Le Jamais Content

Friday, July 29, 2011

Conjuration_Cafe_Smiley

Dans la salle du bar-tabac de la Rue des Martyrs… j’ignore si le hasard d’une averse m’a conduit à celui de la chanson, mais dans tous les cas, quelques coups de pinceau et seaux d’eau de Javel semblent être passés par là.
Pas de « filles de nuit qui attendent le jour », ni « d’ivrognes qui s’épanchent au bar » Quelques petites vieilles font comme moi, elles patientent jusqu’à la fin de l’ondée. Je n’ai pas « l’ombre d’une vie passée, d’une femme, de décombres » à oublier, mais j’ai la curieuse impression d’être de retour au lycée : un café allongé et le coude sur le zinc, bien appuyé pour gribouiller sur un cahier à spirale. Je faisais mes devoirs, il n’y a pas si longtemps ; quelle différence avec un métier ? La buraliste asiatique vend du tabac à chiquer et son pendant masculin me réclame un euro vingt pour du jus de chaussettes que je n’ai pas encore touché. Dans la mousse châtain, trois trous s’élargissent et se meuvent comme des nuages. Leur agencement forme un smiley. Je ne me sens pas très viril à le prendre ainsi en photo, mais tant pis.
La pluie s’estompe et je prends le risque de sauter entre les flaques. Il me faut trouver un cadeau pour un grand garçon de quatre ans.
Dans les Histoires du Père Castor, je tombe sur « Le Jamais Content » et l’achète, autant pour lui que pour moi. Il s’agit d’un poussin qui vient continuellement réclamer à Dame Nature ce qu’il ne possède pas : pattes palmées, bec de canard, poils de loutre, etc… Lassée par les jérémiades d’un beau poulet devenu immonde hybride, elle le condamne à fuir, à se cacher dans le terrier qu’il se creusera… Rejeté par ses anciens pairs, il s’ennuie et retourne timidement voir Dame Nature qui devance son dernier vœu en lui présentant Toujours Contente… Ainsi sont peut-être nés les ornithorynques, que l’on n’entend jamais se plaindre…

Par Foucauld

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