux. C'est content facilement les jeunes, ils jouissent comme il veulent d'abord c'est vrai !"

(Encore et toujours Céline dans Voyage au bout de la nuit)

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Les vantardises niaises

Wednesday, September 30, 2009

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"Ce qu'il faut au fond pour obtenir une espèce de paix avec les hommes, officiers ou non, armistices fragiles il est vrai, mais précieux quand même, c'est de leur permettre en toutes circonstances de s'étaler, de se vautrer parmi les vantardises niaises. Il n'y a pas de vanité intelligente. C'est un instinct. Il n'y a pas d'homme non plus qui ne soit pas avant tout vaniteux. Le rôle du paillasson admiratif est à peu près le seul dans lequel on se tolère d'humain à humain avec quelque plaisir."

(La photo représente Braydon Szafranski par Tim Barber et le texte est toujours de Céline dans Voyage au bout de la nuit)

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Y’a que la bravoure au fond qui est louche…

Tuesday, September 29, 2009

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"Y'a que la bravoure au fond qui est louche. Être brave avec son corps ? Demandez alors à l'asticot aussi d'être brave, il est rose et pâle et mou, tout comme nous".

L'été de mes 16 ans, je tuais le temps dans une piaule autrichienne en évitant de croiser le garçon gras, blond et mou que la mairie de ma banlieue m'avait assigné comme correspondant. Ce type, surement très gentil, avait curieusement peur de moi et la perspective de le recevoir à mon tour me désespérais. Espérant compenser mon échec scolaire par l'apprentissage de la langue de Goethe ou, au moins, la passion des lettres, mon vénérable paternel avait pris soin de glisser dans mon sac quelques ouvrages. Le Voyage au bout de la nuit d'un certain Céline, Louis-Ferdinand de son prénom en faisait partie. La claque.
Sept ans plus tard, quelques amis m'ont offert le tome 1 de son intégrale dans la Pléiade. Relecture donc.
Ce qui me frappe le plus est de voir que les paragraphes que je soulignais à l'époque sont les mêmes qu'aujourd'hui. L'adolescence est véritablement un brouillon.

Par Foucauld

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Lesbienne d’élite et torcheur du roi

Friday, September 4, 2009

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"Monsieur, vous avez raison, c’est moi qui me suis trompé, je vous dois des excuses. Votre ouvrage est tout à fait bon, et tout à fait original. Malheureusement, les parties qui sont bonnes ne sont pas originales, et celles qui sont originales ne sont pas bonnes. Quant à votre Maison, quant à votre Famille, le moins qui se puisse dire, c’est qu’elle n’a jamais voyagé au-dessus du Lot ! Des pleutres, des serviles, des retourneurs de vestes. Il n’y a rien là-dedans qui mérite un récit. Moi, monsieur, j’ai des oncles pédérastes de père en fils depuis la troisième croisade, et l’un de mes aïeux paternels avait installé un bordel flottant sur une péniche à Sèvres pendant la Terreur. Il y imprimait tant de faux assignats qu’il fallut dévaluer plusieurs fois. Je possède également une arrière-arrière-grand-tante qui fut lesbienne d’élite sous le règne de Louis XIV. Elle faisait l’amour bottée, et tua en duel trois mousquetaires dont le marquis Dubois La Chartre, infernal bretteur, coadjuteur de Cambrai, et gentilhomme porte-coton ! Torcheur du roi, monsieur, torcheur ! Alors du vent, la paille au train et le feu dedans, sinon il va vous arriver du monde !"

Pascal Jardin : "Je te reparlerai d'amour"

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Faire avancer l’histoire…

Saturday, August 22, 2009

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"Au fond, se demandait Michel en observant les mouvements du soleil sur les rideaux, à quoi servaient les hommes ? Il est possible qu’à des époques antérieures, où les ours étaient nombreux, la virilité ait pu jouer un rôle spécifique et irremplaçable ; mais depuis quelques siècles, les hommes ne servaient visiblement à peu près plus à rien. Ils trompaient parfois leur ennui en faisant des parties de tennis, ce qui était un moindre mal ; mais parfois aussi ils estimaient utile de faire avancer l’histoire, c’est à dire essentiellement de provoquer des révolutions et des guerres."

Michel Houellebecq, "Les Particules Élémentaires"

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Printemps Noir

Wednesday, June 10, 2009

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Je me suis toujours foutu de l'actualité, celle des journaux, qu'ils soient télévisés ou quotidiens. Les crashs aériens et les fluctuations des partis politiques ne me touchent pas. Je ne suis pas insensible, les morts couchés sur papier ou grésillant sur écran me sont souvent abstraits, c'est tout.
Il est une chose qui l'est moins pour moi, c'est Henry Miller. Je pourrais en parler des heures. De ma découverte de cet auteur au fait qu'il m'accompagne à des instants très différents de ma vie, de son style merveilleux, de sa turbulence, de sa sagesse aussi… Malheureusement je croule sous ce travail propre aux périodes de transitions. Ça ira mieux dans quinze jours… Voici donc un extrait de son "Printemps Noir" dont est issu l'extrait suivant qui illustrera mes propos du début.

« C’est aujourd’hui le troisième ou le quatrième jour du printemps, et me voici assis à la place Clichy en plein soleil. Aujourd’hui, assis au soleil, là, je vous dis que je me fous complètement que le monde aille à sa ruine ou non ; je me fous que le monde ait raison ou tort, qu’il soit bon ou mauvais. Il est : ça suffit. Je le dis, non pas comme un Bouddha accroupi sur ses jambes croisées, mais inspiré par une sagesse à la fois joyeuse et solide… »

Par Foucauld

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La Lutte Finale

Tuesday, May 5, 2009

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Le texte qui va suivre n'est là que pour mon plaisir. Il est issu de "La Lutte Finale" de Conrad Detrez, un livre qui m'avait beaucoup plu pendant les révisions du baccalauréat et que j'ai retrouvé dans un carnet de l'époque. A l'heure d'une transition importante, j'y trouve un certain écho.

« Une époque de ma vie était close. Il était fini le temps où, jeunes hommes, nous vagabondions, courions le jupon et faisions le coup de feu. Fini le temps de jeter la panique dans les guinguettes et de grimper aux arbres. Désormais j’irai toujours flanqué de la même femme et je ferai seulement l’amour dans un lit. »

Par Foucauld

(Photos : John Humphries)

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