Vicky Cristina Barcelona
Sunday, October 12, 2008
Je reviens tout juste du cinéma où je suis allé voir « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen. La première chose qui m’a frappé est la rapidité à laquelle les éléments s’enchaînent. En nous infligeant ceci, Woody Allen nous ôtes une partie du plaisir. Comme dans Match Point, « un film où il y a de belles chemises », lorsque l’on mire un de ses films, on aime s’imprégner de l’univers dans lequel évoluent les personnages : belles demeures, vestes de tweed, névroses contemporaines et littérature russe. Ici c’est zéro ! Puisque le film se déroule à Barcelone, on voudrait saliver devant les tapas, s’imaginer les pieds dans l’eau d’un bassin antique ou clope au bec, couvrant une toile de larges traînées d’ocres. Mais non ! nous devons ingurgiter des éléments prévisibles à la vitesse d’un cabriolet Alfa Roméo (que l’on a à peine le temps de contempler).
Un détail qui me choque dans les derniers Woody Allen c’est la façon dont les protagonistes boivent du vin. Vicky et Cristina tiennent dans leurs jolies mimines de larges verres de dégustation et avalent leurs gorgées de jaja sans considérations pour les tanins du produit, avec l’impression d’ingurgiter de l’intelect européen au litre. Coudes sur la table, elles font tourner leur verres avec la maniaquerie que l’on dispense en arrachant l’étiquette d’une bouteille de coca lors d’un rendez-vous au bistrot et justifient leur faits et gestes par la redondance de cette phrase : « ça doit être le vin ».
En résumé, ce film est un peu comme un traiteur italien. Ni tout à fait fast-food, ni tout à fait restaurant. Les produits sont bons et conformes aux traditions que l’on associe au pays, mais le fait de les consommer dans une barquette ôte toute la partie émotionnelle propre à un univers (l’Italie, ses ruelles, son cagnard et ses êtres tapageurs)et qui décuple le plaisir dû à un produit. C’est un plat/film pour dimanche après-midi, ni décevant, ni satisfaisant. Un entre-deux que l’on souhaite venger en sortant. Et puisque la vengeance est un plat qui se mange froid, j’ouvre une bouteille de Château Malagar parfaitement réfrigérée. À ta santé Woody !
Par Foucauld
(Photo : Eric Antoine)
Ce que j’en pense? J’ai l’impression d’avoir vu le film.
On en reparlera.
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