Un sexagénaire en trench-coat sort du restaurant. Pas d’écharpe mais une cravate blanche sur une chemise noire dont les pourtours du col sont brodés de fil blanc. Ses lunettes fumées lui donnent l’air d’une sorte de Michou sobre, mais la femme à son bras n’a pas l’air franchement fofolle…
Dans un petit studio du Marais on fête l’installation des bureaux de L’impeccable, un team créatif chouette de jour comme de nuit, et même le week-end. Entre les deux ordinateurs, une cave à cigares. Les verres de Nikka s’entrechoquent tandis que Booba crache le futur dans les enceintes saturées.
Charles Fréger a traversé l’Europe pour nous ramener un livre. Wilder Mann vient de paraître aux éditions Thames & Hudson. Deux grandes années auront été nécessaires pour réunir ce mélange d’ethnographie et de mode, où les hommes deviennent bêtes, jettent leur nom par terre et abandonnent toute forme d’identité. Un travail remarquable et comme le monsieur le dit sur son site : Go and get it.
Si en ce moment je me lèche le doigt, ce n’est pas pour mieux tourner les pages à l’aide d’une technique colporteuse de microbes, mais parce qu’un feuillet pernicieux en a incisé la peau, ouvrant le cuir trop fin de mes mains. Un comble pour quelqu’un qui voulait se plonger dans le Leather Issue d’Exhibition.
Il y a un an, Edwin Sberro, Gaël Hugo et Boris Ovini nous avaient laissé avec les Lipsticks. Je revois la couverture, mais du rouge, aujourd’hui, je l’associe aux ongles vernis. J’en visualise un, plutôt long, courant le long d’une échine frémissante, dans un sens puis dans l’autre, comme on dessine sur du nubuck. Puis le jeu lasse, et l’on passe à d’autres cuirs. Grainé, glacé, pleine fleur ou vernis, chiné en friperie, percé comme un lobe, ou délicieusement fétichiste. Je pense aussi à la rétrospective d’Alexander McQueen au MET, à un cuir éternel retour aux sources, cuirasse idéale pour nous, mammifères sadiques que l’évolution a laissé roses et nus.
Ce cuir un peu écœurant à l’arrière des berlines, grinçant quand il est de mauvaise qualité, conteur d’histoires sur une paire de boots couturées… Plus tard dans la nuit, il enserre des muscles bandés, souligne des seins aux tétons dressés, mais au commencement il y a la matière. Il y a également l’artisan. Ceux d’Hermès ont confié leurs outils à l’objectif de Guido Mocafico.
Malgré la présence d’un texte sur Serge Lutens ou un entretien avec Olivier Saillard, Exhibition est avant tout un magazine pour l’image.
Cette révérence faites à l’image appelle un objet de grande taille et une impression irréprochable : un travail précis, qui commande le rythme de parution, annuel, et qui tranche avec la frénésie de la toile. Ces objets nous offrent du temps, le temps qu’il faut pour en jouir : aller les chercher, les transporter, les laisser reposer. Ensuite, un peu plus tard, il s’agit de trouver l’espace pour laisser se déployer ces deux grande ailes de 44 cm sur 33.
La pièce est extraite de son coffret, on la positionne, on l’ouvre et on y saute à pieds joints. On y croise Willy Vanderperre, Roxane Mesquida, Solve Sunsbo, Boris Ovini, entre autres. Les pages coulent, comme la substance noire de la série de Suzie Q et Léo Siboni, on traverse le tout et on se dit, sourire en coin, qu’internet est une des plus belles choses qui soit arrivée aux magazines.
La Conjuration
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(Exhibition est disponible chez Colette, en édition limitée)
« Ce sont viscéralement des nostalgiques d’un monde qui n’a jamais existé, d’un panache fantasmé, d’amour exalté et d’une quête de liberté impossible. Ils ont en eux une mélancolie qui les pousse à se lancer dans les combats perdus d’avance, les batailles inutiles, les amitiés frauduleuses enfin ils ont le farouche désir de gaspiller leur vie, de consumer leur talent et qu’il explose à la face du monde avec fracas. »
J’ai dégotté ce passage dans « Qui sont les hussards ? », un article de Thomas Morales paru dans le Service Littéraire de cet été. Les combats ne sont perdus d’avance que pour ceux qui ont déjà combattu. Passion sort mercredi 19 : venez transformer mes illusions en essais, c’est à 19h chez Dominique F, un sympathique troquet du 23 rue Danielle Casanova, dans le Ier arrondissement. L’établissement a obtenu la coupe du meilleur pot et les pintes sont à 5€, ce qui permet de mal finir, sans se priver d’acheter la revue… L’event.
La Conjuration est notre enfant. Elle a trois ans et ses parents en sont fiers. Cependant, elle m’a tant appris que, parfois, je me demande si ce n’est pas moi qui suis son fils.
La Conjuration va avoir un demi-frère, un fanzine prénommé PASSION. Il ne verra le jour que le 13 Octobre mais lui aussi m’a déjà beaucoup enseigné. Sommes-nous les enfants de nos productions ?
Pour vous tenir au courant, de la naissance, de la santé de bébé ou de la grosse fête de baptême, devenez fan de PASSION. Et puis c’est aussi mon anniversaire, vous ne pouvez pas me refuser ça !
"Une ville debout (…) pas baisante du tout, raide à faire peur"… Pourtant je craque, j'y retourne… New York City, troisième séjour en moins de trois ans. "Ah Ferdinand… tant que vous vivrez, vous irez entre les jambes des femmes demander le secret du monde !"… Tel est mon rapport à cette ville. J'ai lu Céline, mais pas encore intégralement… J'ai vu New York, sans tout y voir… Alors il faut s'y replonger, il y a toujours quelque chose à découvrir, comme "l'Eglise" dont j'ignorais l'existence. Commande passée, billet pris, la démarche est la même ! A l'assaut !
Enfin, foutre le camp. Exil quasi complet où j'exclurai jusqu’au moindre transistor. Dédaigner tout vêtement, se sustenter de melons et de caillettes, les faire glisser au Château La Canorgue… Mon cerveau n’aura plus à faire l’effort de rêver, le coma dans lequel le plongera le marc local avortera toute insomnie.
Dernier sursaut avant fermeture des stores : réécouter l’admirable « Présence Humaine » album de Houellebecq enregistré avec A.S Dragon, en attendant « La carte et le territoire », son nouveau roman qui sortira en septembre ; un mois encore lointain…
Dès 2006, Emerica lançait son « Wild Ride » et faisait enfourcher de grosses bécanes à sa clique de pro-skateurs pour promouvoir leur collection de souliers, de park en park, à travers les États-Unis. Nous connaissions également le légendaire Max Schaaf et son atelier de custom' 4Q Conditioning. Plus tard, ce furent Leo Romero et Heath Kirchart qui conduisaient à une vitesse légale le nouveau Sportster de Harley Davidson, buvant des canettes sans marques et jouant au billard avec des mannequins aux cerveaux absents. Récemment, il y eut le Doin’ it Baja, trip mexicain diffusé sur Vice.tv, et je dois oublier bien des cas similaires.
Ce lien entre bécane et planche à roulettes ne pouvait indéfiniment rester inconnu du New York Times. L’invasion des tatouages, barbes, cheveux longs et jeans étriqués chez les skateurs a bien évidemment aidé ce rapprochement, mais pas seulement. On retrouve chez les deux parties une même obsession de la liberté, une imagerie forte, et surtout ce goût du minimalisme : rien que ma planche/moto et le monde s’ouvre à moi. Un article très intéressant, donc, et des liens qui valent le coup d’être mirés.
Une fois n'est pas coutume, je me sers de La Conjuration pour vous demander votre aide. En effet, je suis à la recherche d'un appartement à louer à Paris, rive droite, si possible dans les arrondissements Est et Nord-Est (11e, 10e, 18e, 20e, 12e…).
J'ai besoin d'un 3 pièces (2 chambres + salon) pour un budget, charges comprises, inférieur à 1200€.
Si vous pouvez me venir en aide, merci de me contacter à l'adresse suivante : fd (at) laconjuration (dot) com