S’abaisser jusqu’à s’asseoir…
Wednesday, April 14, 2010En passant place de l'Europe, je me suis demandé ce qu'une femme d'un certain âge faisait à genoux derrière son labrador sable, une large feuille de papier journal dépliée devant elle. Quelques pas supplémentaires m'apportèrent la réponse. Elle attendait que son fidèle ami canin défèque, pour emballer son œuvre. J'ai alors repensé au "Basse Fosse" de Pierre Desproges. Lors du spectacle, il s'adressait au public, le jugeant grotesque d'être là, assis, car peu d'animaux s'abaissent jusqu'à s'asseoir.
"A part le chat et le chien, créatures stupides qui poussent parfois la veulerie jusqu'à tolérer dans leur sillage des employés de banque dont ils lèchent la main, quand ce n'est pas la concubine, peu d'animaux, je le répète, s'abaissent jusqu'à s'asseoir. Et encore, on dit : le chien, mais le chien ne s'assied jamais véritablement, ah non ! Il s'appuie sur ses pattes de devant, dans une position relativement élégante, alors que l'employé de banque, non."
Après avoir accompli son œuvre, le labrador s'est mis à gratter le bitume comme s'il s'agissait de terre, afin de dissimuler les rejets de son organisme. Pauvre bête. J'aurais aimé l'enlever à ce bitume qu'une mégère l'oblige à fouler, et lui offrir les marais que réclament ses pattes palmées et son poil imperméable.
Par Foucauld
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