Place d’Italie blues
Wednesday, October 22, 2008
Hier, La Conjuration quittait le 75011 (n’ai aucun doute sur l’département !) pour une tour du XIIIe arrondissement. Elle était invitée à une sauterie au concept délicieusement régressif : ces dames étaient chargées d’apporter pitance, pendant que ces messieurs s’occupaient des boissons frelatées. Un brin féministe, les gerces refusèrent de se plier à la consigne et arrivèrent les mains vides (alors que les mâles avaient joué le jeu). Du coup, nous dûmes faire la quête pour vider le rayon pizza du Monop’ d’en bas. Passons ces détails administratifs et concentrons nous sur le lieu. Décoré de beige, l’appartement abrite des bibliothèques dont les rayonnages regorgent de livres, avec une prédominance pour ceux de la NRF. Leurs couvertures rappellent les tons de la moquette et la qualité de leurs titres rend ce voisinage délicieux. Ajoutez à cela une collection de vinyles du tonnerre et l’alchimie devient parfaite. Des inédits de Stevie Wonder rythmèrent nos premières discussions. Nous évoquâmes le projet de chroniquer les différents kebabs de Berlin-Est tandis qu’Arnaud se réjouissait d’avoir retrouvé un chandail de sport d’hiver à motif de rennes. Comme j’ennuyais mes camarades en leur parlant de la typo Banco déformée du logo de Trasher, ils me resservirent de bordeaux et nous embrayâmes sur Samuel Benchetrit. Certains l’encensaient pour son dernier film, d’autres souhaitaient sa mort. Nous convînmes qu’il serait drôle de créer un prix à son nom puis nous déversâmes notre fiel sur une pizza au thon.
L’un des secret de l’appartement réside dans les chiottes : une collection complète et triée par date du magazine Elle. Que peut-on rêver de mieux comme littérature de trône ?
L’emmerdant des soirées du mardi, ce sont les obligations du lendemain. À cause de ces putes, j’ai dû quitter cette maison du bonheur sur le coup de deux heures. Dans la cahute du Noctilien, j’attends le passage du bus qui me ramènera au bled. C’est fou comme Paris peut être insensible Place d’Italie, avec ses pavés où se pressent des voitures qui n’en sont pas. On voudrait de la vie et des voitures qu’on envie, des 404 ou des 203, des bolides Aston Martin ou ne serait-ce qu’une 2CV. Que voulez-vous que je fasse d’un balai de Twingo ? Le bus arrive et je note cette phrase. Je n’aurais pas dû quitter la maison du bonheur.
Par Foucauld
(Photo : Alec Soth)
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