Booba : 0.9
Monday, November 24, 2008Ça y est, c’est le grand jour… Après trois années d’attente, le nouveau Booba est arrivé. Cela fait bizarre de l’avoir enfin entre les mains. La jaquette est immonde malgré une surimpression honorable mais je n’en ai rien à foutre. Chez moi la musique est dématérialisée et c’est uniquement en MP3 que j’écouterai 0.9. L’intro esquisse un sous-sol, les murs suintent pendant que Booba distille sa cocaïne à grand renfort de bicarbonate de soude. Les chœurs de « Izi Monnaie » traduisent le miracle qui s’opère. « L’argent fait le bonheur, j’en reste convaincu », dans ce décors illicite, le Duc réaffirme ses valeurs, qu’on ne le prenne pas pour un rigolo malgré tout ce que ses textes vont induire de sensible. Seulement, Booba n’est plus le même. Il prend de la bouteille et le dit lui même : « J’dois prendre le large, négro, je prend de l’âge ». Après le jeune loup de « Temps Mort » Panthéon brossait le tableau de sa richesse naissante et précédait « Ouest Side » qui en était le point culminant. Toutes ces liasses n’apaisent pas pour autant ce cher Monsieur Yaffa : « On n’ma jamais dit ce que j’allais devenir, que mes démons fuiraient, mais qu’ils allaient revenir ». Comme s’il regrettait de nous confier ses états d’âme, il se barricade avec son crew: « 92i apprend à frapper l’ennemi jusqu’à ce que tes phalanges saignent ». Protégé, il ne parvient pas pour autant à s’endormir sur son matelas de billet. « Je tourne en rond, je roule en ture-voi pour trouver l’sommeil ». On l’imagine alors ruminer sur « Illégal », mirer les hauteurs de Saint Cloud en garant sa Bentley sur le Pont de Sèvres, se dire « J’ai accompli mes rêves de G.O.S.S.E ». Cet aveu fait rappliquer les jaloux, ces pathétiques roquets. Ils sont si ridicules que Booba ne daigne même pas hausser le ton. Il leur assène « Calmez vous, j’arrête bientôt le rap, je vous le garantis » et revient à des considérations plus hautes dans « Salade Tomates Oignons ». La mort peut surgir à chaque instant malgré son gilet pare-balles. Booba a fait beaucoup de mal, il sait qu’il ira en enfer, il ne lui reste plus qu’à « Prier pour que les rivières du Styx se refroidissent » et attendre la faucheuse en restant du côté des valeurs établies : « Salade, tomates, oignons à vie c’est de plus en plus sur ». Le problème chez Booba, ce n’est pas lui mais les autres, les rageux. Ils sont si nombreux que Booba doit s’en charger « plein de haine comme les rayures sur ma portière ». « Soldat » fidèle au loi de la guerre, il attend du respect de la part de son adversaire : « Quand tu frappes regardes moi dans les yeux ». Un sens de l’honneur que l’on retrouve également dans « Game Over» : « J’arrêterai quand il le faut, je ne ferais pas l’album de trop ». Finalement, ce qui torture Booba c’est ce mal être alors qu’il n’y a « Rien A Signaler ». Il devrait se foutre de tout puisqu’il est intouchable, ne crois qu’en lui-même et assume tout ce qu’il a fait et fera : « Nouveau riche je n’ai jamais eu honte, j’ai pleuré de la fonte / rendez-vous en Suisse, bâtard, si tu veux m’régler mon compte », pour le moment « J’assure mes arrières, protège mes intérêts ». 0.9 nous montre qu’en fin de compte il n’y a que Booba qui ai vraiment compté en cette première décennie du troisième millénaire. Ses détracteurs ne le critiquent qu’au premier abord. Ils sont simplement déroutés par les pirouettes avant-gardistes du Duc. Le vocoder, cette horreur ? Ne crache pas dessus ducon, dans six mois tu n’utiliseras plus que ça dans tes prods de tard-ba.
Par Foucauld
C’est drôle, plus j’essaie de comprendre et plus son univers et ses mantras me laissent perplexes. Autant la littérature permet d’appréhender des réalités distantes du vécu individuel, autant le rap pratiqué par Booba s’accroche à des références sibyllines. Ça fait vraiment musique de niche et quand j’écoute Illegal je me dis que vraiment, il faut arrêter de pratiquer l’humour au 15ème degré et avouer que c’est juste nul.
perplexe*
Elise, un mec qui est capable d’inventer des phases du type “MC je t’encule en chantant do ré mi fa sol la so do mi”,”Mes baskets sentent la schnecks, trop de putes à mes pieds”, ou encore faire des comparaisons folles qui incluent un singe bonobo, ne peut pas faire des trucs “justes nuls”. Il faut se rendre à l’évidence, c’est “juste génial”, c’est la littérature du futur à traver la poésie de la rue. Très bon post, sisi.
j’ajouterais simplement la superbe allitération :
“quand ya plus d’chattes et qu’l'effet du shit chute”
Le seul article que j’ai lu qui est à la hauteur de l’album.
Bon allez je retourne me l’écouter j’ai pas chialé depuis 92 minutes.
Elise, Si tu captes pas Illègal c’est juste que t’es pas équiper pour. Et puis la lourdeur de ton commentaire me fait dire qu’il faut arrêter de pratiquer l’humour au 15ème degré et avouer que c’est juste nul.
Ce qui m’agresse dans cette lecture, c’est de savoir que c’est un bolosse qui l’a écrit et on en croirait limite qu’il rêverait être une racaille.
Mais bon c’est pas le seul. C’est devenu de plus en plus fréquent, depuis cette pseudo mode sur le Hip-Hop comme on a pu le voir avec le Rock, on voit cette bourgeoisie venir se branler sur les mêmes personnes qui les font changer de trottoir quand ils les aperçoivent.
Je trouve l’analyse de l’album vraiment médiocre. (Reprendre des phases et leur donner un sens alors que c’est principalement un exercice de style) Parce contre, je suis vraiment d’accord sur le dernier point parce que Booba fait avancer le rap en France à travers cet album comme pour les précedents. (Tout le monde kiffait le south en France après boulbi). Si vous avez aimé les premiers Booba, acheté celui là et écoutez le un bon moment. (Si vous regrettez Lunatic, ouvrez les yeux, le vrai rap c’est ca aujourd’hui) PS: Quand il y a un tel succès, on dit pas c’est nul, on dit jkiff pas, Peace
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Foucauld Arnaud