Prendre l’Eurostar en marche…
Monday, February 1, 2010Je n'ai jamais su profiter de l'ivresse qui précède les voyages. J'appartiens à une race d’hommes qui attrape les trains en marche et ne prépare pas ses périples ; si jamais je possède un plan, je ne l'ouvre que lorsque l'avion amorce sa descente ou que le train entre en gare.
Prendre l'Eurostar c'est comme passer au pédiluve avant d'entrer dans le grand bain. Plus qu'on ne se débarrasse de ses microbes, on s'acclimate. Même cela je ne sais pas le faire, comme si un invisible imperméable me protégeait de la douche.
Je n’entre dans les gares que suant sous mes cashmeres, portant ma valise dont je ne supporte pas la lenteur des roulettes, remontant mes lunettes qui glissent sur mon nez, tout en agrippant passeport et billet.
Je n’ai pas le temps d’apprécier la qualité des réclames Comme Des Garçons Shirt, inexistantes à Paris. L’embarquement de l’Eurostar est l’antichambre de la suprématie anglaise en matière de goûts vestimentaires.
Une fois dans le train, mon entourage est davantage constitué d’anglais rentrant au bercail que de français tapageurs, heureux d’aller se faire péter la ruche dans quelques Ministry of Sound. Leur langue m’isole et me permet de courir par écrit après cette excitation que je n’ai pas connue en prenant le temps. Je me souviens et griffonne :
Je suis allé à Londres une fois. J’étais boutonneux, perdu dans une veste de treillis trop grande et les pieds humides dans des Converses éventrées. J’écoutais les Libertines dans un discman Philips et j’étais puceau d’infini. Une masse informe et molle qui croyait se protéger à coups de certitudes. Un monceau de bêtise noyé dans un excès de sébum. Puisse Her Majesty the Queen me laisser une nouvelle chance avec ce périple…
Par Foucauld
(Photo : Cat Power par Jason Nocito)
No comments yet, be the first!
You must be logged in to post a comment.