Avec le même désordre…

Wednesday, February 17, 2010

Tumblr_kxiv6sgkkK1qz7lxdo1_500

« Comme moi, Louis-Philippe a aussi une moustache. Il porte des lunettes de myopie, pas moi, ce qui est aussi normal parce qu’il a lu plus de livres que Roger le franco-ivoirien, surtout des auteurs de l’Amérique latine. En plus il soutient qu’un écrivain doit porter des lunettes de myopie. Qu’on ne s’étonne donc pas si je porte maintenant des lunettes claires pour qu’on s’imagine que je suis myope ».

« Et puis je me suis rendu compte que je ne pouvais écrire que sur ce que je vivais, sur ce qu’il y avait autour de moi, avec le même désordre… »

Alain Mabanckou : "Black Bazar"

Par Foucauld.

Comments (0)

On était comme ça…

Wednesday, February 10, 2010

35

"On était comme ça, on se disait que d'autres jeunes ne pouvaient pas mieux s'amuser que nous dans les pays étrangers, et on était heureux dans notre monde à nous, avec nos chemises en lambeaux, avec nos sandales usées mais qui tenaient aux pieds grâce aux fils de fer ; on était comme ça, avec nos culottes trouées aux fesses et tout le bazar de la vie quotidienne de ceux qui n'avaient rien inventé, ni la poudre ni la boussole, de ceux qui n'avaient pas su dompter la vapeur ni l'électricité, de ceux qui n'avaient exploré ni les mers ni le ciel."

Alain Mabanckou : "Black Bazar"

Par Foucauld

Comments (0)

Ici, passé la porte, les laides sont presque belles…

Monday, January 18, 2010

Tumblr_kvocbi2wDf1qz7lxdo1_500

Dimanche s’emplit comme il peut. Ce dernier fut littéraire, en allant deux fois à contretemps des sorties du monde de l’édition. J’ai tout d’abord dévoré le mythique Rose Poussière, premier roman de Jean-Jacques Schuhl, au lieu de lire son Entrée des fantômes, qui vient d’être publié.

J’en ai tiré trois phrases que j’ai envoyé au physio du Tigre, maison de nuit rock n’roll où je termine bien trop de soirées.

« Ici, passé la porte, les laides sont presque belles. »

« (..) tout ici défait maintenant. »

« mais que veut dire la démarche du tigre ? »

Le second contretemps fut celui de Nicolas Rey, qui publie actuellement Un léger passage à vide. En fouillant dans mes placards, je suis retombé sur Treize minutes, son premier roman lu au temps des acnés tenaces et de la mélancolie. À l’époque, j’en avais regretté l’acquisition. Trop de connards d’école de commerce, de whisky au litre et de chattes lacérées. En le relisant, j’ai été étonné de ne pas être parvenu à repérer ce genre de phrase, qui aurait dû toucher ma sensibilité adolescente :

« (…) j’ai réalisé qu’au bout du compte, la grâce était trop remuante pour tenir dans une œuvre. Qu’elle se cachait plutôt dans la façon dont une jeune inconnue pouvait porter un verre d’eau à ses lèvres. »

Puisque ces temps-ci je vous ennuie souvent avec des livres, je compense ce post avec Me And The Devil, la dernière vidéo de Gil Scott-Heron. C’est assez chouette, on y voit les Brooklyn Banks et des monstres peints en blanc sur des peaux noires.

Par Foucauld.

Comments (0)

Ruisseler comme un égout

Friday, January 15, 2010

19

« Dans le métro, face aux clochards noctambules de la grande ville, je m’adonnai à une de ces séances de profonde introspection, chères aux héros de romans modernes. Comme eux, je me posai nombre de questions inutiles, de problèmes qui n’existent pas ; je tirai pour l’avenir des plans qui ne se réaliseraient jamais ; je doutais de tout, y compris de ma propre existence. Pour le héros moderne, la pensée ne mène nulle part : son cerveau est un évier à eau courante où il lave les légumes détrempés de l’esprit. Il se raconte à lui-même qu’il est amoureux et, assis dans le métro souterrain, il essaie de ruisseler comme un égout. »

Henry Miller : "Sexus"

Par Foucauld

Comments (0)

Continuez cher Foucauld et un jour vous prendrez ma place…

Wednesday, January 13, 2010

ContinuezCherFoucauld01

Invité par un de mes amis, je me suis rendu à une conférence donnée par Frédéric Beigbeder à l’ESCP. Pendant une bonne heure, l’écrivain germanopratin a tenté de compenser par sa prestance et quelques boutades cet échange relativement mal préparé par les animateurs. Ses réponses aux questions du public furent somme toute bien plus intéressantes.
Après la conférence, nous avons boycotté le cocktail et sommes descendus dans les tréfonds de l’école pour écluser quelques bières dans un bar enfumé. Très à cheval sur le savoir vivre, je ne tardais pas à me lever pour payer la petite sœur de la tournée offerte par mon pote. Le fût devant être changé et débarrassé de son excédant de mousse, je dus attendre plus que de raison pour obtenir mes pintes. Lorsque je revins, Frédéric Beigbeder se tenait sur mon fauteuil, répondant à quelques peignes-culs bien décidés à l’enfermer dans son rôle de trublion fêtard et amateur de substances alcoolico-stupéfiantes. Je me tins à ses côtés et lui fit part de mes velléités d’écriture. Admirable, il prit mon carnet de pensées et inscrivit sur la couverture : « Continuez cher Foucauld et un jour vous prendrez ma place » avant de le dédicacer.
Chacun à sa manière peut mesurer le pouvoir du temps et la force de la vie. Lorsqu’à dix-sept ans je vendais des cravates et mettais à profit mes pauses déjeuner pour lire debout dans les librairies les ouvrages que je ne pouvais m’offrir, découvrant Dernier inventaire avant liquidation ou Mémoires d’un jeune homme dérangé, jamais je n’aurais espéré obtenir cet encouragement personnifié. Désormais, je suis comme Édouard Baer, le Jean-Georges des trois premiers Beigbeder : je dis merci à la vie, je chante la vie, je danse la vie.

Par Foucauld

Comments (6)

Les choses

Monday, January 11, 2010

X6aLzkD1qzgwyxo1_500

"Mais les dangers les guettaient de toutes parts. Ils auraient voulu que leur histoire soit l'histoire du bonheur; elle n'était, trop souvent, que celle d'un bonheur menacé. Ils étaient encore jeunes, mais le temps passait vite. Un vieil étudiant, c'est quelque chose de sinistre; un raté, un médiocre, c'est plus sinistre encore. Ils avaient peur."

"L'un après l'autre, presque tous les amis succombèrent. Au temps de la vie sans amarres succédaient les temps de la sécurité. Nous ne pouvons pas, disaient-ils, continuer toute notre vie comme ça. Et ce comme ça était un geste vague, tout à la fois : la vie de patachon, les nuits trop brèves, les patates, les vestes élimées, les corvées, les métros."

Georges Perec, "Les choses"

Par Foucauld

Comments (0)

A défaut de génie

Thursday, January 7, 2010

BillMurray_Cigares01

Quand l’inspiration ne vient pas, je m’amuse à faire des photos de potache. Je pose sur ma table de travail le pavé « À défaut de génie » de François Nourissier et l’accompagne des bouteilles de vin que l’on m’a offert pour le jubilée de la naissance d’un Sauveur dans une mangeoire. À défaut de génie, on boit du Chablis !

Puisque Tibet est décédé, j’ai décidé de rendre hommage au créateur de Ric Hochet en m’offrant une nouvelle paire de boots, les mêmes que son héros. Malheureusement, la neige m’empêche de les porter et de frimer comme Allureux Miela en sortant de chez Connivences

Pendant ces quelques jours de congé, je me suis plu à lire « La Robe Prétexte » de Mauriac dont voici deux extraits tout à fait plaisants pour qui émerge de l’adolescence ou aime à se souvenir de l’âge des grands troubles :

« Avec un adolescent délicat et cultivé, la suprême rouerie d’une femme est de garder le silence, parce que la plus sotte a parfois des regards d’infinis. »

« Et voici qu’une inquiétude me troublait. Je n’avais pas su lire en elle, au-delà des apparences. À mon insu, je commençais d’inventer pour cette petite morte une légende. Absente, je pourrais là créer de nouveau selon mon cœur, pour qu’elle ne fût pas indigne de mes larmes. »

Par Foucauld

Comments (0)

The Recently Deflowered Girl

Tuesday, January 5, 2010

Tumblr_kvpn3x2WuM1qz6f9yo1_500

Il n’est pas facile de savoir ce que ressentent ces demoiselles après avoir été déflorées ni comment elles affrontent leur nouvelle féminité après le passage du mâle mais grâce aux bons conseils de Miss Hyacinthe Phypps, le premier accès aux joies de la chair a dû être une broutille pour toutes ces jeunes filles averties avec humour. Voici un florilège de situations aussi variées que le sont les hommes et la manière de réagir post-coïtum.

Par Foucauld

Edward-gorey-the-recently-deflowered-girl-cover1

Edward-gorey-the-recently-deflowered-girl-009

Edward-gorey-the-recently-deflowered-girl-008

Edward-gorey-the-recently-deflowered-girl-005

Comments (0)

What’s my perversion ?

Monday, December 21, 2009

WoodyAllen_Perversion01

"Longtemps je me suis attendri sur mon sort et j'ai dû trouver pour qualifier mes états d'âme quelques-unes des plus belles phrases de la langue française. Mon humilité naturelle m'incitait à penser que "mon cas" n'avait d'intérêt que pour moi, mais il m'intéressait beaucoup. Je me croyais malheureux au point que je le devenais plus ou moins. Cette situation inconfortable dénaturait les joies existentielles qui m'échurent et je vécus une sorte de convalescence morale sans vraiment avoir été malade. Du temps passa, et un jour je m'aperçus que j'avais guéri de cette longue non-maladie à séquelles sans m'en apercevoir. J'en fus soulagé mais troublé ; guérir sans pilules est toujours suspect pour les gens comme moi qui savent trop bien que tout a un prix et que la gratuité est un piège à cons."

San Antonio "Al Capote"

Par Foucauld

Comments (0)

Hitler et Kurt Cobain savaient écrire…

Friday, December 4, 2009

WoodyAllen_Viande01

Je suis tombé ce matin sur un blog terrible : Letters of Note. Il présente une foule de lettres manuscrites ou tapées, écrites et paraphées par des personnalités et grands (bons ou mauvais) de ce monde. Ce qui est confondant c’est de voir que tout y est, sans distinction, si ce n’est celle de l’écriture. Mat Groening raconte des banalités à un certain Jeff, Hitler autorise l’euthanasie des bébés jugés « non conformes », Kurt Cobain écrit son admiration à William Burroughs, trois adolescentes supplient le président Eisenhower de dispenser Elvis Presley de la traditionnelle tonte des G.I… Quand à notre tour nous serons devenus astronautes, chanteurs de rock ou écrivains, peut-être que nos petits-enfants feront de même avec nos e-mails ou sms…

Par Foucauld

Lettersofnote_MattGroening01
Matt Groening déclarant que "Krusty the clow is God"

Lettersofnote_Hitler01
Hitler n'aime pas trop qu'on lui ressemble…

Lettersofnote_Cobain01
En revanche Kurt Cobain aime bien Burroughs (pas moi)…

Lettersofnote_Elvis01
Eisenhower se voit mal porter la banane…

Lettersofnote_McCain01 

John McCain fait des blagues pas drôles…

PS 1 : En bonus pour les publicitaires, une lettre de Bill Bernbach (le B de DDB) qui, lui aussi, aidait les politiciens à se faire élire…

PS 2 : je dédicace la photo de Woody Allen à Lise de B.

Comments (0)