Des Hautes Etudes Commerciales

Monday, February 9, 2009

Michele_Abeles_05

Samedi, le Grand Quentin et moi devions témoigner de notre amitié à Arnaud et Simon qui mixaient au Gala d'HEC. Endimanchés comme des cousins de province (cravate en tricot lie de vin et costume de velours élimé) nous y allions avec des pieds de plombs, juste pour soutenir les potes. Grand bien nous a pris ! Au premier coup d'oeil, cela ressemble à un rallye en plus âgé. Les filles sont en robes de soirées, les messieurs sont cravatés de rouge ou en smoking. Cheveux longs et barbes de trois jours, blondinet rejeton d'ambassadeur, libanais, chinois, fils à papa, catho de service, chauves plus que précoces, futurs ministres… : le foyer de l'élite commerciale est une cour des miracles dont j'envie peu la fréquentation mais il a le mérite d’être amusant pour un soir. À chaque détour de couloir, derrière chaque porte ou dissimulé derrière quelques boiseries, c'est l'hallucination. Bien que nous sommes à Paris, c'est mieux que Disneyland : c'est Disneyworld ! Tout condensé ! Le grand barouf ! Des attractions humaines pour lesquelles il n'y a même pas besoin de faire la queue ! Sous couvert de gestes amoureux, mademoiselle vérifie l'étoffe de la chemise de son époux d'un soir. La popeline est-elle souple et douce ? Rugueuse et boulochée ? Est-il un bon parti ? King Size ou sommier qui grince ? Monsieur est plus simple. Il vérifie le physique, pas l'étoffe. En revanche, il agit en pleine lumière. Il montre à ses potes, fait profiter, soumet sa proie à leurs jugements alcoolisés. Nous dansons. Lapdance, booty, déchaînés les cocos !
À 3h58 heures du matin, un vigile indique aux disc-jockeys qu'ils n'ont plus que 4 minutes de set. Vite, je me rue sur le bar pour buter mon dernier ticket-conso. Refus catégorique :
- "Désolé monsieur, je n'ai plus le droit de servir d'alcool depuis une demi-heure. Il me reste du Perrier si vous voulez."
- "Pouah ! Peste soit des lois, je préfère laisser ma langue se réduire en poussière plutôt que de boire cette ignominie !"
Le Grand m'appuie. D'une glissade sur le parquet, nous sommes dans une autre pièce, face à un autre bar. La serveuse est tellement bourrée qu'elle en a oublié le règlement. Hosanna !
- "En revanche, il ne reste plus de whisky."
- "Alors quoi ?"
- "Et bien j'ai de l'absinthe…"
- "Allons-y, je ne veux pas me coucher idiot."
- "30° ou 70° ?"
- "Boaf, allons y pour le 70°, je confondrais le salon marqueté avec l'Assommoir ! Et ça se coupe avec quoi ?"
- "Le Coca c'est ce qu'il y a de mieux, vous pouvez m'croire."
Allons-y bibiche, moit'-moit' direct droite ! Me voila avec un verre à moutarde d'absinthe. Première gorgée. ça se boit, deuxième, troisième… Le cerveau est touché. Mon débit verbal s'accentue d'un coup. C'est fou ce que je raconte. j'invente, encense, critique, commente. Mes amis hallucinent, me prient de me taire, ont peur des réactions, pensent qu'on nous en veux. Rien n'y fait ! Je continue à créer dans le vent. J'aurais du noter mais j'étais trop occupé à parler, ça bouffait toutes mon energie. N'empêche, tu m'étonnes qu'avec l'absinthe Zola te pondait les Rougon-Macquart ! Easy le pissage de copie ! Les doigts dans le nez la postérité littéraire !
Foutus à la porte pour cause de fermeture, j'embarque mon verres avec moi, fait des paris stupide dont je ne connais plus la teneur, gagne ainsi "plusieurs centaines d'euros" dont je doute de voir la couleur un jour. Après un after embrumé, je choppe un Vélib back to the hood. Le problème ? Plus de place nulle part. Peu importe, je cruise et vérifie mes terres du 75011. Après une demi heure, je trouve enfin un emplacement. Je freine avec les pieds. Les fers de mes boots font des étincelles. Le 75011 a de la chance d’avoir un gardien comme moi !

Par Foucauld

(Photo : Michele Abeles)

e. on 02/09/09

Ahahahahahahahaha

simon on 02/09/09

Ahahhahaaa…
c’est trop bien écrit pour une soirée aussi miteuse ! :)

ali on 02/12/09

comme quoi mon poulet un bon pikolon éxécif aporte plus qu’un branlon sur le net

Donatien on 02/12/09

Très sympa ton récit l’ami ! N’hésite pas a frapper à ma porte du 75011

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