Le dernier voyage de Maryse Lucas
Saturday, January 3, 2009Après mon article, Artus nous a invité à la projection du court-métrage qu’il a réalisé en l’honneur de sa mère : « Le dernier voyage de Maryse Lucas ». À l’Elysée Biarritz, ce cinéma du VIIIe arrondissement où est projeté le film, je suis assis à côté d’une autre mère, fictive cette fois-ci : celle de Romain Duris dans L’Auberge Espagnole/Les Poupées Russes. Le film commence. Artus et son pote David Ledoux partent de Paris. Le premier est en fixie, l’autre en Vélib. Ils roulent en riant, chapardent dans les étalages, crient leur joie de voyager et de s’embarquer dans une nouvelle aventure. « Gainsbourg et son Gainsborough vont rejoindre Paris. » Ici c’est plutôt « Artus et son urne vont quitter Paname ». En effet, le but de ce voyage est de ramener les cendres de Maryse Lucas sur sa terre natale afin de les disperser. C’est l’occasion pour Artus de retrouver ceux qui ont accompagné sa mère dans ses derniers instants.Voisine ou camarades de comptoir, Artus leur pose des questions sur sa mère, leurs impressions, ce qu’ils conserveront d’elle dans leurs mémoire. Il s’attend à des récits et des détails palpitants de la vie de cette hippie globe trotteuse mais se retrouve confronté au mutisme et aux répétitions. Les « proches » de Maryse n’ont gardé que l’image d’une alcoolique carburant à la Suze et exposant son corps usé et piercé au soleil, faisant fi de toute pudeur. Artus souffre de l’incompréhension de ces gens. David le raisonne. Il est normal que ces vieillards qui ne connaissent que le triangle qui va du comptoir du PMU à leur lit en passant par leurs champs ne puissent voir autre chose qu’une poivrote pittoresque chez cette femme. Au moment de la dispersion des cendres dans une rivière les « amis » de Maryse sont présents, en ligne sur un pont. Artus est en retrait. Il se recueille puis dessine un visage souriant sur l’urne, avant de disperser son contenu puis de la jeter dans un courant. Cet adieu symbolique semble l’apaiser. Il est artiste comme le fut sa mère. Son sang coule dans ses veines. Un sang différent de celui des autres. Un sang d’artiste. Un sang qui est le sel de la Terre.
Par Foucauld
« Le dernier voyage de Maryse Lucas » est sélectionné pour la compétition du festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand, du 30 janvier au 7 février 2009.
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